Rappelé brutalement à l’ordre par une récente prestation parisienne toute en nerfs et en domination, me voilà obligé de reprendre le travail entamé il y a près de quatre ans par mon collègue Dantefever et donc devoir gribouiller quelques lignes au sujet du deuxième album des Américains d’Antichrist Siege Machine paru il y a déjà un petit peu plus d’un an et demi. Alors non, je ne suis clairement pas en avance sur le sujet mais comme on dit, mieux vaut tard que jamais surtout que le groupe de Richmond n’a de toute façon rien sorti de nouveau depuis maintenant plus d’un an et demi.
Intitulé
Purifying Blade, ce deuxième album fait suite à
Filth Of The World, un court EP de dix minutes paru en avril 2020 sur le label américain Stygian Black Hand. Une sortie passée relativement inaperçue puisque proposée à seulement 400 exemplaires (100 cassettes et 300 vinyles) mais qui aura au moins réussi à motiver le label Profound Lore Records à enrôler les deux garçons d’Antichrist Siege Machine pour la sortie de ce nouveau longue-durée. Un disque enregistré et mixé une fois encore par Bob Quirk (Cryptic Brood, Enforced, Left Cross, Night Hag...) mais masterisé cette fois-ci par celui dont on retrouve la patte sur un grand nombre d’albums parus ces dernières années, monsieur Arthur Rizk himself.
Si jamais vous n’aviez encore jamais posé vos oreilles sur la musique d’Antichrist Siege Machine, sachez que le nom du groupe et l’illustration qui orne
Purifying Blade sont tous les deux de bons indicateurs de ce qui vous attendent à l’écoute de ces vingt-huit minutes particulièrement musclées.
Eh oui, pas de changement de cap à l’horizon pour Scott Edward Bartley et Ryan Zell qui poursuivent ici leur campagne de destruction massive au son d’un Black / Death sauvage et absolument impitoyable qui continue naturellement de faire écho à des groupes tels qu’Antichrist, Blasphemy, Conqueror, Revenge et toutes ces autres formations qui ont suivi (Diocletian, Proclamation, Caveman Cult, Profane Order, Gravesend et j’en passe) et pour qui sortir des clous (et non "sortir les clous") n’est clairement pas une option envisageable.
Une fois de plus on ne se souciera donc absolument pas du manque flagrant d’originalité dont fait preuve ici Antichrist Siege Machine, une notion dont tous les amateurs du genre se contrefichent d’ailleurs éperdument, puisque l’essentiel n’a jamais résidé dans ce qui n’est finalement qu’un point de détail. Non, ce qui prévaut sur ce deuxième album comme sur tout ce qu’à sorti le groupe jusqu’à aujourd’hui c’est sa capacité à créer du chaos. Un art dans lequel il excelle comme l’atteste sans surprise ce nouvel album bouclée une fois de plus en moins de trente minutes.
Porté par une production moins ronde et nettement plus incisive et nerveuse que celle de son prédécesseur,
Purifying Blade va dérouler tout ce que l’on est en droit d’attendre d’un disque de ce genre. Aussi, c’est bien évidemment le couteau entre les dents que le duo mène ses assauts à coup de séquences toujours aussi sauvages et redoutables. Une fois de plus, il n’y a rien de bien compliqué dans ces enchainements de riffs à trois notes répétitifs et dans ces séances de blasts explosives et quasi-ininterrompues mais c’est bien la nature aliénante de ce matraquage en règle qui confère une partie des son charme à ce Black / Death absolument implacable. Une nature belliqueuse et dominatrice qui ne fait aucun doute et que la formation entretien avec un malin plaisir, annihilant toute forme de résistance dès les premières secondes.
Bien qu’Antichrist Siege Machine ne fasse absolument pas dans la dentelle (et c’est bien ce qu’on lui demande), on appréciera de voir le duo lever le pied de temps à autre. Outre le fait d’apporter un peu de nuances et de relief à une musique essentiellement radicale et bas du front, certains de ces passages sont également l’occasion d’insuffler un soupçon de groove (effectivement à la manière d’un certain Archgoat comme le suggérait déjà Dantefever lors de sa chronique de
Schism Perpetration) sur lequel on ne crachera pas. De "Carried Into Darkness" à 2:17 aux premières secondes de "Chaos Insignia" en passant par "Defiled In Iniquity" à 1:39, "(To Be Sooner) Broken By Pain" à 1:24 ainsi que les premiers instants d'"Antichrist Siege Machine", difficile de ne pas céder à l’envie d’écraser le sol de sa godasse tel un demeuré.
Une fois de plus, c’est sur les genoux que l’on termine l’écoute de ce nouvel album au moins aussi impitoyable que son prédécesseur. Une leçon de violence en onze actes qui n’épargnera ni rien ni personne. Certes, Antichrist Siege Machine n’apporte rien de plus que ce qui se fait déjà en la matière depuis maintenant plus de trente ans mais il faudrait franchement être de mauvaise composition pour ne pas apprécier se faire dérouiller de la sorte. Bref, si vous avez des envies de sauvageries sans vouloir faire la une de tous les journaux télévisés, cette petite demi-heure devrait convenir pour laissez libre court à vos plus vils et sordides démons.
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