Gavran - Indistinct Beacon
Chronique
Gavran Indistinct Beacon
Tu ne connais sans doute pas les Néerlandais de Gavran. Moi non plus. Le tort va bien vite être réparé et tu vas t’apercevoir qu’on est passé à côté d’un truc vraiment très, très chouette.
Formé depuis peu – 2018 – le combo batave pratique un sludge profond, cotonneux, mordant et mélodique à la fois, qu’il est difficile de définir plus précisément si ce n’est que la basse est absolument centrale et tellurique. Dvorac, le titre d’ouverture, donne un aperçu parfait des possibilités du groupe, qui synthétise cette voix à la fois totalement déchirée et remplie de mélodies, qui alterne les efforts et les textures, et une instrumentation très dynamique où la basse, précisément, remplit tout l’espace sonore. La rupture, à 4’50, du morceau renvoie en revanche directement au post-rock tel que pratiqué par Cult of Luna, typiquement, qui sonne comme une accalmie soudaine dans l’orage.
Alternant les passages doom et sludge avec des digressions plus typiquement post, Gavran se nourrit d’une alchimie tout à fait pertinente, ce d’autant que le son, profond et chaud, supporte parfaitement le propos. Dvorac est ainsi hyper tendu ; Talas s’inscrit dans la même veine. Le sludge écrase la structure, la voix black ultra déchirée l’entraîne par le fond mais les ponts post créent une lumière qui la traverse sans rompre la dynamique des morceaux. Ces ponts, comme leur nom l’indique, coupent la structure mais ils peuvent aussi servir à la lancer, comme sur Talas par exemple, au gré d’une basse ultra lourde que n’auraient renié ni Cult of Luna donc, ni Neurosis.
Dans cet amas de goudron compact, la mélodie n’est jamais absente. D’une part, la voix ne renonce pas à moduler ses efforts (sur Talas ou Dvorac par exemple). D’autre part, les guitares et la lenteur globale du rythme permet de développer des ondulations claires et aériennes qui viennent contraster avec la violence des reprises ou avec la pesanteur incroyable de la basse. La patte Amenra n’est pas non plus très loin : le pont central de Talas n’est pas sans rappeler les morceaux de Mass VI et notamment Plus près de Toi. Le départ de Dim également, qui puise ses racines dans le doom ultra lourd des Belges, mélange de voix claires et de rythmiques telluriques, comme sa progression quasi prog’.
La fin de l’album est plus apaisée. Duhovi démarre sous des auspices certes plus menaçants mais également différents, comme davantage canalisés. La voix est profonde, claire et noyée dans l’écho. La rythmique est ralentie, la basse claque et la structure demeure très déliée. Progressant très lentement, l’accent est mis sur la mélodie, que ponctue simplement la basse ultra claquante, qui marque autant de repères sonores. Pesak est dans la même veine, qui ouvre sur des accords déliés très post-rock, très aériens avant d’enchainer sur une formule plus classique, plus lourde mais toujours très mélodique, y compris dans la voix.
Doté d’un bel artwork, ce second album de Gavran devrait ravir les amateurs de sludge racé comme de ceux qui apprécient le post rock dans tous ses états… les amateurs de basse ultime aussi !
| Raziel 14 Mai 2023 - 526 lectures |
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