Après avoir brièvement mis de côté Gryftigæn le temps d’apporter sa contribution à d’autres projets au sein desquels il est également impliqué (Old Castles, Mantiel, Ründgard, Winterstorm...), l’infatigable Lord Valtgryftåke se rappelle aujourd’hui à notre bon souvenir avec la sortie ce mois-ci de
Fehunðyrdauðr, un deuxième album paru une fois encore sous les couleurs du label lithuanien Inferna Profundus Records (Crucifixion Bell, Funeral Fullmoon, Revenant Marquis, Vampirska, Wampyric Rites...).
À première vue le duo ne semble pas avoir changé son fusil d’épaule. C’est en tout cas ce que suggère cet artwork enneigé et ce logo majestueux mais néanmoins illisible qui évoquent chez moi un parallèle évident avec un certain Bekëth Nexëhmü dont nous n’avons d’ailleurs pas parlé ici depuis un long moment malgré une activité chargée. Mais ceci est un autre sujet et nous y reviendrons en temps voulu. En attendant et comme je le disais un petit peu plus haut, Gryftigæn est de retour avec sous le coude sept nouvelles compositions pour une quarantaine de minutes d’un Black Metal toujours aussi âpre et envoûtant.
Mais comme souvent, il ne faut pas toujours se fier aux apparences. Derrière l’évidence se cache dans le cas présent un album à la production bien plus soignée qu’auparavant. En effet, si
Graven Til Måneåpenbaringer se distinguait par une mise en place et une restitution lointaine et rudimentaire rendant pour certains l’immersion particulièrement compliquée, Gryftigæn a souhaité ici revoir sa copie. Beaucoup plus aboutie et équilibrée, cette production devrait permettre aux oreilles les plus sensibles d’apprécier ce qu’a à offrir le duo chilien sans pour autant sacrifier à son identité, à ces atmosphères sombres et lointaines ainsi qu’à cette espèce de ferveur religieuse qui habite l’entité chilienne. Bref, à moins d’être un partisan pur et dur des productions décharnées et crachotantes, nombreux devraient être ceux à se réjouir ici.
Pour ce qui est du reste et même si ce nouvel album s’avère aussi long que son prédécesseur pourtant moins généreux de deux titres, on ne peut pas dire que les choses aient véritablement changées. En effet, Gryftigæn poursuit son chemin de croix en offrant à l’auditeur béa un Black Metal atmosphérique caractérisé par l’usage prédominant de séquences pour le moins entêtantes. Si vous posez pour la première fois vos oreilles sur la musique des Chiliens ne vous attendez donc pas à vous prendre secousse sur secousse puisque ce n’est absolument pas le genre de la maison. Pour autant, cela ne fait pas du duo un groupe particulièrement mou du genou. Au contraire, ces atmosphères, les deux chiliens les travaillent notamment à coups de séquences particulièrement cadencées qu’ils vont ainsi mener bon train. Un rythme souvent soutenu (l’imprononçable "Djúphljóð", "Sacrament Of Phosphorescence" à partir de 3:36, les premières mesures de "Seiðursongen" ou plus loin à partir de 3:24, "Crossing Through The Pillars Of Azazyl") marqué par des passages particulièrement entêtants (le pouvoir de ces riffs menaçants maintes fois répétés) et dynamiques qui vont ainsi donner le "la" d’un album pourtant assez contrasté.
En effet, à ces moment menés tête dans le guidon, Gryftigæn va opposer tout un tas de passages beaucoup plus en retenue. De longues séquences qui elles aussi jouent sur une certaine répétition du propos et cela à grand renfort de clavier aux sonorités spectrales et hypnotiques (clavier que l’on retrouve également lors des phases les plus agressives), de voix lointaines et habitées et de riffs mélodiques particulièrement prenants comme c’est le cas par exemple sur la première moitié fantomatique de "Sacrament Of Phosphorescence", "Seiðursongen" à partir de 1:08," Crossing Through The Pillars Of Azazyl" à partir de 3:18 ou bien encore sur "Drowned In A Rising Sun", titre mid-tempo de près de six minutes. Les Chiliens profitent également de ces moments pour entretenir une certaine ferveur religieuse grâce à une interprétation vocale aux intonations monacales évidentes ("Seiðursongen" à 1:51) ou encore par le biais de voix plus diffuses comme c’est le cas sur "Drowned In A Rising Sun". De la même manière, des titres instrumentaux tels qu'"Æter" et surtout "Eiðr Myrkr" vont entretenir à leur façon un certain mystère évoquant notamment de sombres rituels et autres communions impies perpétués dans le plus grand secret de tous…
Sans être fondamentalement différent de son prédécesseur,
Fehunðyrdauðr s’en distingue néanmoins par des compositions généralement plus courtes (entre cinq et six minutes), par l’usage de titres instrumentaux servant à nourrir ce travail d’ambiances d’une manière nouvelle, par des séquences hypnotiques et aériennes plus étendues ainsi que par une production plus soignée et bien moins décharnée. Bref, Gryftigæn nous offre à voir un visage légèrement différent tout en continuant à perpétuer ce Black Meta lo-fi et envoutant grâce auquel celui-ci s’est fait ici remarquer. Alors non, les Chiliens ne révolutionneront rien avec leur formule mais cette nouvelle offrande avec ses inclinaisons à la Burzum toujours aussi évidentes et sa ferveur religieuse intense n’est reste pas moins particulièrement plaisante pour autant.
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