[ A propos de cette chronique ] Les demos ne passionnent plus trop les foules mis à part les die-hard fans, les collectionneurs(ses) ainsi que les dénicheurs(ses) de groupes. Pourtant celles-ci cachent de véritables pépites – Bölzer, Éos, Khthoniik Cerviiks, Malthusian, Muknal, Swarþ et j'en passe ! – permettant aux formations de se faire connaître auprès des labels et du public, avant de sortir un longue-durée ou non (cf. Vlad Tepes ou encore Rhinocervs). D'ailleurs nombreuses sont les œuvres de qualité parues depuis le début de l'année 2015 et
Ostara, seconde demo des Français de Nécropole, fait indéniablement partie de celles-ci. Que ce soit le visuel tant sobre que classe – « Scene im Hades» de l'Allemand Fidus – et à la forte portée symbolique ou la démarche très intègre du trio, nostalgique de la scène des années 80-90, tous les ingrédients étaient réunis pour plaire. Résultat : après l'écoute de cette dernière, via le net, je me suis enquise sur cette obscure entité et ai vite mis la main sur leurs deux sorties réalisées via Résilience – une structure des plus confidentielles.
Une acquisition certes rapide mais loin d'être regrettée même si
Atavisme... (2014) est nettement distancée par son successeur. En effet, si l'écoute ne marque pas forcément les esprits par un ensemble un peu trop classique, elle n'en reste pas moins agréable, constituant une base solide sur laquelle Nécropole va pouvoir ériger son Empire. Néanmoins la pâte du groupe reste facilement identifiable avec une production bien raw, un riffing inspiré par la scène finlandaise ainsi que ce mélange entre rugosité, haine et mélancolie.
Ostara se pose donc comme la suite logique de la première demo, tel un second chapitre, beaucoup plus abouti, sophistiqué et percutant. Déchéance, Amertume (Caverne) et Brume (alias Fog : Norman Shores, Aurvandil, ex-Caverne) élèvent le niveau d'un cran grâce à des compositions encore plus travaillées et épiques, une petite touche de modernité et des influences mises sur un pied d'égalité. Le trio est incisif, prenant à la gorge d'entrée de jeu avec le titre introductif « Immanence », où vous êtes à la fois happés par ce bourdonnement constant et ensorcelés par les riffs extrêmement accrocheurs, groovy et entêtants, renvoyant à Horna.
La tension est palpable de bout en bout, Nécropole ne relâchant jamais la pression malgré quelques courts breaks et passages plus lents – sur « Trahison Fratricide » notamment. Le rythme reste relativement élevé avec un Brume déroulant les blast beats. De plus certaines mélodies sont ici beaucoup plus plus riches, actuelles et lumineuses donnant un côté sur-épique à l'ensemble à vous donner des frissons –
« Nécropole » – et semblant toutes droit sorties de
Let the Devil In de Sargeist. Un aspect qui accentue le côté guerrier des titres et met en relief le propos de la formation, montant crescendo au fil des minutes pour un final des plus jouissifs sur le dernier morceau avec un riff heavy puissant et très bien senti. Une lutte menée a tombeau ouvert où les émotions viennent inconsciemment se mêler. La rage et la nostalgie souvent cohabitent portées par la voix très arrachée et légèrement dépressive de Déchéance ainsi que les lignes poignantes à la Baptism (
Morbid Wings of Sathanas étant un bel exemple). Tels des alchimistes, le groupe combine avec aisance différents éléments afin de délivrer leur précieuse mixture avec
Ostara, une œuvre très addictive dont les effets d'accoutumance ne feront que croître au gré des écoutes.
Si l'ombre de la Finlande se profile sur cette demo le trio arrive toutefois à se démarquer grâce à de nombreux éléments : une personnalité forte, un côté plus martial, le parti pris du chant en Français, une âpreté et mélancolie singulière ainsi que des paroles dénuées d’occultisme et très radicales (cf. Caverne, le projet de Amertume). Car Nécropole ne cache pas son idéologie en délivrant dans le livret ses trois textes assez abstraits, fusionnant de façon décousue mythologie, passé et monde contemporain. Autant les amateurs et amatrices de groupes de black metal subversifs ou même nationalistes trouveront forcément leur bonheur auprès des Français mais les autres devront mettre – comme moi – leur plus beau pince-nez voire passer leur chemin. Néanmoins ce serait passé à côté d'un petit bijou de noirceur que de ne pas faire abstraction de cette doctrine. Une œuvre extrême en tout point qui vous caresse dans le sens du poil par des riffs mélodieux puissants et aguicheurs, plaçant Nécropole dans la liste des formations à suivre de près.
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