Pallbearer - Forgotten Days
Chronique
Pallbearer Forgotten Days
Les ricains de Pallbearer ne sont peut-être pas des vieux de la vieille mais leurs 12 ans d’existence les ont déjà vus accoucher de pas moins de 4 albums longue durée et d’une flopée d’EP, split, single et demos. Ne cherche pas de liens entre les membres actuels et d’autres combos connus de doom, il n’y en a pas. Les zozos se consacrent à leur groupe et c’est déjà bien.
Forgotten Days est le quatrième effort du groupe après, surtout, un tout premier album, Sorrow and Extinction, de toute beauté qui leur a ouvert d’entrée les portes des plus grands festivals, du Hellfest en passant par le Roadburn. Lente, triste et mélancolique comme il se doit en matière de doom, la musique de Pallbearer est pourtant plus accessible que celle de bien d’autres groupes du même acabit. Presque plus fragile, plus touchante, assurément atypique.
Forgotten Days s’inscrit pleinement dans cet héritage d’un doom plus prog’ que funeral ou même simplement death, plus lumineux que véritablement souterrain. Forgotten Days et Riverbed, qui ouvrent l’album, sont bien arides, secs comme un caillou au centre du désert, lourds et pesant comme le soleil de midi. Mais les envolées de guitares sont celles du doom trad’, certes d’un doom trad’ plongé dans un épais goudron, mais trad’ quand même. Un peu comme si Candlemass ou Black Sabbath avaient choisi de copuler avec Reverend Bizarre. Pour autant, la voix lyrique comme les arpèges aériens ramènent bien vite le tout dans le giron d’un prog’ mélodique, d’une musique simple en apparence mais complexe lorsqu’on en décortique la structure (Rite of Passage en est un bel exemple).
Les morceaux sont d’une durée relativement ramassée, de 6 minutes en moyenne, qui offrent non seulement de ne jamais laisser l’ennui s’installer mais qui force aussi le prog’ du combo à développer son propos plus rapidement, sans que la mélancolie globale de l’album n’en souffre. Au contraire, Forgotten Days et Riverbed épuisent leur univers dans ce délai sans perdre de leur force mélodique, ni de leur pertinence structurelle. Le fait de simplifier l’architecture des titres et de concentrer l’essentiel du propos sur des solis aériens permet ainsi au combo américain d’asseoir ses développements sur le fondamental, sans occulter pour autant les fioritures (par exemple, The Quicksand of Existing est très court, très simple, mais ne renie jamais l’apport de mélodies discrètes ou d’effets vocaux subtils).
De fait, les arrangements se taillent la part belle. Stasis, par exemple, n’hésite pas à utiliser la guitare et le clavier pour délivrer des ambiances plus spatiales, qui donnent une grande profondeur au morceau. Silver Wings, le titre le plus long, plus de 12 minutes, offre une facette plus sombre, plus gondante, comme le roulement du tonnerre, presque post par endroits, avec des montées en tension palpables, comme si Cult of Luna venait jouer sur des terres pour lui étrangères. C’est bien sur cette pièce maîtresse que l’on ressent le mieux les influences prog’, la volonté de proposer « autre chose » et la traduction de l’univers « douloureux » des américains. Vengeance and Ruination repose, de la même façon, sur un équilibre parfaitement maîtrisé entre tonalités abruptes et chaudes et mélancolie douloureuse, grâce à des sortes de « chœurs » mêlés à la voix. Caledonian, qui clôture l’album, choisit lui, plutôt, d’axer l’ensemble de la structure sur la voix superbe, qui porte les illusions perdues du groupe et achève l’album sur des teintes mélancoliques absolument magnifiques.
De nouveau, Pallbearer accouche d’un album de très belle qualité, empli d’une douce mélancolie et d’une vraie richesse musicale. Si tu es amateur de Candlemass ou de Yob, tu ne devrais pas hésiter un instant.
| Raziel 6 Mars 2022 - 1364 lectures |
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