"Oops, they did it again !"
L'année dernière, j'avais eu l'occasion de vous parler du premier longue durée de
Knoll, sextet de jeunots du Tennessee, qui en avaient gros, très gros. Totalement autoproduit, la formation tenant à son indépendance,
"Interstice" dévoilait un potentiel assez hallucinant en matière de Grindcore abâtardi. Certes pétris d'influences allant de la violence débridée d'un
Full of Hell à la déconstruction cauchemardesque d'un
Portal, ces douze titres menés tambour battant, à grand renfort d'effets Noise et de nappes abstraites, avaient su faire fondre mon petit cœur.
Après un split avec
Autolith, également décortiqué dans nos pages, une captation live du Roadburn et d'intenses tournées sur le continent Américain,
Knoll monte encore un peu plus en gamme, livrant
"Metempiric" à la face d'un monde apeuré, crispé d'avance face aux premiers extraits dévoilés quelques semaines avant sa sortie. Capté par Andy Nelson (spécialiste des sorties sans concession), mixé par Kurt Ballou (que je ne vous ferai pas l'affront de vous présenter) et masterisé par Brad Boatright de l'Audiosiege Studio,
"Metempiric" est un disque à l'Américaine : excessif, dans le meilleur et dans le pire. Treize titres, trente-trois minutes de ce que
Knoll sait faire de mieux, en forme de titre d'album à la
Revenge : Approcher.Terrifier.Massacrer.
Je leur ai reproché de vouloir faire du
Full of Hell mieux que
Full of Hell, ce qui est complètement con, tout bien considéré. La bande de Dylan Walker cherche à explorer de nouvelles sonorité depuis leur signature chez Relapse, quitte à en devenir parfois un peu chiant.
Knoll utilise tous les ustensiles à sa disposition non pas pour chercher à faire beau ou épaissir la sauce à l'eau courante, mais pour pousser tous les compteurs dans le rouge. Parfaitement illustrée par Ethan McCarthy, une fois encore,
"Metempiric" est une succession de titres ahurissants de brutalité et d'horreur purement abstraite, à la croisée du Grindcore - pour la mise à mort de tout compromis, du Death Metal - pour cette ambiance funèbre qui hante chaque note, et de tout ce que l'on veut bien mettre dans le grand tiroir fourre-tout du
Post-insère ton genre ici.
Bien simple, comme je l'ai dit : on prend les mêmes, et on recommence. Mais mieux.
Knoll ne fait certes pas du Grindcore cérébral, comme pouvaient le faire un
Discordance Axis ou un
Gridlink - Pour autant, loin de l'horlogerie
blast-beat / mid-tempo / blast-beat, le sextet de Memphis fait, une fois encore, preuve de sacrément d'intelligence et de finesse dans l'écriture de ses titres. Ramener une trompette en guise d'interlude sur un disque pareil, sans sonner putassier ? Oui oui, c'est possible, sur fond de larsens et de cordes grattées à vides que n'auraient pas renié certains Australiens, précédant l'un des titres les plus bruts du disque - la doublette "Dislimned" / "Gild of Blotted Lucre". Infuser de la dissonance sans être dans le décalque pur et simple de quinzaines de groupes qui l'ont déjà fait, et mieux ?
Idem, il suffit de demander à Evan, Ryan et Drew, dix-huit cordes et trente doigts passés maîtres dans l'art du mille-feuilles, tantôt pour sonner gros ("Clepsydra", redoutable ouverture; La seconde moitié de "Whelm", proprement terrifiante), tantôt pour détricoter, défaire, bref, déconstruire à base de riffs tarabiscotés sur lits de caisse claire frappée à grande vitesse ("Felled Plume", ou encore "Flux of Knowing", dont le riff d'intro n'aurait pas fait tâche sur
"Ion").
Tout
"Metempiric" est mené de voix de maître par Jamie Eubanks, féroce
frontman, qui hausse encore d'un cran la saignée de corde vocales qu'il s'infligeait déjà sur toute la longueur d'
"Interstice". Moins monocorde que par le passé, ses hurlements frénétiques et growls profonds laissent littéralement sur le carreau. On imagine la sueur, la veine saillante menaçant à tout moment de dégénérer en rupture d'anévrisme. Ses incursions électroniques ne sont jamais superflues, tombent toujours juste et finissent d'habiller sur-mesure des compositions dantesques. D'aucuns pourront considérer que les quatre dernières minutes de "Tome", qui conclut le disque, comme du remplissage éhonté, parce qu'elles se résument à un long et lent bourdonnement d'amplificateur, à peine troublé par le chuchotement des machines. A titre personnel, je trouvent qu'elles figurent parfaitement l'acouphène après le déluge, cri de souffrance des tympans que l'on aura mis à rude épreuve, et quasiment sans interruption.
Il aura donc suffi d'un an à
Knoll pour monter en Ligue 1 et muscler un peu plus un jeu déjà particulièrement technique.
"Metempiric" produit un Grindcore de très-haute volée, entre gratuité bovine et errements cosmiques, rouille de friches industrielles et chairs déchirées, bref, de la musique extrême, dans tous les sens du terme. Productif, et qualitatif, gageons que le groupe puisse, à l'occasion, quitter l'Amérique pour venir cracher son fiel dans les fosses du Vieux Continent. Sait-on jamais...
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