[ A propos de cette chronique ] Si vous suivez avec attention et régularité les vidéos de notre collègue
capuché, vous savez que les ragots colportés par les drogués à l'encens et autres
neckbeards mal lavés sont faux - contrairement à ce que les intervenants d'un certain documentaire auraient pu laisser entendre. Le Black Metal français se porte à merveille, de ses rejetons connus et reconnus jusqu'à ses formations plus confidentielles. Nécropole en est la preuve, respectueux de ses vieux aînés (la clique toulonnaise en tête), donc traditionnel jusqu'au bout des ongles - et qui aura compris que
"tradition" ne rime pas forcément avec
"riffs-poncifs enregistrés sur un vieux six-pistes". Le trio suit sensiblement le même schéma que son pendant romantique Caverne : après que leurs deux
"démonstrations", "Atavisme..." (2014) et
"Ostara" (2015) se soient retrouvées épuisées (petit tirage oblige), décision fut prise de les réunir dans un pressage CD l'année dernière.
Galette sobre, pochette classieuse (six morts pour six titres), livret en papier vieilli... L'objet, édité par Northern Heritage, est à l'image des deux formations de l'écurie Résilience : brut. Une sortie qui m'arrangeait bien car, ayant pu mettre la main sur la première cassette sans trop de heurts, la deuxième m'était passée sous le nez - et je n'avais pas vraiment envie d'engraisser les spéculateurs forcenés d'internet. Ce disque tombe donc à point-nommé pour ceux qui connaissaient la formation mais avaient été pris de vitesse, comme pour ceux qui découvriraient Nécropole par cette chronique et chercheraient le frisson d'un Black Metal pur, aux guitares acérées et à la voix proprement habitée.
Nous ne parlerons pas des trois derniers titres de cette compilation, tirés de
"Ostara" : je vous renvoie à sa chronique, fort bien rédigée par Dysthymie, pour cerner l'objet. Hormis la voix, un peu plus en retrait, et le son un poil plus étouffé, il s'inscrit dans la droite lignée de "Atavisme...", sortie sur lequel nous nous concentrerons. Et que, contrairement à ma collègue, je préfèrerais presque à son aînée.
Le projet Caverne, aussi puissant et évocateur soit-il (je vous mets au défi d'écouter "Sentiers d'Avant" et de ne pas avoir envie de bomber le torse), n'est pas au niveau de puissance de Nécropole. Le trio revendique ses influences et les met au service d'un Black Metal véloce, sans fioritures, dont le son âpre rend service aussi bien à son aura "confidentielle" qu'à son atmosphère sulfureuse. La partie vocale arrachée de Déchéance (finalement assez similaire à Amertume dans son projet personnel) colle à la teneur des textes, gloubi-boulga aussi exalté que tendancieux : ils sont certes très bien écrits, mais soigner et enluminer la forme ne suffit pas à faire oublier un fond qui oscille entre racialisme et antisémitisme. Violent thématiquement comme musicalement, la force des compositions de "Atavisme..." reste telle qu'elle permet à l'auditeur doté d'un minimum de principes de balayer un peu honteusement le fond idéologique (qui semble être propre à Résilience) sous le tapis le plus proche.
Pas le temps de niaiser, le disque, comme la cassette, démarre sur un blast-beat impeccablement carré, couplé à un riff en forme d'hommage aux plus belles œuvres de Seigneur Voland, n'hésitant jamais à monter dans les aigus (le motif central de "Perdition de l'Atavisme Cristallin" en serait presque hystérique). Rendu à mi-chemin entre la
"saine haine atavique" revendiquée par Amertume et le désespoir, plutôt versé dans le
Seul contre Tous que la pleurniche solitaire. La section rythmique est exemplaire, Brume gardant le tempo soutenu, tout en se payant le luxe d'apporter un peu de groove à ses plans, entre le dôme de la ride que l'on frappe sèchement et les parties presque punk - "Souveraineté du Maudit". Ce dernier titre met d'ailleurs de l'eau dans le vin rouge sang de Nécropole, interrompant l'ambiance vindicative au profit d'un démarrage très sentencieux, suivi par des tapis de
tremolo totalement mystiques, présents en ouverture jusqu'en un final abrasif (coucou la Finlande), où les cordes sonnent au loin, au-delà du champ de bataille (au fond d'une Caverne ?). Image d'un rituel païen aux morts encore renforcée par la courte partie ambiante qui clôture le titre, sur laquelle est venue se greffer un texte chuchoté par Déchéance (et passé à l'envers). On ne comprend rien (ce qui vaut peut-être mieux), mais l'effet reste le même : un sas de décompression après le déluge.
"Atavisme..." est à l'image de
"Ostara", en plus brut, avec moins de fioritures (même si le clavier à la fin du titre "Immanence" rend complètement fou) mais pas moins de force de frappe. Les écoutes successives de cette compilation renforcent un constat déjà avéré après la découverte des réalisations de Caverne : Résilience fait partie de ces écuries qui maintiennent la flamme du Black Metal bien vive. Malgré le kitsch assumé, la confidentialité forcenée et le côté
"BM = Sulfureux" revendiqué qui peuvent parfois prêter à sourire, ne nous mentons pas : nous adorons ce genre de formations qui rappellent l'atmosphère brute et sectaire des débuts du style. Et c'est ce pourquoi "Nécropole" est un objet indispensable, à conseiller aussi bien en tant que remède de cheval pour ceux qui claironnaient que le Black Metal contemporain n'avait rien à offrir, qu'à ceux qui cherchent avant tout l'authenticité dans leurs disques de métal noir.
Petit aparté, pour ceux qui, comme moi, n'étaient pas au courant : Nécropole s'est récemment produit en
live à l'étranger. Malheureusement, vu le fond idéologique et la teneur crue du propos, peu de chances de les voir sur scène dans l'hexagone autrement qu'entouré de ses congénères idéologues : obsédés du soleil noir, des croix solaires
"... et autres germes de pourriture".
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