Hé oui ! Encore un groupe estampillé
Les Acteurs de l’Ombre que l’on va se fourrer dans les esgourdes et, pour celui-là, tu peux sortir une bonne bouteille de blanc sec parce qu’on va bouffer du bulot, des plateaux de fruits de mer à volonté.
HOULE s’est formé en 2021, vient de Paris, mais son truc c’est l’océan, les mondes marins engloutis. Evidemment, quand tu jettes un œil aux photos promotionnelles, ça ne pose pas dans les caves du neuf trois avec un pitbull ni de nuit dans la forêt de Rambouillet. Le groupe a sorti les cirés, les bottes en caoutchouc, les cordages, les marinières (maculées de sang certes), c’est pour le moins visuellement original… Bon, c’est vrai que si tu cherches la comparaison avec
THE VISION BLEAK et son mémorable «
The Deathship has a New Captain » ou encore
CARACH ANGREN, tu vas peut-être trouver le décorum un peu cheap mais, d’une, ce n’est pas le sujet, de deux, les formations n'évoluent pas du tout dans les mêmes registres. Disons que l’on est plus proche du clochard des mers (clin d’œil appuyé à Monsieur Manatane, « Navigateur solitaire ») qui s’est entaillé la main en ouvrant des huîtres que de Jack Sparrow. L’esthétique reste intrigante, plutôt cool même, et elle a le mérite de trancher avec les clichés habituels.
Du côté de l’artwork, le pari est osé mais le résultat est vraiment réussi. Il y a ce logo qui donne une impression brusque de mouvement, comme des lettres tracées dans le sable et effacées par les embruns, la représentation grossière, presque enfantine, des vagues, la falaise en arrière-plan, il y a une approche à la fois dépouillée et stylisée avec un travail sur le noir et blanc qui me donne envie d’en apprendre plus sur la formation mais également de découvrir le travail de la créatrice
Laure Jeandet.
Je vais quand même m’intéresser un peu à la musique, qui reste l’élément principal.
HOULE nous propose dans ce premier EP éponyme sa vision d’un
black metal mélodique au travers de quatre titres forts, riches de promesses. En cela, l’ouverture de « Le Continent » est idéale. Le cri des mouettes, un riff lancinant, une montée progressive puis l’explosion, le blast suivi du chant hurlé de
Adsagsona, une voix dans la tourmente, lancinante comme un vent qui hurle, froide comme du givre. Sans dire que c’est là que réside la force du groupe, il est clair qu’une vocaliste de ce tonneau (de rhum, appelez-moi pour animer vos anniversaires), ça ne se trouve pas sous n’importe quel bloc d’écume de mer.
« Au loin la tempête » fait résonner les cloches d’une annonce funèbre, celle des hommes en mer pris dans les déferlantes et des familles restées à quai, recluses dans leur angoisse. La structure même de la composition, en alternant les blasts et les calmes arpèges, retranscrit bien le mouvement des flots, tantôt déchaînés, tantôt apaisés et même si l’usage des sons de vent, de pluie, de clapots, de bois qui craque, etc. peut sembler abusif (il y en a aussi en introduction de « La dernière traversée ») cela contribue cependant à créer un climat cohérent avec le concept développé. « La dernière traversée » justement… Sans doute la pièce maîtresse de ce disque avec ses près de dix minutes qui démontrent que
HOULE en a dans la cale et est déjà en mesure d’écrire des œuvres musicales ambitieuses, même si les trois minutes finales auraient mérité d’être plus étoffées, la partie guitare solo particulièrement.
L’EP s’achève avec « Sous l’astre noir », un pur titre de
black rapide, un peu plus rustre et basique que les chansons précédentes mais qui conclut idéalement cette première sortie discographique avec un chouette tapping final. Maintenant, si j’essaie d’élargir un peu mon propos et de prendre de la hauteur, je ne pense pas faire offense à
HOULE en disant qu’ils ont encore une marge de progression, au niveau du chant déjà.
Adsagsona donne tout ce qu’elle a mais je trouve que les compositions gagneraient paradoxalement en intensité s’il y avait davantage de passages purement instrumentaux et moins de présence vocale. De plus, si le timbre pouvait s’émanciper des intonations à la
Alissa White-Gluz pour se rapprocher d’une
Mélanie Mongeon voire renforcer les aspects pur
black criard, on y gagnerait vraiment en termes de différenciation. De même, les quelques passages narrés en voix claire me semblent assez dispensables, ceci étant bien entendu totalement personnel. La chanteuse fait quoi qu’il en soit un super boulot : ses lignes vocales sont toujours bien placées, variées et les textes en français sont compréhensibles, un exercice toujours périlleux.
Du côté de l’instrumentation, il manque peut-être encore quelques riffs ou des mélodies épiques plus mémorisables, les quatre chansons marquant surtout les esprits par leur cohérence interne mais elles ne laissent au final qu’une impression globale sans que l’on puisse vraiment se remémorer un passage en particulier. Par conséquent, «
Houle » s’avère être un très bon disque pour débuter une carrière et il sera intéressant de voir la formation en ouverture de
GRIMA dès janvier 2023 mais je vais cependant attendre la sortie d’un LP pour voir si le projet ne prend pas l’eau en haute mer. Evidemment, c’est à suivre et à encourager des deux mains.
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