Appalling - Sacrilege
Chronique
Appalling Sacrilege
Depuis la sortie du très bon
« Inverted Realm » publié il y’a déjà plus de trois ans on avait un peu perdu de vue le combo de Richmond, qui hormis un Split avec leurs amis et voisins de HOBOKNIFE s’était fait particulièrement discret au point qu’on en avait presque oublié son existence. Pourtant celui-ci est toujours actif (malgré du mouvement en interne et l’arrivée sur le label Personal Records), il a juste pris son temps pour composer ce troisième opus qui est clairement celui du faux-pas interdit s’il veut grimper dans la hiérarchie, au risque d’être condamné définitivement à l’obscurité et la deuxième division où il évolue depuis sa création en 2015. Car si le précédent album contenait de très bonnes choses en piochant dans nombre d’influences et styles divers il était plombé par une pochette peu ragoutante et surtout une batterie beaucoup trop faiblarde, qui ne rendait vraiment pas service aux compositions pourtant de très bonne tenue. Il faut croire en tout cas que les gars sont sourds à ces critiques ou alors souffrent réellement d’une faiblesse auditive, car on va retrouver ce même défaut concernant le kit du frappeur qui bien que réalisant une prestation technique impressionnante n’est guère mis en avant par ce son en mousse préjudiciable.
Alors oui on est loin (et heureusement) de l’atroce casserole Tefal de Lars Ulrich… mais il est vraiment regrettable qu’un disque de cette qualité comme ce « Sacrilege » ne bénéficie pas d’une production correcte pour cet élément indispensable. Car pour le reste le groupe a clairement passé un cap et offre carrément sa meilleure réalisation à ce jour, qui va montrer une technicité de dingue conjuguée à une violence constante et surtout une noirceur impénétrable, sans pour autant que la lassitude n’émerge quelque part. Si au départ les Américains vont donner le ton de façon très classique mais redoutable via les très courts « The Morningstar Afer » et « Life In Prism » (qui vont dévoiler toutes les variantes rythmiques à venir sur une durée plus conséquente), cela va véritablement exploser sur « Gilded Restraints » où le grand-écart se fait plus conséquent et donne ainsi l’impression que tout va exploser d’ici peu. Cela arrive effectivement au milieu de moments remuants au tempo endiablé, mais où la sensation d’écrasement comme l’écriture de haut-niveau ne font jamais dans l’indigeste où le trop-plein, tant la cohérence et l’homogénéité restent constantes jusqu’à l’ultime seconde de cet enregistrement. Celui-ci va encore grimper plus haut dans la foulée avec l’arrivée du complet « Unwavering Feeling Of Dread And Despair » qui va proposer tout le panel de jeu, agrémenté d’accents tribaux au milieu de vagues d’accélérations débridées et ralentissements pachydermiques.
Car si les coups de boutoir pour l’auditeur étaient déjà bels et biens présents ceux-ci vont encore s’amplifier et en premier lieu sur le monstrueux « Father Inferior », qui va dévoiler des accents épiques de haute lutte (où l’envie d’en découdre est à son paroxysme) et qui vont trouver leurs places facilement entre les rasades de blasts furieux où l’allure ne ralentit quasiment jamais. Si cette dernière va revenir de façon plus marquée sur les excellents « Collection Plate » et « Pavilion » ce sont encore les plans enlevés qui sont les plus présents, et vont parfaitement se greffer aux nombreuses variations et cassures qui densifient encore un peu plus une musique qui fracasse tout sans jamais relâcher son étreinte. Offrant toujours quantité de moments de grâce où ça permet autant de respirer que de se prendre une ribambelle de tabassage dans la gueule, ces morceaux à l’obscurité intégrale et au désespoir total font preuve d’une maîtrise impressionnante de la part de chacun des musiciens qui dévoilent toute leur expérience dans un registre pourtant difficile d’accès et qui a souvent tendance à vite s’épuiser et à devenir redondant en moins de deux. Rien de tout cela ici et cela est franchement impressionnant dans ce chaos maîtrisé où la rigueur est reine et où les choses vont encore aller plus loin et plus fort, tout d’abord via le débridé « Nunsploitation » plus frontal et direct mais toujours aussi jouissif et imposant avec son martelage en règle quasiment constant (ponctué de plans médium pour secouer la nuque comme un dératé), avant que l’apothéose finale n’intervienne en la personne de « These People Need To Die » qui durant plus de sept minutes va offrir un récital qui condense tout ce qu’on a pu entendre auparavant. Radical autant que fouillé et primitif -tout en étant rempli de variations, cette dernière plage va finir d’achever les derniers réfractaires comme de satisfaire tout fan de Death qui se respecte, et qui va ici prendre son pied de façon permanente sans être perdu en cours de route malgré une certaine complexité.
Il va en effet falloir du temps et de nombreuses écoutes pour bien découvrir et assimiler chaque plan comme pattern qui vont se découvrir progressivement, si on se donne la peine de se mettre en bonne condition pour bien apprécier tout cela. Sous ses airs de mur du son putride et impénétrable l’écriture de l’entité se révèle néanmoins plus fine qu’il n’y paraît et l’on se surprend à y entendre quelques subtilités spécifiques sur chaque composition, et ce même si l’impression d’avoir parfait affaire à la même chose peut légitimement se faire sentir (bien qu’aucune lassitude ne pointe le bout de son nez). En cette année qui a vu nombre de sorties de qualité dans le style de l’autre côté de l’Atlantique (PHOBOPHILIC, AUTOPHAGY…) il fait peu de doutes que les gars de Virginie vont se placer dans le haut du panier de leur pays, et ce malgré des titres assez longs mais qui ne sont jamais lassants. On aura donc compris qu’il n’y a aucune raison de passer outre ce long-format implacable et inspiré, qui confirme les bonnes choses entendues chez ses créateurs auparavant et qui se bonifient avec l’âge sans faire de bruit mais avec fermeté et conviction, preuve d’une authenticité et d’une vision intègre particulièrement bienvenue et appréciable et dont APPALLING en est un des meilleurs exemples.
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