Hanternoz - Au fleuve de Loire
Chronique
Hanternoz Au fleuve de Loire
Je te l’ai déjà dit mais je radote, tant pis. J’aime bien Antiq. Ce petit label sans prétention a toujours eu le cran de sortir des choses un peu hors des sentiers battus. Parfois moqué, souvent envié, ce label « du bout du monde » offre en outre à l’auditeur avide de belles choses, des produits bien souvent agréables à l’œil autant qu’à l’oreille. Qu’il en soit remercié. Hanternoz appartient à son écurie depuis toujours. Et si ces angevins (sacs à vin !) n’ont jamais produit qu’un seul effort longue durée (Metal kozh), pas forcément inoubliable, ils ont régulièrement arrosé la scène de split et EP d’une qualité supérieure. Le passage au second effort (très) longue durée méritait donc qu’on s’y attarda.
Au fleuve de Loire est long, plus d’une heure, et il est riche. S’il peut paraître difficile de tenir la distance dans un style de BM aux forts relents folk et médiévaux, les 9 titres de près de 9 minutes de moyenne n’ennuient pas. Au contraire, et pour la première fois, Hanternoz accouche d’un album vraiment immersif et, disons-le, enchanteur, au sens féérique du terme.
Déjà la nuit, qu’on dirait tout droit sorti de chez Peste Noire avec ses bruitages de grenouilles, de cours d’eau s’écoulant lentement et de déclamation poétique, introduit bien le propos que les guitares lourdes, mais lentes et progressives, de A cul de grève appuient immédiatement. Le son est chaud, enveloppant et la rythmique s’annonce pour l’essentiel mid-tempo, accentuant les contrastes et surtout l’emphase qui constituera le fil rouge de cet album. L’ampleur de la musique réside ici autant dans le travail des guitares et des instruments anciens que dans les chœurs utilisés pour gonfler la structure d’une aura guerrière bienvenue (Bateliers de Loire par exemple).
Utilisant leur plume particulière pour transposer les légendes du fleuve Loire, le combo angevin poursuit sa volonté de superposer des mélodies folk / médiéval à son BM assez brut, mais sans jamais négliger les arrangements, riches et foisonnants (les bruitages du fleuve sur Déjà la nuit ; la flute sur Ce que le fleuve a pris, combiné aux instruments anciens, sur L’Hanterdro de Languidic aussi ; l’espèce de synthé aux notes robotiques sur Vieille nasse crevée, étrange et attractif). C’est précisément cet aspect brut qui évite l’écueil rencontré par nombre de groupes de folk metal ridicules, qui sombrent dans la mièvrerie aux premières notes de cornemuse (la violence bienfaitrice du Roi René a fait mander, hyper puissante). A cul de grève, Ce que le fleuve a pris, L’Hanterdro de Languidic, Hérons dans ma mémoire ou Vieille nasse crevée illustrent bien cette idée, qui mêlent étroitement la violence propre au style et la ballade dans la France d’antan. Les guitares et la basse sont appuyées, comme les aspects plus médiévaux et sylvestres du combo (par exemple, sur L’Hanterdro de Languidic ou Vieille nasse crevée, où la basse, ronde, s’entend parfaitement).
Le mid-tempo est souvent privilégié. C’est, à mon sens, le bon choix. Ce rythme permet d’entendre clairement tout ce qui se déroule sur la structure, d’en saisir tous les arrangements comme les variations subreptices (Bateliers de Loire, L’Hanterdro de Languidic, Vieille nasse crevée). Parfois, c’est carrément la contemplation qui est privilégiée, comme sur Hérosn dans ma mémoire, où le texte est essentiellement déclamé sur une musique lente et pénétrante. Pour autant, les accélérations sont aussi parfaitement maitrisées : sur Le Roi René a fait mander, le morceau part sur un rythme ultra élevé avant de ralentir magnifiquement dans un pont central mid-tempo du meilleur effet, puis de repartir vers des territoires BM/thrash intéressants. La violence instrumentale constitue le fil rouge du titre, que les respirations régulières accentuent et exposent parfaitement. Les arrangements atmosphériques l’enluminent davantage encore, rendant l’immersion totale. Un titre superbe.
Hanternoz accouche-là d’un album longue durée de belle qualité, qui ne sacrifie ni à la violence propre au BM, ni aux mélodies et aux arrangements propres au folk. Immersif, axé sur les légendes du grand fleuve, Au fleuve de Loire devrait ravir les amateurs de beaux mélanges des genres.
| Raziel 4 Décembre 2021 - 1592 lectures |
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