À la manière de Swartadauþuz (Bekëth Nexëhmü, Gnipahålan, Greve, Iniquitatem, Muvitium, Trolldom, Tyranni…), difficile de suivre les pérégrinations du Chilien Carlos Andrés aka Lord Valtgryftåke qui depuis maintenant plusieurs années enchaine projets et autres sorties à un rythme tout aussi soutenu que son homologue suédois. Après vous avoir parlé il y a quelques semaines des très bons premiers albums de Grymmstalt (
Anthems Of Mournful Despondency) et Lord Valtgryftåke (
Buried Under The Carved Runes), retour aujourd’hui sur Gryftigæn qui a sorti cette année son troisième album sous l’étendard une fois de plus du label lithuanien Inferna Profundus Records (Funeral Fullmoon, Pa Vesh En, Ründgard, Wolftower...) avec pour l’occasion le soutien du label Pile Of Heads Productions (13th Temple, Verminous Knight, Vampyric Winter...) en charge ici de l’édition cassette.
Intitulé
Wurmwaldgaistoz, ce nouveau méfait offre visuellement un condensé des attributs déjà partiellement présents chez ses deux prédécesseurs. Illustration enneigée proposée dans un noir et blanc des plus seyants, entrelacs baroques d’une élégance aristocratique, logo dense mais néanmoins majestueux, musicien grimé de la tête aux pieds avec en prime un candélabre toujours fort à propos entre les mains... Bref, autant d’éléments qui mis bout à bout laissent une fois encore planer peu d’interrogations sur les intentions du sud-américain.
Redevenu un projet solo après le départ en 2021 du batteur Kéikruk plus connu sous le pseudonyme de Lord Mbl Dmn III (Moon’s Veneris, Nebula Ad Noctem Records), ce troisième album dont la production est presque intégralement signée des mains de Carlos Andrés (à l’exception du mastering confié au Grec Constantine Betsas) va renouer avec les longs formats de
Graven Til Måneåpenbaringer et même pousser encore un petit peu plus loin l’exercice puisque sur ces cinq nouveaux morceaux, trois s’étirent tout de même sur plus de dix minutes. Un constat qui n’a évidemment rien d’anodin puisqu’il suggère le retour à un Black Metal plus atmosphérique là où
Fehunðyrdauðr se faisait tout de même plus direct et concis. D’ailleurs, il est à noter que la production de
Wurmwaldgaistoz marque également un retour vers des sonorités plus clivantes. En effet, entre ces guitares spectrales, cette voix lointaine, cette batterie brumeuse tout en cymbales et finalement cette basse quasi-inexistante, ceux qui avaient apprécié l’effort fait en la matière sur l’album précédent risquent bien de déchanter sévèrement à l’écoute de ce nouveau longue-durée. Un retour en arrière qui pourrait presque laisser croire que ces quelques titres sont issus des mêmes sessions d’enregistrement que ceux de
Graven Til Måneåpenbaringer (en tout cas rien ne semble indiquer le contraire).
De fait, si vous n’aviez pas accroché à ce premier album pour l’une ou l’autre des deux raisons évoquées dans le paragraphe ci-dessus, il y a fort à parier qu’il en sera de même ici puisque les morceaux qui composent
Wurmwaldgaistoz vont effectivement reprendre le chemin de ce Black Metal atmosphérique porté là encore par ces ambiances fantomatiques et crépusculaires, ces longues tirades et autres séquences aliénantes où se répètent bien souvent les mêmes patterns qu’ils soient de guitare ou de batterie, ce chant incantatoire et lointain déclamant ses messes noires et autres obsécrations malveillantes et hallucinées et bien entendu ces nappes diffuses de synthétiseur qui finissent d’habiller le tout d’un voile aristocratique infernal. Une formule qui n’a pas grand chose d’autre à offrir que ce qui a déjà été énoncé ici même mais qui cependant fonctionne particulièrement bien pour peu que l’on soit sensible à ce genre de Black Metal porté sur les ambiances et cette nature hypnotique plutôt que sur le souffre et la violence d’attaques infernales et impitoyables.
Malgré une prédisposition évidente pour les formats allongés, ce troisième album n’est pourtant pas particulièrement porté sur les mid-tempos et autres moments plus en retenus. C’est même finalement plutôt l’inverse puisque de manière générale,
Wurmwaldgaistoz se caractérise en effet par des canevas de riffs bourdonnants relativement rapides se superposant à une batterie primitive marquée par un jeu dynamique mais finalement assez répétitif et peu nuancé. Seuls quelques changements de rythmes plutôt francs survenant généralement dans le cadre d’introductions comme c’est le cas par exemple sur "Ætergap - Concealed In Polar Phosphorescence", "Above The Glacial Realms - Stormy Night" ou "Dusk Of Hyperborean Frost In Eternity" viennent alors apporter un brin de relief à une musique qui de manière générale va mettre l’emphase sur le caractère aliénant de sa recette.
C’est donc en quelque sorte un retour en arrière qu’effectue Gryftigæn avec ce troisième album puisque le Chilien aux commandes de ce one-man band revient ici à des choses qu’il avait laissées de côté sur son prédécesseur. En soit,
Wurmwaldgaistoz n’est donc pas ce que l’on peut appeler une déception mais il constitue tout de même une petite surprise qui en plus de ne pas faire l’affaire auprès de tous nécessitera également d’être digérée par ceux ayant l’esprit un petit peu plus ouvert sur le sujet. Bref, ce troisième album demeure plutôt chouette et suffisamment convaincant si tant est que l’on soit client de ce genre de Black Metal atmosphérique, répétitif et déclamé mais au petit jeu des comparaisons, on ne va pas se mentir, ses deux prédécesseurs s’en tirent tout de même un petit peu mieux.
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