Après deux albums et une compilation publiés sous la bannière de Century Media, Necrowretch s’en est allé rejoindre les rangs de Season Of Mist. Une signature officialisée aujourd’hui par la sortie d’un troisième album intitulé
Satanic Slavery. Et comme un changement n’arrive jamais seul, le groupe a également choisi de ne plus faire appel aux services de Milovan Novaković, illustrateur monténégrin en charge des artworks de la formation depuis 2010. C’est donc le Chilien Daniel Corcuera aka Nekronikon (Slaughtbbath, Diocletian, Maveth…) qui signe ici l’illustration tentaculaire et particulièrement malfaisante de ce nouvel album sur lequel est d’ailleurs apposé un logo quelque peu revisité. Côté line-up, ce disque marque également l’arrivée de Kevin Desecrator (Demonic Oath, Venefixion, ex-Perversifier…) en lieu et place d’Amphycion parti courant 2015. Bien que le Breton ait déjà largement collaboré avec Necrowretch depuis 2012,
Satanic Slavery est là son premier album en tant que membre à part entière. Beaucoup de changements pour un disque qui, très vite, va pourtant s’imposer comme une suite logique à tout ce qu’a fait le groupe depuis l’excellent
Putrid Death Sorcery.
En effet, n’allez pas croire que Necrowretch se soit donné pour mission de bouleverser le petit monde du Death Metal. Sa musique, fidèle à ce qu’elle a toujours été, s’inscrit dans une démarche radicale et rétrograde où l’originalité n’a pas particulièrement droit de citer. Un choix qui laissera sur le carreau toutes les personnes préalablement refroidies par les précédentes réalisations des Français mais qui, à l’inverse, saura trouver grâce aux oreilles de tous les amateurs de la première heure.
Autant vous dire qu’en ce qui me concerne,
Satanic Slavery s’est très vite imposé comme un digne héritier des excellents
Putrid Death Sorcery et
With Serpents Scourge, deux albums redoutables menés le couteau entre les dents. Un rythme d’enfer que le groupe s’applique une fois de plus à reproduire ici sur des morceaux à la durée pourtant encore un peu plus allongée. Avec huit titres pour trente-huit minutes, ce troisième album est ainsi le plus long que Necrowretch ait sorti et paradoxalement le moins fourni quantitativement parlant. Il semblerait donc que les Français aient choisi de développer encore davantage leurs compositions tout en conservant cette intensité comme principal fil conducteur. Une frénésie qui rappelle deux groupes avec qui Necrowretch partage énormément de points communs : Merciless et Grotesque.
Au-delà de ce goût pour les séquences menées tambours battants, on retrouve effectivement chez Necrowretch une certaine ambivalence qui, à la manière des deux groupes précédemment cités, fait toute la différence. Car si on ne compte plus aujourd’hui le nombre de formations estampillées Black/Death, plus rares sont celles capables d’avoir autant de personnalité. Pourtant, les Français n’inventent rien et reprennent à leur compte une formule essentiellement suédoise (même si on pourra y entendre du early-Death et early-Morbid Angel) développée à l’orée des années 90. Ainsi, bien plus que cette cadence particulièrement soutenue appuyée par un batteur généreux et appliqué (il va falloir vous accrocher car le père Ilmar Marti Uibo ne fait pas les choses à moitié), c’est donc surtout la qualité des riffs simples mais entêtants ainsi que ces mélodies sinistres et glacées qui donnent aux compositions de Necrowretch tout son charme. Il se dégage ainsi de l’ensemble une atmosphère sombre et pernicieuse rendue encore plus malfaisante grâce à la voix possédée, complètement arrachée et bardée de réverb’ d’un Vlad au bord de la folie.
Avec
Satanic Slavery, Necrowretch assoie encore davantage sa position déjà confortable au sein de l’underground hexagonal. En dépit d’un line-up qui n’a pas cessé d’évoluer, Vlad et ses acolytes restent très attachés à cette vision relativement unique dans laquelle viennent se mêler sonorités Death et Black Metal pour un résultat d’une efficacité redoutable. Effectivement, la formule proposée par les Français n’a rien de neuf, pourtant le groupe réussit album après album à se distinguer du reste de ses homologues grâce à une approche frénétique marquée par une certaine identité qui, si elle trouve racine chez des groupes connus de tous (ou en tout cas qui devraient l’être), n’en demeure pas moins encore aujourd’hui d’une relative fraicheur (si tant est qu’on puisse parler de fraîcheur pour un groupe tel que Necrowretch). Un retour en grande pompe pour un groupe qui n’a jamais déçu. Vive la France.
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