Avec Bromure, Outreau, Condor, Coupe Gorge, Rixe, Traitre, Prisonnier Du Temps ou Lion’s Law, Syndrome 81 fait parti de ces groupes français relativement jeunes qui chacun à leur manière ont permis de remettre au goût du jour un genre quelque peu tombé en désuétude dans les années 90 et 2000, la Oï. Alors non, ces garçons et ces filles d’horizons différents n’ont pas spécialement bouleversé la donne, reprenant à leur compte ce qui se faisait déjà ici ou ailleurs à la fin des années 70 et dans le courant des années 80 (de Cock Sparrer à Blitz en passant par Camera Silens, Komintern Sect et bien d’autres encore), pour autant il faut bien se rendre à l’évidence, le genre à définitivement retrouvé ses galons ces dix dernières années.
Formé à Brest en 2013, Syndrome 81 enchaine dans un premier temps les démos, les splits et les EPs pendant plus de trois ans. Si à l’époque le groupe planche déjà sur l’écriture des titres qui constitueront quelques années plus tard son premier album (
Prisons Imaginaires sorti l’année dernière sur Destructure Records et Sabotage Records), celui-ci est pourtant très loin d’être finalisé. Les Bretons ont donc la bonne idée de compiler l’ensemble de leurs premières sorties (une démo, une participation à une compilation, deux splits et trois EPs) sur un seul et même format. C’est ainsi que sort
Béton Nostalgie en décembre 2017 sur les labels Thrashzone Tapes, Destructure Records, Sabotage Records, Black Water et Dure Réalité. Une compilation exhaustive qui compte pas moins de dix-huit titres pour quarante minutes d’un Punk Rock gris et maussade bercé de toutes ces désillusions d’adultes...
Présentée de manière chronologique, voici le détail et l’ordre de tout ce que l’on va pouvoir retrouver sur cette généreuse compilation :
- Les six titres de la première démo de Syndrome 81 sortie en 2013.
- Les deux morceaux du split partagé avec les Français de Litovsk (2015).
- "Contre Vents Et Marées" figurant sur la compilation
La Force Dans La Oi! Vol. 2 sortie en 2015 sur le label Une Vie Pour Rien ?
- Les cinq titres du EP
Désert Urbain paru également en 2015.
- "La Rouille Du Quotidien" et "Pulsions Électriques" présents tous les deux sur le single du même nom sorti en 2016.
- "N'oublie Jamais" et "Le Condor De La Rade" tirés quant à eux d’un split en compagnie des Suédois d’Urban Savage (2017).
Un programme chargé qui évidemment pourrait de prime abord sembler un brin disparate (cinq enregistrements différents s’étalants sur une période allant de 2013 à 2017) mais qui finalement s’avère particulièrement homogène grâce à une certaine régularité en matière de production. Punk jusqu’aux bouts des ongles, les Brestois ne s’embarrassent ainsi d’aucune fioriture, ces derniers préférants systématiquement miser sur l’essentiel pour parvenir à leurs fins. Batterie au naturel, basse dynamique et tout en rondeurs, guitares abrasives et dépouillées… d’une sortie à l’autre, ces caractéristiques demeurent. Naturellement, certaines nuances sont perceptibles ici et là (que ce soit dans le grain des guitares ou bien dans cette voix plus ou moins abrasive et plus ou moins en retrait) mais dans l’ensemble
Béton Nostalgie jouit d’une homogénéité qui lui confère des allures d’album plutôt que compilation.
Musicalement, si Syndrome 81 n’invente absolument rien, son Punk Rock fortement teinté de Oï ("À Coup De Gégène", "Pas Besoin De Toi", "Le Condor De La Rade"...), de Hardcore ("Brest La Grise", "Que Dalle", "Traître"...) et même un petit peu de Cold Wave (notamment sur un titre comme "Pulsions Électriques" et plus discrètement sur "Seul Contre Tous" ou "Dans Les Rues La Nuit") possède pourtant ce petit plus qui lui permet de faire la différence. Pour les Bretons, cela se joue grâce à ces mélodies désabusées qui puent la solitude et la désillusion, ces refrains ultra-fédérateurs que l’on se retrouve bien vite à scander à l’unisson et dans la place que tient Brest dans le coeur de nos protagonistes. En effet, cette ville du Finistère joue un rôle majeur dans les paroles de Syndrome 81 et d’une manière générale dans son identité. Une ville tout à l’ouest de la Bretagne, isolée et loin de tout, complètement détruite durant les bombardements de la seconde guerre mondiale et rebattit à la hâte à grand coup de béton. Une ville grise battue à l’automne et à l’hiver par une pluie incessante et des nuages bas et monochromes. Une cité portuaire où se cache derrière ces murs tristes une misère sociale que le groupe a su très justement mettre en musique et en parole. Des compositions telles qu'"Une Vie Pour Rien", "Recouvrance", "Désert Urbain", "Contre Vents Et Marées", "Seul Contre Tous", "Chaque Jour", "Dans Les Rues La Nuit" ou "La Rouille Du Quotidien" qui portent en elles ces sentiments de défaite, de désillusion, de solitude, d’amertume et de fatalité que l’on peut parfois ressentir dans ces villes où les gens se croisent mais ne se regardent pas, galèrent mais ne se plaignent pas, rêvent de partir mais finissent toujours par revenir...
Alors non, je ne suis pas vraiment rentré dans le détail de ces dix-huit compositions mais bon, c’est du Punk Rock quoi... Pas besoin d’avoir fait l’ENA pour savoir exactement de quoi il retourne. Cependant, comme évoqué plus haut, Syndrome 81 a pour lui cette personnalité bien marquée qui rend l’exercice particulièrement plaisant avec d’un côté ces sentiments défaitistes et désabusés et de l’autre ces mélodies et ces refrains terriblement entêtants. Au final c’est un gout de reviens-y qui marque chacune de ces dix-huit compositions. Des compositions qui pour les plus anciennes avaient déjà tout ce qui fait aujourd’hui le charme du Punk Rock des Brestois. Bref, s’il s’agit bel et bien d’une compilation,
Béton Nostalgie s’apprécie dans sa globalité pour son homogénéité mais surtout pour la qualité des titres simples mais ô combien efficaces et fédérateurs qui le composent.
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