Black Orchid Empire - Tempus Veritas
Chronique
Black Orchid Empire Tempus Veritas
Encore une sortie intéressante cette année. Black Orchid Empire fait partie de ces jeunes formations prometteuses du metal progressif. Ce « power trio » londonien a déjà su s’imposer dans ce vaste paysage avec plusieurs sorties saluées par la critique, Archetype (2016), Yûgen (2018) et Semaphore (2020). Avec ses hymnes immédiatement identifiables flirtant avec la pop, les Anglais ont déjà débroussaillé leur style, s’installant confortablement dans le versant moderne d’un genre en perpétuelle expansion, aux côtés des VOLA, Voyager et consorts. Un filon qui marche bien. Fins techniciens de leurs instruments mais aussi de leur son, toujours raffiné avec moult perfectionnisme, Paul Visser (voix, guitare), Dave Ferguson (basse) et Billy Freedom (batterie) entendent avec Tempus Veritas battre le fer tant qu’il est chaud. En effet, leurs précédentes sorties leur ont rapporté bon nombre de nouveaux fans ; en témoignent les scores atteints par leurs clips toujours léchés. Ici, une esthétique tout droit sortie d’un comics de Mike Mignola illustre cette pochette au monochrome de rouge toujours très attractive.
Il faut dire que leur musique est extrêmement bien calibrée. Avec ces morceaux courts aux refrains turbo efficaces capables de capter immédiatement l’attention, Black Orchid Empire vise systématiquement juste. L’écoute de ces trente-sept petites minutes passe toute seule, tant le trio empile les tubes en puissance, destinés à cartonner sur les sites de streaming. Entre les « Hydrogen », « The Raven » et « Glory To The King » aux refrains obsédants, l’auditeur en a pour son compte, pas de problème. La production est également calculée pour faire mouche, tant la section rythmique se fait douce et limpide lors des passages contemplatifs et massive lorsque retentissent ces riffs typés djent, aux coups de boutoirs saccadés conçus pour faire mouche. Ils le font quasiment à chaque coup, tant l’ensemble est fluide et coule de source. Black Orchid Empire cultive aussi un petit côté « stadium rock » à la Biffy Clyro. Tempus Veritas franchit même le rubicond en matière de puissance, tant les passages purement metal sont bien amenés et font office de balises pour un ensemble qui déroule sans faire de prisonnier. Il n'y a qu'à entendre la fournaise « Vesuvius » et ses accords surpuissants qui surplombent un tempo massif pour finir de s'en convaincre.
Extrêmement bien calibrée certes, mais aussi extrêmement prévisible… Black Orchid Empire a tout du syndrome de « groupe de première partie », qu’on écoutera d’une oreille discrète avant de vite passer à autre chose. Merci d’avoir chauffé la salle les gars, mais je suis pas vraiment là pour vous. Je vais me reprendre un godet avant que l'affaire commence vraiment. Certes, le trio a beaucoup de cordes à son arc : il maîtrise parfaitement l’art des mélodies faciles, accrocheuses, restituées avec une technique d’enfer. Mais tout est si lisse, si interchangeable qu’on s’y perdrait presque. Où est l’épique, le frisson du morceau interminable ? Où est l’identité du groupe ? Où est le petit truc qui fait qu’on y reviendra ? J'ai eu beau chercher plusieurs fois, sous la table, dans les tiroirs, planqué dans la gamelle du chien, impossible de mettre la main dessus. Alors oui, la voix de Paul Visser est langoureuse et parfois même ensorcelante... mais ne comporte aucune réelle signature. Associée avec ces riffs aussi efficaces que random, elle contribue à faire de Tempus Veritas un disque facile à ingurgiter, avec ses refrains qui restent en tête, comme celui de « Glory To The King » qui n’aura aucun mal à venir titiller le cervelet de temps en temps…
« Sing
Glory to the king
Spirit in the whirl wind
Eyes like strangers
I don't know anymore »
… mais tout aussi facile à oublier. Car si Tempus Veritas passe tout seul, il file en un instant, comme la recommandation d’un algorithme de site de streaming, comme une tendance saisonnière sans lendemain, un peu comme les hand spinner ou quoicoubeh. Si cet album est intrinsèquement réussi et que la qualité de ses compositions est évidente, il n’a rien de marquant, rien de mémorable, rien qui m’y fera revenir dans quelques temps. De plus, avec ses petits côtés djent, il s’obstine à suivre une tendance qui commence doucement mais sûrement à devenir limitée. Ce trio londonien aurait le potentiel pour bricoler des titres beaucoup plus ambitieux et intéressants. Alors, Black Orchid Empire, merci pour le moment mais il est temps pour moi de passer à autre chose.
| Voay 14 Avril 2023 - 615 lectures |
|
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo