Nécropole - Yoga
Chronique
Nécropole Yoga
Si le personnage ne manque pas de diviser il faut bien reconnaître qu’Amertume est à l’heure actuelle un des meilleurs compositeurs de la scène extrême hexagonale, tant chacune de ses sorties se montre aguicheuse au possible et porte haut le fier étendard du Metal noir de notre beau pays. S’il a le don de proposer une formule connue et standardisée celle-ci fait mouche à chaque fois dans chacun de ses projets qu’ils se nomment CAVERNE ou NECROPOLE, et qui ont chacun leur identité propre et reconnaissable immédiatement. S’il a arrêté il y’a un peu plus d’un an les activités du premier (avec le magnifique « La fin de tous les chants » pour boucler la boucle), en revanche il continue avec le second… et avec raison tant ça se ne cesse de se bonifier avec l’âge pour atteindre aujourd’hui des sommets. Car la force du chanteur et multi-instrumentiste est de repousser à chaque fois ses limites sans se compromettre ni tomber dans la facilité, et si l’on pensait que le sublime
« Solarité » était le pic de sa carrière force est de reconnaître que ce « Yoga » trouve le moyen de le dépasser, bien qu’au départ de nombreux fans aient pu avoir des doutes. En effet pour la première fois le chant en français n’est pas présent et est remplacé à 100% par l’anglais, un choix qui a surpris avant que finalement le charme n’opère au fur et à mesure des écoutes avec ces paroles plus spirituelles et transcendantales que ce à quoi nous étions habitués jusque-là.
Cela va aussi apparaître au niveau des ambiances de façon plus ou moins prononcée, à l’instar de l’interlude « Thousand Petaled » totalement planant et mystique où les claviers et atmosphères prennent le dessus sur l’électricité. Néanmoins ce court moment d’apaisement ne sera qu’une parenthèse au milieu de déferlantes énergiques et enlevées sans pour autant que le mysticisme ne soit oublié, principalement sur le nostalgique et désespéré « Sound Is The Source » qui tout en gardant une base ultra-classique va développer une grosse base mid-tempo remuante et presque dansante sur certains plans. Cela va ainsi dévoiler une certaine mélancolie qui va trouver son paroxysme dans la foulée sur le perturbé et perturbant « The Manifold Realm », où ça ne va pas être de tout repos. Continuant dans la foulée de la plage précédente elle se fait en revanche moins accessible et plus tortueuse tant l’ensemble va demander une grande concentration, de par les nombreuses variations rythmiques et changements incessants mais d’où émerge au milieu du chaos ambient un excellent solo qui amène de la douceur et une cohésion générale. Néanmoins tout cela ne dépareille pas tant on retrouve instantanément le son si reconnaissable de son géniteur, qui a haussé ici son niveau de jeu sans rendre l’ensemble indigeste – même s’il va préférer revenir aux fondamentaux et jouer sur une certaine simplicité et immédiateté.
Car dès le départ on sait où est placé le curseur tant « Lustration » est reconnaissable immédiatement avec ses notes affûtées et son entrain généralisé, vu que c’est épique à mort et propice à prendre les armes pour guerroyer tout en proposant une vitesse majoritaire qui sait cependant ralentir quand il y’en a besoin. Autant dire qu’on n’est absolument pas dépaysé et tant mieux car c’est cela qu’on recherche vu que le loustic sait parfaitement mener sa barque et accrocher comme d’habitude instantanément l’auditeur, comme le reste de ce disque va le confirmer une fois de plus. Car même en allant sur une durée plus courte l’ensemble ne donne jamais la sensation d’être bâclé ou décevant, à l’instar du furieux « Withershins » qui ne débande pas un instant tout en restant sur une rythmique enlevée et une écriture plus expéditive, sans que le dynamisme ne s’en trouve restreint. Celui-ci étant la marque de fabrique de son auteur il aurait été dommage qu’il ne soit pas en bonne place ici, et c’est totalement le cas notamment sur la tuerie intitulée « Scivias » que l’on aurait presque aimer voir durer plus longtemps. Tout ici est en effet réuni pour nous embarquer en pleine tempête où le vent et le froid se donnent le mot pour rendre cette épreuve compliquée d’avancer au milieu des rafales et bourrasques… et pourtant on arrive à s’accrocher tant la violence y est jouissive au possible, et offre un sentiment de toute puissance où rien ne semble pouvoir arriver de négatif. Jouant sur toute l’alternance des tempos typiquement nécropolienne ce titre figure probablement parmi les meilleurs jamais écrits par sa tête-pensante jusqu’à présent… du moins le croyait-on avant la conclusion (« The Yoke ») qui déboule en force pendant dix minutes, et va finir d’annihiler toute volonté de résistance. Poussant ici la diversité et le dynamisme à leur paroxysme cet ultime morceau va être un carton total où toutes les émotions vont être mises sur le devant de la scène, la brutalité débridée côtoyant des passages plus lents pour respirer et des arpèges apaisants d’une grande finesse pour emmener l’auditoire définitivement ailleurs.
Symbole absolu du bijou qu’est ce second long-format cette composition (tout comme les précédentes) happera littéralement et instantanément tous ceux qui s’en approcheront… de près comme de loin, et ce quel que soit l’idéologie de chacun. Car s’il faut séparer l’œuvre de son auteur force est de reconnaître qu’à l’heure actuelle le combo est probablement une des plus belles réussites en matière d’art noir local, et qu’il ne cesse de se bonifier avec le temps sans y perdre son charme authentique et sincère. Impeccablement redoutable et montrant qu’on peut évoluer légèrement sans perdre son identité ce cru 2023 porte parfaitement son nom, tant il emmènera l’auditeur dans des abîmes obscures très loin de notre quotidien terrestre et de la routine destructrice, et tout cela fera le plus grand bien. Radical et rutilant à la froideur majestueuse cet album s’impose déjà comme une des réalisations majeures de cette année et il va falloir clairement faire fort pour aller le chercher vu qu’il n’a aucun défaut… hormis celui de passer beaucoup trop rapidement vu qu’on en aurait bien repris une rasade supplémentaire. Mais cela n’est vraiment que de l’ordre du détail tant cette temporalité sera oubliée par la qualité lumineuse présente constamment et par ce sens de l’écriture si caractéristique de son auteur, qui s’est sublimé pour notre plus grand plaisir preuve de son immense talent et de son statut qui n’est plus à démontrer.
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