Faisons comme Drastus sur son nouvel album en n’y allant pas par quatre chemins : rarement black metal aura sonné aussi sauvage, évident, et fervent, complexe, en même temps et de manière aussi intense ! Une véritable surprise, de la part d’un projet qui œuvrait dans une obscurité totale jusqu’à nous être inconnu – et ce, malgré une discographie relativement conséquente. Dix ans après l’étrange EP
Serpent’s Chalice – Materia Prima, voilà pourtant la formation revenir sous la bannière du réputé Norma Evangelium Diaboli, intégrant ainsi un catalogue de choix pour ceux aimant faire rimer « croyance » et « violence ». Arrivé sans s’annoncer,
La Croix de Sang déboule comme un molosse, prêt à mordre les jambes d’une armada de dévots aux tremolos de plus en plus jolis sur la forme et vides sur le fond. Sans laisse et sans répit.
Dès les deux premiers morceaux, l’entité semble tracer un chemin d’épines – tortueux et éreintant. Une cérémonie à Sa Gloire qui est menée tambour battant et tout riffs dehors, sans préambule. Le souffle chargé de soufre provoqué par la déflagration ne retombe jamais et se densifie au fil des minutes. Passé le monstrueux « Ashura », les compositions s’étirent et les ambiances se dévoilent davantage comme sur « The Crown of Death ». Drastus dépeint son monde – en déclinaison de noirs –, invoque, psalmodie par un chant black ou clair totalement habité, avec une brutalité froide ou bien de façon plus rampante et vicieuse. Le climat est lourd chargé de miasmes même sur l’instrumental « Hermetic Silence » ainsi que lors de passages mid et low tempos. Pas de rite initiatique ni de volonté de fédérer mais une foi ardente et authentique qui vous brûlent les yeux. Tel l’Ouroboros, cet album se clôt par une spirale sans fin mise en musique par des lignes de guitares répétitives et entêtantes du psychédélique et ténébreux « Constrictor Torrents » - qui ravira, à n’en point douter les fans de Wormlust.
Une austérité qui fait plus que la différence, tant Drastus – sous ses airs de vouloir offrir un black metal des plus efficaces – développe un amour pour la Bête bien à lui. C’est qu’avec un tel label et une telle nationalité, on aurait vite fait de mettre les Français dans une case déjà remplie de capuchards sordides connus et reconnus. Et s’il est clairement proche de quelques noms (Aosoth, Merrimack ou encore Funeral Mist, excusez du peu !), sa simplicité de surface rend l’expérience particulièrement spéciale : jamais le mot « révélation » n’aura aussi bien sailli à un disque de black metal,
La Croix de Sang faisant l’effet d’un schlass tenu de la main de la Vérité. Drastique, la formation l’est clairement, avec une telle maîtrise qu’elle conserve son effet de violence vécue au cœur du Mal au fur et à mesure des écoutes. Pourtant, l’occasion fera aussi le larron au sein de ces quarante-sept minutes aux crocs constamment sortis, car telle théologie ne s’encombre pas de pédagogie, pouvant devenir selon les humeurs voie royale ou hermétisme trop appuyé. Ici, comme dans les meilleures œuvres, il va falloir s’impliquer et croire. La récompense viendra d’elle-même.
Cet album, aussi dérangeant et dévastateur soit-il, dégage une sorte de pureté. Un esthétisme singulier, noir, qui fait ici toute la différence. Il suit sa propre ligne de conduite chaotique et vous transcende au gré des écoutes. Il instille Sa parole sans fard, à vous d’en décrypter les mots, de découvrir les symboles cachés. Une œuvre dense et exigeante donc mais ô combien jouissive.
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