Electro Quarterstaff - Gretzky
Chronique
Electro Quarterstaff Gretzky
Ah... Le Canada, pays d'une superficie permettant d'avoir une densité moyenne raisonnable mais surtout un pays dont les habitants n'ont pas à rougir du sport national (oui le Hockey sur glace pour les incultes).
D'ailleurs, puisque la saison régulière de la NHL vient de se clôturer et que les Playoffs vont débuter d'ici quelques jours, je vous propose un intermède musical pour patienter, intermède qui je vous l'accorde n'a pas grand-chose à voir avec le hockey sur glace, quoique...
Venant de Winnipeg les musiciens de Electro Quarterstaff nous proposent ici leur premier album après seulement un EP. Pour nous mettre dans le bain, enfin sur la glace pour être plus précis, le label Willowtip réputé pour dénicher des talents originaux nous propose la formation sous le label Instrumental-Thrash, une catégorie rarement fréquenté un peu comme le Hockey sur glace en France en quelque sorte. D'ailleurs, le travail graphique atypique de l'album vient contribuer à l'aspect étrange de l'album et nous prépare en quelque sorte à l'univers décalé que contient ce cd.
Mais bon, trêve de badinage (à lire avec l'accent allemand) dans la semoule et avançons un peu plus loin.
En parcourant la fiche de l'équipe, on peut d'ores et déjà constater que sa composition échappe au standard répandu du quintet. En effet le groupe est constitué de trois guitaristes et d'un batteur point barre. Et oui ici le poste de bassiste est éclipsé par l'utilisation d'octavers pour guitare qui permet d'avoir un son plus grave pour soutenir l'ensemble.
D'entrée de jeu la composition étrange de l'équipe peut s'avérer rebutante, mais cette équipe aussi étrange soit elle nous propose un spectacle de qualité.
Durant la première période on prend connaissance avec le style de jeu de l'équipe.
Le trio d'attaque nous propose un jeu très personnel mélangeant avec virtuosité des riffs lourds et headbanguants (Neckwrecker) à des mélodies recherchées et emplies de feeling qui nous laissent sous le charme d'une harmonie en Do (Charmony).
La principale force vient des riffs acérés de guitare qui viennent ciseler la glace pour y inscrire des compositions surréalistes (à l'image de la pochette).Bien sûr les accélérations et les ralentissements sont de mise pour feinter l'adversaire et casser son rythme.
Pourtant cet étalage de compétence des joueurs ne serait rien sans le jeu collectif proposé par les glisseurs de manches qui s'envoient et se renvoient les mélodies avec une précision exemplaire (Twisted Squid).
Une petite baisse en seconde période laisse entrevoir quelques petits défauts.
Alors certes c'est original d'avoir trois guitares et un batteur mais cela se ressent.
Bien que la batterie véritable gardienne des basses fréquences assure un bon pourcentage et permet à la section rythmique de se maintenir, la défense s'avère un peu plus compliquée.
En effet il est regrettable de ne pas avoir une basse pour soutenir l'ensemble car sur certains passages la batterie donne l'impression de vouloir en faire trop pour masquer ce manque. En clair une basse permettrait à la batterie d'avoir un jeu plus diversifié.
Mais si il existe des problèmes en défense, l'équipe ne sombre pas, loin de là car le trio d'attaque apporte sont nombre conséquent de points marqués.
En effet pendant la troisième période la supériorité de l'équipe est bien nette.
En jetant un rapide coup d'œil à la durée des titres on constate que la formation est plutôt endurante à l'exception faite de Eyepatch Romance sorte d'instrumentale plus classique au milieux des autres instrumentaux.
Comment ne pas faire fuir le spectateur pendant 52 minutes de musique purement instrumentale ? La réponse est simple : opérer des schémas tactiques s'articulant autour d'un nombre de riffs et mélodies certes conséquents par attaque, mais sans être indigestes. L'astuce employée consiste à élaborer des variations capables de ne pas endormir tout en restant autour de bases connues qui permettent de ne pas décrocher.
Cependant un dernier petit reproche peut être adressé car si le trio d'avants connaît et exerce ses tactiques avec un fort pourcentage d'efficacité, certains exercices ont tendance à être un peu confus. Attention ceci n'est aucunement dû à un manque d'entraînements des joueurs, mais plutôt en grande partie due à la production. En effet la technique un centre et deux ailiers, technique utilisée pour le célèbre Saturday Night In San Francisco, n'est point utilisée ici, si bien que les guitares jouent au chaises musicales, personne n'ayant un réel poste attribué. Il en ressort un aspect brouillon sur certains passages où une guitare se perd masquée par le reste de l'équipe. Enfin c'est loin d'être dramatique car on obtient quand même deux guitares au minimum et c'est déjà le maximum que propose la plus part des autres formations, et je ne compte pas le nombre de groupes où la basse est inaudible.
On termine donc ce match sur un score positif en faveur d'Electro-Quarterstaff, qui n'assure pas le blanchissage, mais qui s'impose sans difficulté.
L'originalité du groupe tient dans sa formation mais aussi dans ses compositions qui font preuve d'une réelle maturité pour un jeune groupe. Je tire donc mon chapeau à cette équipe de rookies qui vient d'accomplir une belle prouesse et qui en plus dispose d'une bonne dose d'humour( il n'y a qu'a lire les titres des chansons)
Pour parachever le tout, le groupe parvient à créer un univers décalé proche d'un cartoon (d'ailleurs le nom du groupe provient d'un cartoon) où tout est permis et où seule l'imagination vient apporter une restriction.
C'est bien exécuté, c'est original, c'est inspiré : j'adhère.
Mais l'originalité c'est comme pour le Hockey avec les Français, certains apprécieront d'autres non.
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