Blood Incantation n’a aujourd’hui plus besoin d’introduction. Fort de deux albums et d’un EP, le groupe a effectivement conquis une bonne partie de la scène Death Metal. Les autres, ces grincheux invétérés qui crachent sur à peu tout ce qui fait du bruit, des vues et des likes auprès de ceux qui n’ont pas le bon gout d’avoir les mêmes goûts qu’eux, se complaisent à y voir une imposture ou en tout cas un coup d’esbroufe de la part d’une formation qui n’a rien inventé et se contente de piocher allègrement chez Morbid Angel ou Immolation. Bref, le groupe ne laisse personne indifférent et ce n’est certainement pas avec la sortie de
Timewave Zero que les choses risquent de changer...
En effet, annoncé comme un EP par Blood Incantation,
Timewave Zero laisse de côté le temps de trois titres (enfin deux pour ceux qui en feront l’acquisition en vinyle) le Death Metal cosmique des précédents travaux de la formation américaine pour offrir à ses auditeurs curieux (ou aveugles et sourds diront probablement les plus médisants) ce qu’il qualifie lui-même de :
"COSMIC, CINEMATIC & EPIC DARK ANALOG PSYCHEDELIA" ou en d’autres termes de musique ambiante. Alors oui, ça fait beaucoup à digérer pour l’amateur de trémolos, de growl et autres blasts en tout genre qui risque de devoir ici passer son chemin. Et je ne vous parle même pas des énergumènes évoqués un petit peu plus haut qui y verront quant à eux une arnaque éhontée visant une fois de plus à soutirer des sous à ces pauvres fans et autres moutons définitivement pas très malins...
Pour illustrer cette nouvelle sortie néanmoins très attendue, le groupe est retourner piocher dans les travaux de monsieur Don Dixon chez qui il avait déjà emprunté cette oeuvre servant à illustrer
Starspawn. On retrouve ainsi deux peintures de l’artiste astronomique (oui, c’est bien un genre) américain ici, "Sentinels Of Antares" en guise d’illustration principale et "Zeta Aurigae" qui quant à elle orne l’arrière de mon digipack. Si cette version CD contient un titre supplémentaire improvisé en live et enregistré lors des mêmes sessions que "Io" et "Ea" ("Chronophagia"), on trouve également un Blu-Ray contenant environ quarante minutes d’éléments visuels afin d’accompagner l’écoute de ces deux premiers titres. Bref, on ne peut pas dire que Blood Incantation ait fait les choses à moitié.
Alors je vais être honnête avec vous, la musique ambiante et autres dérivés n’est absolument pas mon domaine de prédilection. Je n’en écoute jamais, même pour me coucher ou pour me détendre. D’ailleurs, je n’y connais absolument rien si ce n’est le nom de quelques références comme Tangerine Dream, Popol Vuh, NEU!, Kraftwerk, Vangelis, Mike Oldfield et peut-être quelques autres encore. Bref, c’est avant tout une musique qui m’ennuie profondément et qui donc de base ne m’intéresse pas le moins du monde... L’avis qui suit est donc celui d’un novice en la matière et qui plus est d’un novice qui jusqu’à preuve du contraire n’a jamais eu envie d’en apprendre davantage sur le sujet... C'est également pour cela que je suis bien incapable de coller une note à cette sortie, n'étant pas vraiment en mesure de savoir si j'apprécie vraiment/pleinement/tout le temps ce que j'entends ici.
Composés et enregistrés à l’aide d’instruments analogiques que les rats de studio et autres geeks pourront retrouver détaillés à l’intérieur du livret (claviers Korg, orgues Moog et Hammond, séquenceurs Roland et autres trucs et bidules en tout genre),
Timewave Zero a une fois de plus été couché sur bandes aux World Famous Studios de Denver sous la houlette du producteur Pete DeBoer. De ces sessions, Blood Incantation nous offre "Io", "Ea" et "Chronophagia", trois titres instrumentaux oscillants grosso modo entre dix-neuf et vingt-sept minutes et sur lesquels, à la différence de son pendant Death Metal, il semble ne pas se passer grand chose. Alors certes, l’immersion dans les profondeurs obscures et froides de l’Espace est immédiate mais étant assez peu sensible à ce genre d’exercice, je retiens surtout le caractère extrêmement répétitif et finalement assez peu varié de l’ensemble. Pour autant, inutile d’avoir fait de grandes études pour voir et comprendre que ces trois compositions remplissent parfaitement leur office en servant effectivement de musique d’ambiance. Et c’est bien telle qu’elle qu’il faut les aborder. Des compositions à jouer dans l’idée de se relaxer, les yeux fermés, allongé sur son canapé ou sur son lit avant extinction des feux (ou bien encore après avoir fumé un bon gros spliff, calé devant le Blu-Ray aux images et autres couleurs psychédéliques qui accompagne cette édition digipack). De fait, Paul Riedl, Morris Kolontyrsky, Jeff Barrett et Isaac Faulk y répètent et enchainent de longues séquences vaporeuses et entêtantes aux mélodies évoquant effectivement la grandeur démesurée de l’Espace, ses mystères opaques et insondables et autres états de transcendances orbitales. À ces longs moments d’apesanteur, les quatre musiciens apportent néanmoins par le biais de variations, oscillations et autres subtilités techniques et mélodiques (cette guitare acoustique sur la fin de "Io" ou sur la transition de "Ea", ces brefs bruits de lasers sur "Ea" et ces nombreux petits effets (notamment sur "Chronophagia")) ce relief nécessaire à l’appréciation de ces boucles cosmiques dont le caractère répétitif va créer un certain état de transe et de relaxation pour peu que l’on se laisse pénétrer par l’oeuvre tout entière. Alors, génie ou pas ? Je n’en sais rien. Personnellement, pour accompagner l’écriture de cette chronique ou mes lectures nocturnes,
Timewave Zero fait étonnement très bien l’affaire. Je ne dis pas que j’y reviendrais régulièrement et encore moins que je vais me plonger avec intérêt dans ce courant musical probablement beaucoup trop abstrait pour mon esprit et la façon dont j’envisage la musique que j’écoute au quotidien mais en même temps, je ne peux pas dire que je déteste ce que j’entends ici. Certes, la formule me paraît répétitive, très répétitive. Certes, les variations semblent manquer mais c’est finalement tout à fait l’idée que je me fais de ce genre de musique ambiante qui par définition n’est qu’un travail de textures et de sons afin d’amener l’auditeur à voyager intérieurement et extérieurement de manière calme, détendue et posée aux confins de l’univers connu et inconnu.
Si
Timewave Zero risque donc d’apporter de l’eau au moulin des détracteurs de Blood Incantation (il n’y a qu’à voir tous les commentaires salés qui fleurissent sur l’Internet), il confortera paradoxalement tout autant ses admirateurs quant à la singularité de cette formation décidément hors-normes. Pourquoi cela ? Eh bien parce qu’il faut quand même être sacrément sûr de soi et en même temps peu attentif à la question de l’ego pour débarquer exactement là où personnes ne les attendait vraiment (même si les pistes laissées sur les précédents travaux du groupe laissaient effectivement poindre cet intérêt pour ce genre de musique). Alors ils sont nombreux ceux à écrire à droite ou à gauche que le groupe aurait du sortir cette expérience temporaire sous un autre patronyme que celui de Blood Incantation. Mais au nom de quoi exactement ? Comment ne pas applaudir des deux mains un groupe capable aujourd’hui de faire exactement ce qu’il souhaite pour se faire plaisir lui et lui seul et non pour chercher coûte que coûte à répondre aux attentes de ses fans et autres admirateurs souvent bien prompts à cracher dans la soupe dès qu’un truc les démangent ? À cela je dis bravo aux garçons de Blood Incantation pour avoir les couilles de sortir des sentiers battus, pour être capables de bousculer leurs auditeurs quitte à ne pas plaire à tout le monde. Bref, pour faire ce que bon leur semble sous le nom et l’identité qu’ils ont eux-seuls façonnés depuis toutes ces années et qui n’appartient qu’à eux. Car comme toujours et c’est d’ailleurs valable pour n’importe quel autre groupe, Blood Incantation n’a aucun compte à nous rendre. Si on y adhère, tant mieux, si ce n’est pas le cas il suffit de passer son chemin et d’aller s’enfiler quelque chose qui soit davantage dans nos cordes. Et il n’y aura rien de mal à cela.
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