Cathedral - The VIIth Coming
Chronique
Cathedral The VIIth Coming
La dernière fois que Cathedral nous avait fait le coup de sortir un album une année après son prédécesseur, c’était à l’époque de Supernatural Birth Machine, qui n’avait été parmi les albums les plus appréciés des Anglais. Mais nous ne sommes sans doute pas dans le même contexte avec le présent The VIIth Coming. Une année auparavant, Cathedral nous avait fait le coup du retour aux sources avec Endtyme, qui avait aussi remis le doom metal au centre du sujet et avait surtout vu le groupe renouer avec une certaine lourdeur. C’est donc dans cette dynamique qu’est resté le quatuor, sans doute rasséréné par leur sixième album, et ce n’est pas rien dans le fait que Lee Dorrian voyait dans The VIIth Coming leur seconde venue, voire une sorte de renaissance. Sans doute que le choix d’accoler un Phénix en couverture, toujours réalisée par l’indéboulonnable Dave Patchett et de prendre pour titre d’ouverture, Phoenix Rising, n’y sont pas étrangers. Si le groupe partait dans l’inconnu en sortant cet album chez Dreamcatcher et quittant ainsi le giron d’Earache Records, il a toutefois retravaillé avec le regretté producteur Kit Woolven avec qui il avait collaboré pour The Carnival Bizarre et Supernatural Birth Machine. Doit-on vraiment voir dans ce septième album une forme de renouveau chez Cathedral?
Si l’on écoute d’une simple oreille distraite cet opus, l’on pourrait dire qu’il s’agit d’un album de Cathedral de plus dans la discographie, et l’on retrouve bien évidemment tous les éléments qui font le charme et la légende même du groupe depuis une dizaine d’années, et notamment depuis le virage opéré avec The Ethereal Mirror. Aussi, par certains aspects, l’on pourrait bien rapprocher cet album de The Carnival Bizarre, si l’on devait être trivial. Dans tous les cas, pour qui avait apprécié des titres ou bien directs ou bien un peu plus alambiqués, ils vont être servis, car c’est bien cela que l’on retrouve ici. À cela, s’ajoute l’excellente production de Kit Woolven, bien puissante mais en même temps bien adaptée à la musique des anglais, n’ayant pas pris une ride vingt ans après sa sortie, et l’on peut ainsi dire que l’on retrouve les canons érigés sur leur troisième album. Bien évidemment, il est toujours question de doom metal sur cet album, et on ne peut plus que jamais, avec cette espèce d’incongruité qui a toujours été la marque de fabrique de Cathedral. Il est clair que cela sonne comme nulle autre formation, et que personne, autant à l’époque et même encore maintenant, s’en rapproche, pas même les norvégiens de Hex A.D. bien que l’on sent qu’un titre comme Aphrodite’s Winter avec son orgue et ses ritournelles toutes droites sorties d’un giallo ont du les marquer. L’on retrouve bien évidemment des titres plus incisifs, comme ce Resisting the Ghost assez rapide et ultra court pour du Cathedral, d’autres tout autant fourrés de groove, et, bien entendu, c’est bizarreries surannées que l’on ne retrouve que chez eux.
Pour autant, il y a bien quelque chose qui ressort de cet album, c’est que s’il comprend dix titres assez variés, chacun affirme une réelle personnalité, sans qu’il y en ait beaucoup qui s’en détachent très clairement, mais l’album reste très homogène d’un point de vue qualitatif. Et pour cause, lors de la composition de cet album, une vingtaine de titres avaient été écrits et Lee Dorrian avait expliqué à l’époque que le quatuor avait fait le choix de sélectionner pour cet album les titres qui sortaient le plus de l’ordinaire et de ce que l’on pouvait attendre du groupe. Bref, une nouvelle fois, le groupe avait décidé de sortir des sentiers battus, et cela ne sera pas la dernière fois, vu qu’ils iront beaucoup plus loin par la suite. Mais cela donne des titres assez variés, qui s’ils trahissent évidemment des créateurs des ces titres, surprennent tout de même. L’on a du classique avec le titre à tiroir qu’est The Empty Mirror ou du plus basique comme Phoenix Rising, encore que sur le premier cité, l’on retrouve de l’orgue hammond, un instrument qui est assez présent sur cet album. C’est d’ailleurs quelque chose qui surprend, c’est la mise en avant, plus que de coutume de cet instrument. Pour autant l’on est loin d’un album passéiste et tourné uniquement sur les années mille neuf soixante dix.
En effet, ce qui va le plus surprendre avec The VIIth Coming, c’est bien cette remise en avant d’influences bien plus métalliques, suivant ainsi, mais allant sans doute encore plus loin dans cette veine que sur Endtyme. En cela, l’on revient bien parmi les influences premières du groupe, telles que Witchfinder General, Pentagram ou Saint Vitus, pour ne citer que quelques hériters de Black Sabbath des années mille neuf cent quatre vingt. L’on retrouve bien ce côté plus simple dans pas mal de titres, sauf que Cathedral aime bien ne pas faire dans les choses lénifiantes. Le meilleur exemple, c’est peut être un titre comme Skullflower, qui démarre dans un mid-tempo assez entraînant comme l’aime le groupe, avant de se fendre d’un passage instrumental médian où le groupe ralentit bien le tempo et nous balance un riff bien lourd, que n’aurait pas renier un trio finlandais à la même époque, avant de repartir de plus belle. C’est quelque chose qu’ils reproduisent assez souvent sur cet album, et c’est assez plaisant de revoir le groupe revenir à ses fondamentaux. On le retrouve même beaucoup plus incisif comme sur un Nocturnal Fist, avec un texte qui ferait presque renouer Lee Dorrian avec ses diatribes de l’époque où il était le chanteur de Napalm Death. Cela va même bien plus loin sur un titre comme Congrégation of Sorcerers qui est un très bel hommage à Celtic Frost, avec des riffs que n’auraient pas renier Tom Gabriel Warrior et même certains gimmicks vocaux, dont ces fameux « huh », à tel point que sur le pont, le groupe se permet de faire un gros clin d’oeil aux Helvètes en reprenant des riffs du titre Morbid Tales.
C’est bien là toute la particularité de cet album, c’est qu’il met particulièrement en avant les influences métalliques du groupe, en lieu et place de celles provenant du rock des années soixante dix. Pour autant, ces influences ne sont pas pour autant absentes, car elles viennent poindre de temps à autres sur certains passages, comme le final de Black Robed Avenger, ou sur des titres comme The Empty Mirror. Sans doute que le titre Halo of Fire fait bien la synthèse entre ces deux aspects, entre un côté bien rampant et un chant un peu plus halluciné de Lee Dorrian et ce côté irréel induit par l’orgue hammond. Dans un sens, cet album poursuit bien ce que le groupe avait entrepris avec Endtyme, et cela se ressent notamment quand il décide de bien ralentir la cadence et d’alourdir son propos: dans ces instants là, les Anglais n’ont rien à envier à qui que ce soit en la matière. Sauf qu’au lieu de répéter jusqu’à plus soif les mêmes riffs, ils ont conservé cette liberté de ton dans l’écriture de leurs titres et sont toujours capables de surprendre au détour d’une - relative - accélération, d’un solo ou d’une partie où la basse de Leo Smee se met en avant. C’est toujours fait avec goût et intelligence, et s’il y a un côté un peu bovin qui ressort de cet album, il recèle de bien plus de richesses et de finesses que l’on pourrait le croire. Il y a évidemment des choses qui ne changent pas avec les années, entre la créativité du groupe qui ne leur fait pas défaut, le chant particulier de Lee Dorrian, les riffs excellent de Gaz Jennings, et l’inspiration d’un groupe qui semble connaître une seconde jeunesse. En fait, le seul défaut de cet album, c’est de se retrouver « coincé » entre Endtyme et The Garden of Unearthly Delights, mais ce dernier n’aurait sans doute pu être s’il n’y avait pas eu l’étape The VIIth Coming.
Cette septième réalisation est ainsi, encore une fois, une belle réussite et une belle leçon de choses, avec un parti pris de la part de Cathedral assez intéressant avec un résultat plus que probant. The VIIth Coming est ainsi une vibrante démonstration de doom metal, et où les racines métalliques sont mises à l’honneur, nous rappelant par la même occasion que ce genre musical est bien un dérivé du heavy metal et point autre chose. C’est de cela dont il est question ici, de remettre au centre du jeu ses fondamentaux, sans toutefois rentrer dans une forme d’orthodoxie, qu’ils laisseront à d’autres. C’est peut-être aussi pour cela que The VIIth Coming est peut-être plus difficile à appréhender car il est moins immédiat et moins facile d’accès que certains albums du groupe. Ce n’est pas sur celui-ci que l’on trouvera des titres clinquants comme auparavant, encore que Resisting the Ghost est ultra efficace, et cela demandera un petit temps pour s’acclimater à cette coloration un peu plus bourrue. Pour autant, il y a de quoi faire le rapprochement avec certaines oeuvres passées, je pense notamment à The Carnival Bizarre, mais avec sans doute de quelque chose de plus austère et d’un peu plus rouillé qu’auparavant. C’est un peu comme si les musiciens de Cathedral avaient, d’une certaine manière, voulu revenir à leurs premiers amours et leurs premières influences, une sorte de stabilisation de leur base, avant de se lancer dans une quête de l’étrange et vers d’autres horizons qui auront leurs aboutissements sur les deux albums suivants. Cela n’en fait pas pour autant de The VIIth Coming d’un album de transition, mais bien d’un solide album de doom metal réalisé par un groupe avec une personnalité et même une originalité affirmées.
Doom or be Doomed!
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