Ce
From Beyond de Massacre, je le traîne dans mes "chroniques en attente" depuis maintenant plus de deux ans. Tout était pourtant prêt en cinq minutes, l’artwork récupéré sur fanart.tv, le tracklisting, la durée, la date de sortie, le label et le line-up piochés sur Metal Archives... Bref, seul manquait l’essentiel pour pouvoir la publier : un texte structuré détaillant le contexte et pourquoi cet album constitue encore aujourd’hui l’un des incontournables de la scène américaine du début des années 90. C’est désormais chose faite même si à vrai dire je n’avais pas prévu de vous en parler tout de suite. En effet, c’est la récente chronique de
Back From Beyond qui m’a servi de piqûre de rappel. Car oui, il aurait quand même été dommage que le seul album de Massacre présent sur Thrashocore soit celui qui ne fasse pas un semblant d’unanimité.
Formé en 1984 à Tampa, Floride, Massacre n’a jamais eu ce que l’on peut appeler une carrière tranquille puisqu’il enchainera les séparations/hiatus, les changements de personnels et même les changements de noms. Si les premiers mois furent placés sous le signe d’un Heavy/Speed essentiellement sur fond de reprises, le groupe changera rapidement de bord avec l’arrivée dans ses rangs d’un certain Kam Lee (transfuge de Mantas (pré-Death) considéré encore aujourd’hui comme le premier growler de l’histoire du Death Metal). Entre 1986 et 1990 et malgré un break de plusieurs mois qui aura vu les départs successifs d’Allen West pour Xecutioner (pré-Obituary) mais également ceux de Rick Rozz, Terry Buttler et Bill Andrews partis rejoindre Death le temps d’enregistrer
Leprosy (sauf pour Terry Butler) et
Spiritual Healing (sauf pour Rick Rozz), le groupe réussira quand même à sortir quatre démos avant de taper dans l’oeil de Digby Pearson qui poussera le groupe à se reformer et leur offrira dans la foulée un deal avec Earache Records pour la sortie de
From Beyond.
Illustré par un Ed Repka inspiré qui signera ici l’une de ses oeuvres les plus emblématiques de la scène Death Metal (ex-aequo avec celle de
Leprosy en ce qui me concerne), ce premier album sorti en juillet 1991 ne fait pas exception aux standards de l’époque puisqu’il a été enregistré au Morrisound Studio en compagnie de Scott Burns mais sous la houlette du célèbre producteur anglais Colin Richardson. Une différence de taille puisque ce premier album, loin des réalisations souvent très (trop) denses de l’inévitable Scott Burns, va bénéficier d’un son beaucoup plus incisif et limpide que nombre de ses contemporains (Napalm Death, Cannibal Corpse, Malevolent Creation...).
Sorti en pleine déferlante Death Metal,
From Beyond n’a bien évidemment pas tout à fait le même statut ni la même aura que les premiers albums d’Atheist, Death, Obituary, Cannibal Corpse, Morbid Angel ou Deicide (pour rester en Floride). Pour autant, il reste encore aujourd’hui un album extrêmement solide, en grande partie parce qu’il se veut très représentatif de ce qu’était le genre à l’époque. Ainsi largement aidé par une production soignée qui, on l’a vu, aura permis à Massacre de tirer son épingle du jeu,
From Beyond va mettre l’emphase sur le riffing affûté d’un Rick Rozz dont le jeu mais surtout le son reste reconnaissable entre mille. Alors effectivement, sans le génie créatif d’un Chuck Schuldiner pour conduire la partition, on sent bien que le riffing de monsieur Rozz n’est pas tout à fait aussi inspiré (par exemple "Biohazard" et "Defeat Remains" que je trouve tous les deux fort sympathiques mais dont certaines séquences semblent parfois un poil génériques) que sur un
Leprosy bien plus mémorable mais pour autant, ce premier album de Massacre (sur lequel on retrouve d’ailleurs trois titres de la démo
Chamber Of Ages) possède quand même son lot de morceaux efficaces et particulièrement bien sentis avec en prime quelques solos dotés d’un réel feeling mélodique. Le premier qui me vient en tête est évidemment le morceau-titre découvert à l’époque sur l’excellente compilation Masters Of Brutality Vol. I mais je pourrais également vous citer "Dawn Of Eternity" et son riffing particulièrement lourd et menaçant, "Cryptic Realms" son tapis de double et son groove vicieux, l’excellent "Chamber Of Ages" dont les plus vieux se souviendront sûrement du clip en noir et blanc diffusé à l’époque sur M6, "Succubus" mené à toute berzingue ou bien encore l’ultra-efficace "Corpsegrinder" (titre dont Chuck Schuldiner a toujours revendiqué la paternité) en guise de conclusion aussi primitive que jouissive. Cette approche plus « rudimentaire » du Death Metal s’entend également dans le jeu de batterie de Bill Andrews largement hérité de la scène Thrash avec ces nombreuses séquences de tchouka-tchouka plus ou moins rapides mais toujours entrainantes. Certes, le bonhomme n’est pas sans apporter un soupçon de brutalité avec ces passages à la double pédale ou ces quelques hammer blasts plus soutenus mais d’une manière général on reste ici sur une dynamique assez thrashisante. Et puis il y a bien entendu Kam Lee et son growl monstrueux venu d’outre-tombe. Une voix qui peut sembler aujourd’hui relativement quelconque mais qui à l’époque a rendu dingue des contingents entiers d’adolescents secoués, que dis-je, terrorisé, par cette voix profonde, bestiale et démoniaque encore rarement entendue à l’époque. Il est ainsi et restera sûrement une influence majeure pour beaucoup de musiciens à travers le monde entier dont à l’époque un certain Barney Greenway qui en fera son modèle vocal avant d’aller faire ses gammes chez Benediction puis Napalm Death et d’en profiter ainsi pour souffler aux oreilles de Digby Pearson tout le bien qu’il pensait des démos de Massacre. On notera néanmoins que si c’est bien son growl qui l’a fait connaître dans le petit monde obscur du Death Metal, le bougre est capable de cris aigus pas loin de pouvoir rivaliser avec ceux de Stace McLaren aka Sheepdog des Canadiens de Razor.
Bref, j’imagine que je ne vous ai pas appris grand chose dans la mesure où tout à probablement déjà été dit au sujet de ce
From Beyond peut-être pas aussi fondamental que les quelques albums des groupes cités un peu plus haut (notamment ceux de Death, Morbid Angel et Obituary) mais pourtant tout à fait inévitable pour qui apprécie ce genre de Death Metal à l’ancienne dénué de tout artifices. Malheureusement pour Massacre, le groupe n’aura pas véritablement le temps d’approfondir la question puisqu’en 1992, après quelques tournées compliquées et la sortie du très bon EP
Inhuman Condition le groupe finira par se séparer à nouveau avant de revenir encore une fois en 1996 avec un nouveau line-up et un nouvel album que je n’ai d’ailleurs jamais écouté mais dont la note de 8% sur Metal Archives ne me donne pas spécialement envie d’essayer... S’il n’y avait donc qu’un seul album de Massacre à retenir ce serait évidemment celui-ci.
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