Morte Incandescente - Vala Comum
Chronique
Morte Incandescente Vala Comum
Depuis quelques années on ne cesse de vanter logiquement le niveau du catalogue de Signal Rex ainsi que celui de la scène Black de son pays, qui conserve une vraie authenticité et une certaine aura bien loin des excès modernes et autres productions boostées aux amphétamines. Si celle-ci a eu droit régulièrement aux honneurs de la rédaction du webzine (principalement via Sakrifiss) MORTE INCANDESCENTE était jusqu’à présent passé hors des radars, malgré son statut de vétéran local avec vingt ans d’ancienneté au compteur. Car depuis ses débuts en 2001 le duo lisboète fait figure de pilier national en multipliant les sorties régulières sous les formats les plus divers, avec une qualité toujours constante et une vision pure et originelle du genre qui sent bon les années 90 et les fjords de Norvège, lorgnant sans souci du côté de GORGOROTH comme des regrettés URGEHAL, tout en y ajoutant une touche occulte et personnelle. Avec ce cinquième opus le binôme ne va rien révolutionner mais juste perpétuer un héritage immortel toujours agréable à écouter, le tout avec une musique relativement sobre et ne cherchant nullement à être démonstrative.
En effet d’entrée avec « Instalação Humana » on est embarqué vers le grand nord et bien loin du climat lusitanien tant l’ambiance y est froide, nihiliste et désespérée via des longs blasts, et surtout par un riff principal coupant et glacial qui donne le ton principal de l’ensemble d’où émerge aussi quelques variations rythmiques bienvenues entre mid-tempo propice au headbanging et de la lenteur rampante à souhait. Proposant tout un panel de jeu du binôme cette compo d’ouverture donne le ton de ce que va être la suite de cet album, sans pour autant être strictement identique (surtout dans sa seconde partie) car pour l’instant ça reste grosso-modo dans le même ton. Car s’enchaînant dans la foulée « Anula-Te » part sur les mêmes bases tout en se faisant plus équilibré et porté sur un supplément de lourdeur, à l’instar de l’efficace « Cerra Os Dentes » où là-encore tout est de sortie même si on aurait aimé que ça se raccourcisse un peu. Néanmoins cela n’est pas rédhibitoire et avec « O Véu » qui s’enchaîne juste derrière les choses vont se densifier pour le mieux tout en se faisant plus rampantes et poisseuses, via un tempo qui s’est sacrément ralenti. D’ailleurs sur « Planeta Parasita » qui clôt les hostilités nulle trace de violence et de haute vitesse car ça reste ici sur un rythme de sénateur, aidé en cela par une ambiance brumeuse et inquiétante aux accents légèrement rétro et dont le rendu est accrocheur et parfait pour terminer cette galette.
Mais avant cela priorité va être donné au décrassage de tympans du fait d’un mode défouloir activé et d’un cerveau mis totalement en sommeil durant quelques minutes, comme cela va être flagrant sur « O Uivo Da Noite » qui renvoie vers le Speed Metal des années 80 entre le rythme hyper élevé, les riffs si agressifs et la voix criarde diabolique. Trouvant le moyen d’être encore plus frontale et dépouillée cette plage réussit parfaitement son travail en prenant à la gorge l’auditeur sans jamais la relâcher et s’inspire totalement des vieux VENOM et BATHORY, tout en y injectant une énergie foudroyante… point qui transparait largement sur le tout aussi radical « A Seia Dos Vermes ». Expéditif au possible et sentant de très loin le Punk le plus crasseux comme la bière chaude bas de gamme à plein nez ce titre balance la purée directement et sans se poser de questions, servant ainsi de gros défouloir dans la fosse et permettant de secouer la tête comme un damné possédé qui appréciera le moment proposé tant les relents du Crust pur et dur sont totalement jouissifs.
Cependant avec le martial et hypnotique « As Luzes Da Cidade » le groupe ose sortir des sentiers battus en essayant d’être plus barré et occulte en y injection une touche psychédélique des années 60-70… mais sans parvenir à transformer l’essai tant ça se montre laborieux au possible, du fait d’une répétition quasiment immédiate et d’une écriture moins inspirée. Néanmoins même si effectivement cette faute de goût est légèrement dommageable il ne faudra pas en tenir rigueur tant le rendu général est largement à la hauteur, et il faut d’ailleurs saluer une certaine audace au milieu de ce classicisme ambiant tout comme le travail régulier sur les voix où les compères jouent allègrement avec leurs différents timbres, afin de densifier ces trente-sept minutes de décapage sonore. Aidé par une production crue et donnant l’impression d’avoir été enregistrée en live (mais tout à fait audible et propre) ce disque sans chercher plus loin que le bout de son nez fait le boulot sérieusement et rend un hommage sincère aux grands anciens du royaume d’Harald V, qui sans grimper vers le niveau de ses aînés a suffisamment d’atouts pour faire passer un moment agréable et sans prise de tête. Il y’a tout à parier en effet que tout cela ravira les puristes du Metal noir les plus exigeants comme les moins connaisseurs… même s’il ne faut pas se leurrer ça ne marquera pas l’histoire du style ni l’année 2021 de son empreinte, et que ça s’oubliera bien vite une fois l’écoute terminée.
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