chargement...

haut de page
Remontez pour accéder au menu
152 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer

Eldritch - El Niño

Chronique

Eldritch El Niño
Dans la famille des vieux briscards du metal progressif, je voudrais Eldritch. Il faut dire que ces Italiens aiguisent leurs outils dans ce registre depuis le début des années 1990. Aux côtés de Fates Warning, Vanden Plas, Angra ou encore Dream Theater, ils en plantaient même les première graines avec Seeds Of Rage (1995) et bouturaient leur propre branche avec Headquake (1997), passé à la postérité comme un album culte. Et c'est sous la forme classique du quintet qu'ils réussissent leurs débuts de la meilleure des manières. En effet, avec les idées folles et la créativité débridée de ses deux compositeurs principaux Eugene Simone (guitare) et Oleg Smirnoff (claviers), le panache de son jeune chanteur Terrence Holler à la tessiture immédiatement reconnaissable ainsi qu'une section rythmique solide comme le chêne centenaire composée de Martin Kyhn (basse) et Adriano Dal Canto (batterie), ces cinq-là n'ont qu'à récolter les fruits de leur travail sur leur troisième full-length El Niño (1998). Forts de l'expérience acquise lors de la réalisation de leur album précédent et de l'acclamation critique qu'il a suscité, Eldritch fait le choix de continuer à rester solide sur ses fondamentaux, avec une approche percutante et efficace, inspirée du thrash américain (Megadeth et Metallica en tête) mélangée à une complexité mélodique directement héritée du courant prog qui grignotait du terrain dans les sorties metal de l'époque.

Ce choix s'avère payant : El Niño condense, peut-être même encore davantage que son grand frère, toutes les qualités que le combo italien avait à offrir à l'époque. « To Be Or Not To Be (God) » résume d'ailleurs à lui seul la qualité et l'efficacité de leur metal progressif. Avec sa rythmique balourde et ses « palm mutes » bas-du-front, on entre par un terrain connu et balisé. Mais Eldritch est capable de nous emmener bien plus loin lorsqu'il laisse exploser sa créativité avec un passage expérimental en contretemps qui vient chambouler tout cet édifice et surprendre son monde. Tous les morceaux de ce troisième full-length sont liés par par cette recherche très spontanée de variété et d'efficacité. D'ailleurs, les Florentins ajoutent au deuxième objectif des éléments qui constitueront l'ossature de leur musique dans le futur, avec ce côté indus qui commençait déjà à les démanger. Dans certaines rythmiques ou encore certaines idées qu'ils avaient déjà dans la phase de composition, ce côté découpé et saccadé apparaît par touches, sans être envahissant (comme il le sera sur un Reverse par exemple) et restera un élément fondamental du combo. Il faut dire que cet aspect de leur musique sonne particulièrement bien, que ce soit dans l'excellente introduction « Fall From Grace » qui plonge ses auditeurs dans le mêlée à l'aide d'une rythmique martiale qui fait office de véritable « banger », ou encore avec la démo « Intoxicated », morceau tellement efficace que je ne comprends toujours pas, vingt-quatre ans plus tard, le choix de ne pas l'avoir retenu dans la version finale. « Scar » fait également ressentir ces influences indus avec sa rythmique binaire qui déroule sa hargne comme un char d'assaut avant de s'envoler dans un refrain céleste porté par le très talentueux vocaliste. Bon, tout de même, les effets du manche que le claviériste Oleg Smirnoff disperse dans tout l'album ne manquent pas de nous rappeler que nous sommes bien dans la décennie 1990.

En effet, à l'image de la ballade un peu dégoulinante « The Last Day Of The Year », de sa production poussiéreuse qui donne une coloration trop mécanique à la caisse claire et à la grosse caisse d'Adriano Dal Canto ou encore de sa pochette violacée qui tutoie les sommets du mauvais goût, cet ensemble a évidemment vieilli... mais sait rester plein de charme. Il en ressort une fraîcheur, une insouciance et une explosivité de tous les instants que peu d'albums de la même époque peuvent se vanter d'atteindre. N'étant limités que par les contraintes d'une production « maison » pas toujours la plus limpide ni la plus qualitative, Eldritch fait à peu près ce qu'il veut. Le combo met sa maîtrise technique au profit d'un metal progressif qui coule de source, bien plus fluide que celui qui habitait l'alambiqué Headquake (1997). De l'excellent « No Direction Home » jusqu'au morceau éponyme qui vient asséner une ligne de basse anthologique, les Italiens font des choix forts en privilégiant systématiquement l'efficacité brute à la démonstration, sans oublier que le deuxième ingrédient offre au premier une plus-value essentiel : en faisant l'effort d'habiller ses compositions de sonorités insouciantes, de soli dévastateurs et de passages expérimentaux, Eldritch scintille et plane sur ces hymnes au côté grandiloquent totalement assumé.

Tout fonctionne tellement sur cet album qu'il s'en dégage une belle arrogance, catalysée par le registre adopté par le chanteur Terrence Holler qui livre ici une véritable masterclass. Que ce soit dans un registre éraillé qui augmente la hargne des passages bourrins ou dans les envolées lyriques qui semblent le laisser à bout de souffle, l'homme dépense une énergie folle pour rendre encore plus emblématiques ces morceaux qui le seraient certainement moins sans lui. Il faut le voir s'époumoner à la manière d'un chanteur de heavy metal des années 1980 dans l'excellent « Bleed Mask Bleed » qui inonde les esgourdes de son clavecin nostalgique, dans le refrain de « From Dusk Till Dawn », culte jusqu'au bout des ongles :

« From dusk till dawn
Living to shine now !
Living to shine
From dusk till dawn
We shine till dawn ! »

… ou dans la magnifique envolée qu'il offre de tout son être à celui de « Nebula Surface », d'une mélodicité et d'une inventivité formidable dans les arpèges de guitare qu'y livre un Eugene Simone presque nonchalant, comme dans ses lignes de chant explosives. Dès que son magnifique refrain contemplatif débute, Eldritch m'emporte dans les étoiles...

« There's a twilight above this entry way...
Let the mirthless epilogue slowly fall
Trusty words when I fall into decay
All my fingers subside I lose control
I lose control... »

… pour ne plus m'en faire descendre. « Heretic Beholder », « To Be Or Not To Be (God) », tous ces instants bénis de la course des Italiens ont le mérite de montrer l'étendue du talent de son vocaliste emblématique qui contribue comme rarement un individu l'a fait à la réussite de leur troisième album. El Niño, fort justement reconnu en son temps comme un chef-d'oeuvre, est bien autant une pierre fondatrice du metal progressif des années 1990 qu'un accomplissement quasiment indépassable pour Eldritch qui peinera, dans la suite de sa longue et fructueuse carrière, à renouveler l'exploit fondamental qu'était la sortie d'un album qui avait le potentiel et les épaules pour mettre tout le monde d'accord.

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Eldritch
Metal progressif
1998 - InsideOut Music
notes
Chroniqueur : 8.5/10
Lecteurs : (1)  9/10
Webzines :   -

plus d'infos sur
Eldritch
Eldritch
Metal progressif - 1991 - Italie
  

tracklist
01.   Fall from Grace  (02:06)
02.   No Direction Home  (07:06)
03.   Heretic Beholder  (05:05)
04.   Scar  (04:27)
05.   Bleed Mask Bleed  (04:38)
06.   The Last Days of the Year  (04:32)
07.   From Dusk till Dawn  (05:38)
08.   To Be or Not to Be (God)  (07:14)
09.   Nebula Surface  (06:05)
10.   El Niño  (05:32)
11.   Dreaming (Yngwie Malmsteen cover)  (05:19)
12.   Intoxicated (Demo 1998)  (03:13)
13.   Sparkling Vision (Demo 1997)  (04:54)
14.   In My Will (Demo 1998)  (02:57)
15.   Unfairy Tale (Demo 1998)  (03:57)
16.   (Dead)icated (Demo 1998)  (04:47)

Durée : 01:17:30

line up
parution
20 Novembre 1998

voir aussi
Eldritch
Eldritch
EΩS

2021 - Scarlet Records
  

Essayez aussi
Vanden Plas
Vanden Plas
The God Thing

1997 - InsideOut Music
  
Threshold
Threshold
Legends Of The Shires

2017 - Nuclear Blast Records
  
Vanden Plas
Vanden Plas
The Ghost Xperiment - Awakening

2019 - Frontiers Records
  
VOLA
VOLA
Witness

2021 - Mascot Records
  
Wolverine
Wolverine
Still

2006 - Candlelight Records
  

Cryptic Shift
Visitations From Enceladus
Lire la chronique
Witches
The Fates
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Novembre 2024
Jouer à la Photo mystère
La photo mystère du 1 Novembre 2024
Jouer à la Photo mystère
Deceased
Children Of The Morgue
Lire la chronique
Enforced
A Leap Into The Dark (EP)
Lire la chronique
Muscadeath 2024
Lire le biographie
Ireful
Agents Of Doom
Lire la chronique
Muscadeath 2024 Jour 2
Aborted + Ad Patres + Disfu...
Lire le live report
Scumripper
For A Few Fixes More
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Octobre 2024
Jouer à la Photo mystère
Morbid Saint
Swallowed By Hell
Lire la chronique
Machete Law
Chains of Despair (EP)
Lire la chronique
Scolopendra
Citadel Of Torment (EP)
Lire la chronique
Aggressive Perfector
Havoc At The Midnight Hour
Lire la chronique
La photo mystère du 1 Octobre 2024
Jouer à la Photo mystère
Armoros
Pieces
Lire la chronique
Laceration
I Erode
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Septembre 2024
Jouer à la Photo mystère
Überserker
Ineffable Force of Will
Lire la chronique
Conquer or Perish European Tour 2024
Exhumation + Initiation + V...
Lire le live report
Evildead
Toxic Grace
Lire la chronique
Anthares
After the War
Lire la chronique
Void
Horrors Of Reality
Lire la chronique
Motocultor Festival 15
Griffon + Deicide + Inhumat...
Lire le live report
La photo mystère du 1 Septembre 2024
Jouer à la Photo mystère
Surgical Strike
24/7 Hate
Lire la chronique
The Hellectric Devilz
The Devilz Playground
Lire la chronique
Crushing Brain
Cenizas
Lire la chronique
Labyrinth
Unforeseen Consequences (EP)
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Août 2024
Jouer à la Photo mystère