Concilivm - A Monument In Darkness
Chronique
Concilivm A Monument In Darkness
Régulièrement mise à l’honneur sur le webzine la scène extrême venue du Chili n’a cessé ces dernières années de prendre du galon et d’être à l’heure actuelle la tête de gondole d’Amérique du Sud, côtoyant de près son bruyant voisin Brésilien qui reste encore aujourd’hui leader dans la région mais peut-être plus pour très longtemps. Il serait en effet trop long de faire la liste de tous les grands noms que Santiago et ses alentours ont mis au jour durant cette décennie et ce quel que soit le style pratiqué, et parmi cette liste on peut désormais ajouter le duo de Concepción pour jouer les premiers rôles et offrir un disque hautement qualitatif. S’il n’a vu le jour qu’en 2017 le binôme a déjà un certain vécu musical derrière lui et fait preuve d’une vraie maîtrise instrumentale, comme on avait pu s’en apercevoir sur l’Ep « The Veiled Enigma » qui sentait bon le Death/Black Suédois des années 90, à la fois classique mais très maîtrisé. Ayant pris son temps pour franchir l’étape du long-format celui-ci sans changer son fusil d’épaule a épaissi son écriture autant que sa musique, la faisant beaucoup lourde et musculeuse sans y perdre en attractivité ni en moments plus calmes tant il n’hésite pas à éclaircir le rendu par l’apport régulier de courts solos lumineux et mélodiques. Autant dire que tout cela a de l’allure (ça n’est sans doute pas pour rien qu’Iron Bonehead les a débauchés sur leur catalogue) et effectivement on ne va pas être déçu du voyage tant la bestialité va côtoyer avec aisance des moments où la pression va se relâcher, afin de faire respirer tout le monde avant de mieux l’étouffer ensuite.
Cependant au départ nulle trace de mélodie Scandinave vu que la formation va miser sur une violence massive à la noirceur profonde où les occasions de reprendre son souffle vont être rares et très courtes dans le temps. La preuve sur le glauque et étouffant « Cryptic Asceticism » qui durant presque six minutes va jouer en majorité sur le tabassage continu qui se mêle à des parties très lentes et rampantes à la froideur totale. Prenant d’entrée l’auditeur à la gorge la bande offre un large panel de son jeu relativement simple et sobre où l’agressivité et l’accroche sont primordiales, tout cela étant porté par des riffs propres, directs et efficaces… constat qui s’applique également à la batterie qui va à l’essentiel sans en faire des caisses, et dont le son très sec renforce cette impression glaciale et d’hiver continu. D’ailleurs ces différents ressentis vont être présents continuellement durant le reste de l’écoute, et en premier lieu sur « Oneiric Abyss » qui reprend les mêmes ingrédients que précédemment mais en laissant plus de place aux rythmiques bridées qui lorgnent presque vers le Doom, épaississant ainsi une musique déjà très dense mais au dynamisme intense. D’ailleurs ce point constant tout au long du disque va trouver son point d’orgue sur le monstrueux « The Veil Descends » qui se montre particulièrement propice au headbanging, via des accents épiques imposants qui donnent clairement une furieuse envie d’en découdre de par ses notes précises et aiguisées, et un frappeur qui se fait plaisir derrière son kit en jouant sur les différentes allures possibles.
Et puis une fois cette triplette frontale terminée les notes Suédoises vont revenir petit à petit, et même si elles sont moins flagrantes que sur la précédente livraison elles vont prouver qu’elles ont toujours leur place au sein des morceaux de l’entité… comme cela va être le cas sur le très bon « Of Gold And Silver ». Mettant là-encore sur le devant de la scène une facette guerrière et un entrain communicatif (entre deux rasades de parties jouées autant à fond la caisse que de façon bridée), cette plage voit un ajout de luminosité au milieu de l’obscurité générale qui si elle reste encore discrète va se faire entendre. Au fur et à mesure que l’on va avancer vers la fin de ce disque cette lumière va se faire de moins en moins fugace de par ses leads influencés par Jon Nödtveidt et les rythmiques qui sentent bon les vieux AT THE GATES et IN FLAMES. Si évidemment tout cela n’est là que de façon éparse l’ensemble amène un supplément d’âme et de chaleur cohérent qui fait du bien au milieu des déferlantes, comme on l’entend sur l’entraînant « Maleficent Creation » et le solaire « Archetype » où les chauds rayons de l’astre vénéré des Incas réussissent à clore les débats avec brio, via des notes acoustiques apaisantes après le classicisme sombre et enlevé.
Néanmoins les mecs n’en oublient pas d’être virulents et n’abusent pas trop de ces suppléments de beauté afin de ne pas gâcher la violence qui entoure chaque second de ce trou noir d’où rien ne sort ou presque, et il suffit d’écouter « Moonlight Nigredo » pour s’en apercevoir. Lorgnant vers des ambiances occultes à foison le débridage y est moins intense en étant compensé par une lenteur supplémentaire digne des enfers, mais où les harmonies savent retentir sans pour autant prendre le dessus. Cependant au niveau de la construction tout cela se montre plus primitif et le gelé « A Monument In Darkness » va pousser cette théorie à l’extrême, où le seul mot d’ordre est de ne pas laisser de survivant vu que ça blaste et joue à fond les ballons de façon quasi-constante, et porté par une radicalité exacerbée qui défoule et fait du bien sans jamais lasser. Car ceci est un autre des points positifs de cet opus qui malgré sa primitivité n’est jamais redondant de par la subtilité générale de l’écriture et où chaque cassure, break et aération suffit à éclaircir l’horizon et ainsi ne pas donner l’impression de trop se répéter, même si les plans peuvent donner la sensation légitime d’être interchangeables. Mais tout ceci n’est pas rédhibitoire tant cela est joué de façon suffisamment intelligente pour ne pas lasser, vu que ça passe tout seul et sert de parfait défouloir… mais pas que ! Dépouillée mais raffinée, simple mais aboutie, cette galette homogène sans faiblesses majeures ne s’éternise jamais trop longtemps et offre des vrais moments de bravoure pour un rendu impeccable qui offrent de belles promesses au sein de cette découverte des plus prometteuses. Si elle ne révolutionnera absolument rien elle fera en revanche passer par tous les états possibles et inimaginables, confirmant qu’il y’a actuellement quelque chose de fort qui se passe le long du pacifique, entre le désert d’Atacama et les Andes… et que la nation chilienne a de nombreux atouts à offrir que ses nombreux et sublimes décors naturels.
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