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Cold Cell - Age Of Unreason
Chronique
Cold Cell Age Of Unreason
Sans faire de bruit et à force de travail la formation basée à Bâle s’est progressivement imposée comme étant un des étendards de la scène noire de son pays, et ce malgré un vrai manque de reconnaissance comme de notoriété qui n’a cependant jamais eu d’effet sur sa motivation comme la qualité de ses sorties. Revenant aujourd’hui avec un cinquième album (qui fait suite au très réussi
« The Greater Evil ») le quintet inchangé et désormais signé chez les voisins d’outre-Rhin d’AOP Records continue son travail d’exploration psychologique du monde moderne, aux textes racontant autant la perte de spiritualité actuelle que celle de la conscience morale et dont l’écriture se fait de plus en plus affûtée sur fond de musique toujours aussi froide et noire où un certain modernisme Post-Black côtoie un certain classicisme assumé, le tout sur fond de tempo majoritairement bridé. Et si par le passé l’entité avait poussé loin son processus elle réussit ici à aller titiller nos ultimes résistances psychologiques, sans jamais tomber à côté ou dans le pompeux... et ce malgré quelques petites longueurs et un sentiment d’avoir souvent affaire à peu près à la même chose.
Pourtant tout cela ne va être nullement rédhibitoire car dès les premiers instants de « Hope And Failure » on va être happé par cette ambiance où la glace et l’obscurité se côtoient mutuellement, aidées en cela par de régulières ambiances tribales (que l’on va d'ailleurs retrouver tout au long de ce disque) où le tempo va rester majoritairement bridé afin d’offrir un sentiment de perdition dans le cosmos sans fin. D’ailleurs ce dernier ressenti ne va cesser de s’accentuer par la suite et en premier lieu sur « Dead To The World », où résonne quelques arpèges froids entre des rasades de blasts et autres moments plus écrasants pour un rendu hypnotique et planant où la brutalité se fait plus discrète, au profit d’ambiances spatiales éthérées et atmosphériques. Celles-ci vont encore monter en intensité sur les désespérés et magnétiques « Left » et « Solidarity Or Solitude » où les accents Doom sont clairement présents, et ont pour but d’accentuer ce sentiment d’écrasement aidé en cela par une voix écorchée où toute la souffrance du monde semble être sur les épaules du chanteur. Ralentissant clairement l’allure le combo livre ici deux morceaux riches en atmosphères aussi bien solaires que ténébreuses et au dynamisme insolent, ponctué de plans rampants comme d’explosions violentes que l’on pourrait comparer aux éruptions du soleil comme à une supernova qui ne cesse de grossir jusqu’à sa fin ultime.
Si tout cela depuis le départ contenait quand même une dose de brutalité suffisamment présente « Meaningless » va au contraire la mettre totalement sur le bord du chemin, vu qu’ici l’ensemble va lorgner clairement vers le Gothique comme le Post-Punk le plus synthétique avec l’apport vocal d’Ines Brodbeck, dont le chant doux et posé se mêle parfaitement à celui du frontman qui offre un autre type de tessiture par rapport à ce qu’il nous a habitués jusque-là. Moins virulente et beaucoup plus triste (voire mélancolique sur certains points) cette plage totalement à part montre un groupe qui sait densifier son écriture sans pour autant se renier, et il y arrive particulièrement bien tant malgré la violence diffuse on se laisse facilement emporter dans cette brume gazeuse. Cependant cela sera le seul passage différent de cet enregistrement car avec « Discord » qui arrive juste après c’est le retour aux fondamentaux qui s’impose avec plus de virulence comme de technique, au milieu de nombreux ralentissements fluides et implacables qui servent de transition idéale avant la conclusion intitulée « Sink Our Souls », à la montée en pression progressive et où tout le panel de jeu de ses auteurs va retentir une ultime fois... porté par un ressenti qui agit tel un requiem tant on sent la fin approcher de façon si mystérieuse.
Du coup si tout cela va demander du temps et de la patience pour être totalement assimilé (vu que malgré sa relative accessibilité l’ensemble est bien plus profond qu’il n’y paraît) on ne peut que féliciter les Helvètes pour la qualité du travail proposé ici, vu qu’ils livrent sans doute leur long-format le plus abouti et personnel. Si l’on va se prendre une bonne dose de gelures avant d’en arriver au bout il fait peu de doutes que l’on a ce qu’il faut pour apprécier ces quarante-six minutes, qui même si elles peuvent parfois sembler un peu longues seront largement compensées par ce voyage plaisant à travers les astres et le vide, et où le cerveau lui aussi fait son introspection en essayant de trouver le repos et l’apaisement au milieu de tout cela. S’il est évident que COLDCELL mérite une meilleure exposition de son travail (vu qu’il ne déçoit jamais) on ne peut lui reprocher de continuer à s’accrocher, malgré le fait qu’au milieu de cette vaste concurrence internationale il ait du mal à se démarquer. En tout cas une fois qu’on sera venu à bout de cette nouvelle livraison on appréciera de se la remettre de temps en temps, en attendant un successeur qui sera sûrement dans cette même lignée avec probablement les mêmes commentaires positifs comme négatifs. Tout cela sera finalement largement bénéficiaire pour ses géniteurs qui sont aujourd’hui maîtres de leur art sans chercher à se mettre en avant... car celui-ci se mérite pour ceux qui prendront la peine de se pencher dessus, signe de se qualité où le travail prime sur l’image et le paraître... et on ne peut pas leur donner tort à ce sujet.
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