Voici ni plus ni moins que le plus grand retournement de veste de l'histoire du metal extrême. Même Infected Malignity n'a pas osé aller aussi loin. Nous étions prévenus celà dit. L'offre d'emploi concernant un chanteur maîtrisant le chant clair et un claviériste ne laissait en effet planer que peu de doutes sur la direction que souhaitaient prendre les Canadiens, eux qui n'ont de toute façon jamais sorti deux fois le même disque. Les injections de hardcore de
Whisper Supremacy et
And Then You'll Beg passaient comme une lettre à la poste tandis que
Once Was Not fricotait avec des expérimentations tendancieuses mais restait un bon album.
The Unspoken King, lui, change carrément de registre et scelle la fin de Cryptopsy en tant que groupe de brutal death technique.
Deux titres démos, "Worship Your Demons" et "Bemoan The Martyr", filtrent rapidement sur Internet. Et là c'est le drame, les craintes sont confirmées. Chant clair, riffs jumpy simplistes, brutalité quasi inexistante, Cryptopsy donne désormais dans le néo-metal/metalcore/deathcore, voltigeant de Despised Icon à Slipknot en passant par All Shall Perish. Cryptopsy a vendu son âme et désire désormais naviguer tranquillement dans le mainstream après avoir affronté pendant près de quinze ans les flots tumultueux de l'underground. Quelques mois et moultes écoutes plus tard,
The Unspoken King se révèle-t-il si horrible que ça? Oui et non...
Oui, parce que les deux morceaux volés n'étaient pas des fakes, Cryptopsy a bien fait une croix sur son passé en choisissant de prendre le train en marche et de jouer une musique à la mode. Des riffs simplistes, du chant clair, une grosse voix plus typée deathcore que death, un style saccadé, il y a bien tout ça dans ce
The Unspoken King qui fait tant pleurer les fans. La production sans âme, trop aigüe, trop moderne et avec une batterie surmixée, n'arrange rien.
Seulement résumer cet opus à du chant clair et des riffs néo metal serait injuste. Cryptopsy a clairement retourné sa veste et c'est impardonnable mais depuis quand les fans décident-ils de l'évolution d'un groupe? Depuis quand changer de registre et jouer une musique à la mode fait-il d'un album un mauvais disque? Difficile de faire abstraction du passé et de juger le plus objectivement possible, celà mérite en effet un minimum d'ouverture d'esprit. C'est pourtant de cette façon que j'ai décidé de disséquer
The Unspoken King. Et si cet opus n'est pas spécialement transcendant, ce n'est pas non plus la bouse intersidérale annoncée.
Déjà le chant. Qu'on aime ou pas le registre de Matt McGachy, le bonhomme s'avère très doué techniquement avec un large panel de voix. Il hurle, chante, crie, scande, chantonne, murmure. Son chant clair, finalement peu utilisé, reste toujours juste. Certaines parties en voix claire, même si elles sonnent très néo-metalcore, sont même plutôt sympathiques et entêtantes ("The Plagued", "Resurgence Of An Empire", "Bound Dead"). Alors c'est sûr que ça fait bizarre d'entendre de telles séquences ultra mélodiques et commerciales chez Cryptopsy mais elles passent et sont bien intégrées aux compositions. Pareil pour le clavier. Celui-ci reste très discret et quand il se fait plus présent, c'est simplement pour apporter un plus à l'ambiance, ce que Maggie Durand (qui au passage ne fait déjà plus partie du groupe) réussit plutôt bien.
Ensuite, s'il est évident que la musique de Cryptopsy a perdu son côté technique, elle n'est pas devenue simpliste pour autant. On retrouve certes des riffs bateaux vus et revus, juste efficaces, mais plein d'autres sont dignes d'intérêt. De bonne mélodies notamment et quelques soli fort bien composés. De plus, les onze titres que composent ce
The Unspoken King se révèlent tous différents, riches et variés.
Enfin, Cryptopsy n'a pas complètement tourné le dos à la brutalité avec moultes passages rapides rentre-dedans. On pourra même assister à des blast-beats voire des gravity-blasts! Flo Mounier n'a ainsi pas tout perdu de son agilité. Quelques réminiscences du passé peuvent aussi se faire entendre par ci par là avec un côté chaotique toujours présent. Les moments calmes, plus posés et mélodiques, loin d'être niais, apportent également un vrai plus. Certains, soutenus par la basse toujours magistrale et bien audible d'Eric Langlois et aux vocaux murmurés font même penser à...Slipknot! Un comble pour Cryptopsy peut-être mais ce qui n'empêche pas ces passages de fonctionner. Dernier point peu important certes mais qui fait toujours bien: la magnifique pochette.
Si je me fais l'avocat du Diable toutefois, ce n'est pas pour clamer que
The Unspoken King est un album fantastique, avant-gardiste et incompris mais juste pour tempérer la fronde générale. Oui
The Unspoken King est le plus mauvais album de Cryptopsy, un magnifique cas d'évolution intéressée mais non ce n'est pas l'opus le plus pourri de l'année. J'ai entendu bien pire dans le genre, tout comme j'ai pu entendre des albums de groupes de brutal death "intègres" cent fois plus médiocres.
The Unspoken King passe finalement plutôt bien et j'avoue l'écouter sans trop grincer des dents maintenant. Tout en regrettant Lord Worm et Jon Levasseur et en me disant que
Blasphemy Made Flesh et
None So Vile, c'était quand même autre chose...
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