BOVARY, troisième ! Et pourtant… premier album. Oui, les deux sorties précédentes n’étaient finalement que des « démos ». Et c’est dès 2018 que nous avions découvert cette formation française, uniquement constituée de femmes à l’origine. Il ne reste désormais plus que Petri Ravn puisque Queen Thrash et Gwen de Bovary sont parties après la première démo :
Mes racines dans le désert, et qu’Ondine en a fait de même après la deuxième, de 2019 :
Sur ce mur trop souillé. Et au fur et à mesure, ce sont des hommes qui ont intégré le groupe. Bastien (Batterie) et Étrange Garçon (guitares et vocaux additionnels) étaient déjà présents sur la précédente sortie, mais nous accueillons ici pour la première fois le tout jeune bassiste Loïs.
Mais l’orientation de
BOVARY n’a pas véritablement changé depuis les débuts, et le groupe ne fait que confirmer au contraire son identité et son talent. Les 8 morceaux de cet album poursuivent naturellement et logiquement ce que des titres comme « Ta vie c’est mes chiottes » avaient dévoilé. Toutes les douleurs du quotidien, toutes les frustrations et tout le stress d’une vie insignifiante, tout cela, qui a été retenu et enfoui en attendant de meilleurs jours, explose pendant 48 minutes. Ce sont d’abord les paroles qui font comprendre le propos, et le fait que
BOVARY ne parvient pas à fuir la réalité. Il ne va pas surpasser son désespoir en invoquant Satan, en s’évadant dans le monde de Tolkien ou en prônant la vie dans une cabane à la forêt.
BOVARY n’affronte pas non plus cette réalité, et il ne mène aucun combat. Il n’a ni les armes, ni la force pour y parvenir. Tout ce qu’il peut faire, c’est constater et geindre. Il aimerait sans aucun doute s’habituer à ce monde et à sa société, mais il est à la fois trop faible et trop conscient de l’être pour y arriver… Il est résigné, mais se sent aussi coupable, parce qu’il n’est plus un humain entouré de zombies, mais un zombie sachant qu’il en est un, entouré de zombies ignorant l’être…
« Bonheur léthargique »
Le bonheur est un sommeil
Tous, ils sont couchés, mais personne ne dort
Ils ont la trogne enfarinée
Et le mensonge planté dans le corps
« Ana » :
Le bruit, la souille, la culpabilité
La mal vie, la débauche
Et l’inéluctabilité
Le vide en moi
Le vide du monde
Le bide immonde
Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien
« Sans moi »
Tu l’as mérité
Vas-y pars
Vas-y, vas te reposer
Seul
Sans moi
Les paroles sont réussies, mais elles n’auraient pas le même impact sans une musique capable de transmettre leurs messages. Et elles y parviennent parfaitement. Certains parleront de black dépressif, mais le terme n’est pas suffisant. Les morceaux sont emplis de mélancolie, de désabusement, de regrets, d’incompréhension, d’illusions perdues. Et chaque morceau est fort, avec des odeurs de sincérité pure, d’espoirs perdus, de culpabilité honteuse. Les vocaux sont extrêmement impliqués, et ils savent transmettre avec quelques variations tous les sentiments partagés. Et les instruments trouvent aussi un excellent équilibre entre la douceur et la douleur. Toutes les clartés sont délicieuses, mais d’une tristesse sans nom, comme si nous marchions sur un chemin certes constitué par un nuage délicat, mais menant vers un gouffre de vide noir. La fin est devant nous, elle est inéluctable…
Signalons pour finir la présence de deux invités : Sotte est une femme qui apporte sa voix déclamée sur la longue piste introductive « Par amour du vide » ainsi que sa voix chantée sur la reprise de Françoise Hardy : « Mon amie la rose ». Isidore de Palsuie est crédité aux vocaux sur « Celui ou celle ». Et puis une petite dernière info, c’est le jeune label Remparts Productions qui sort ce bijou, et qui mérite donc le soutien des amateurs du genre. Encore une fois bravo à
BOVARY, qui transmet toute sa noirceur avec sa propre expression, avec une identité marquée.
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