Procession - Destroyers Of The Faith

On se souvient de leur prometteur premier EP The Cult Of Disease où des chiliens sortis de nulle part mettaient tout le monde d'accord avec notamment trois morceaux qui, un an après, ont toujours pour moi une place à part au Panthéon du doom traditionnel. Pourtant, j'avais complètement zappé l'actualité de ces jeunes adorateurs de doom épique malgré une tournée européenne (déjà !) et leur show au « Keep It True Festival » (bis !). Quelle surprise de les voir surgir en fin d'année avec un premier essai longue durée !

Pas de changement à l'horizon : Procession propose toujours une musique torse-au-vent avec Destroyers Of The Faith (les connaisseurs de Judas Priest apprécieront la réponse du titre à Defenders Of The Faith), quelque part entre le feeling d'un early-Candlemass, la virulente sobriété d'un Solstice et la majesté d'un Warning. Et tant mieux ! Ceux ayant encore les oreilles frissonnantes suite à l'écoute de « The Funeral Of An Age » sauront de quoi je parle, Procession ayant une capacité à écrire des mélodies universelles au point de donner une impression de fraîcheur à un style jouant pourtant sur la nostalgie, en se basant sur une recette simple, efficace et étonnamment profonde : une voix aussi nue que guerrière qui émoustillera l'amateur des moments les plus sombres de Johan Lanquist sur Epicus Doomicus Metallicus et des guitares pour qui le mot « grand » semble avoir été inventé tant elles crèvent l'espace avec une lenteur toute religieuse (Procession, t'as capté ?). Un disque unanimement salué par la critique, normal, quand tu écoutes le final de « Tomb Of Doom » ou ces soli beaux à en crever, tu comprends pourquoi ! Même Peter Vicar (du géant Reverend Bizarre et du ahem… plus petit Lord Vicar) y est allé de son guest sur « The Road To The Gravegarden » ! La production puissamment ténébreuse manque peut-être de grésillant mais permet au groupe d'appuyer ses charges victorieuses et écrasantes comme un high-five d'éléphant (le début de winner de « White Coffin » en tête !).

Posons franchement la question qui brûle aux lèvres : les doomsters ont-ils relevés le défi que l'on attendait, à savoir proposer sur tout un album la qualité du trio « Raven Of Disease / Like A Plague Upon The Earth / The Funeral Of An Age » de The Cult Of Disease ? On touche le sans-faute de près mais malheureusement, la réponse est non. La durée un peu légère (une minute de moins que l'EP et ce, avec un réenregistrement !) ou le son parfois outrancièrement massif de la batterie (ouch, « Tomb Of Doom ») pourront être déplorés bien que les critiques viennent en grande partie d'une homogénéité tenant plus à une formule rodée mais limitée qu'une volonté d'ambiance (cf. les vocalises de Felipe Plaza, aux tonalités proches les unes des autres). Chaque morceau pris à part est magnifique, que ce soit l'introduction surprenante « Hyperion » où ça envoie cash solo et chant élevé ou encore « Chants Of The Nameless », clairement le meilleur morceau ici avec son break heavy et ses mélodies à rallonge qui appuient avec la pesée des larmes un statut de classique lui étant directement acquis, mais sur la durée, tout cela file un peu trop droit sur certains passages (le riff passe-partout du morceau éponyme par exemple) et surtout au niveau de la galette, faisant que si Procession semble assuré de son jeu, il ne sort que trop rarement des sentiers tracés, exception faite de l'excellent bassiste au jeu mélodique et un poil psychédélique empêchant l'attention flottante de s'installer chez l'auditeur. Mon dieu, que cette phrase est longue.

Procession reste ce qu'il a été avec The Cult Of Disease : une bonne surprise dont on attend la confirmation l'élevant aux rangs des combos majeurs qu'il glorifie. Quelques défauts, somme toute mineurs, remettent à plus tard le coup d'enclume mais pour patienter, Destroyers Of The Faith fera office de marteau essentiel auprès des fans du genre. Ces derniers auront de toute façon déjà jeté leur dévolu sur cet opus le méritant amplement.

DONNEZ VOTRE AVIS