Bovary - Sur ce mur trop souillé
Chronique
Bovary Sur ce mur trop souillé (Démo)
Le groupe BOVARY n’a pas encore sorti son premier album qu’il a déjà eu quelques secousses de line-up… On se souvient très bien de la première démo sortie en 2018, Mes racines dans le désert, qui avait marqué beaucoup d’esprits de son black tour à tour désabusé et révolté. Un peu plus d’an an plus tard c’est une autre démo qui vient nous secouer : Sur ce mur trop souillé avec cette fois-ci une parité des sexes. Le groupe auparavant totalement féminin est désormais composé de la fidèle Petri Ravn (guitare et chant), de la mystérieuse Ondine (chant), du jeune Bastien (batterie), et de l’étrange Étrange Garçon (guitares). Pourquoi tous ces changements ? Est-ce que le changement d’orientation a provoqué ce remue-ménage, ou bien est-ce le sang frais qui a entraîné une ouverture surprenante ?
Car c’est une évidence, musicalement non plus le BOVARY 2019 n’est plus le BOVARY 2018. On en retrouve bien quelques traces, et du black metal écorché se répand le long de ces 8 morceaux. On retrouve même un titre déjà présent sur la première démo, le déjà classique « Ta vie, c’est mes chiottes », dans une version légèrement remaniée, mais toujours aussi efficace. Ce titre tue, il prend aux tripes. Il est un hymne qui hurle la frustration, la haine, le dégoût de la société, principalement de consommation. Et c’est l’orientation qu’on imaginait et qu’on attendait.
Elle existe encore, mais elle a été atténuée par des parties bien plus claires. Moins de femmes dans le groupe, et pourtant plus de féminité dans le résultat. Enfin, soyons prudent avec les mots… Plus de poésie, plus de légèreté, plus de vocaux féminins clairs, plus de riffs envolés, plus de parties apaisées, et donc apaisantes. On peut dire que BOVARY a mis de l’eau dans son vin, ou plutôt un nuage dans son enfer. Le mélange fonctionne, même si parfois on va un peu trop penser à Audrey Sylvain. On en retrouve véritablement une certaine touche. Sauf qu’ici c’est à mon sens mieux équilibré que chez l’actuelle MALENUIT et ex-ASPHODELE.
Le mal-être ne se manifeste donc plus uniquement que par l’explosion salissante d’un « trop-plein » comme c’est encore le cas sur « Nous sommes… » ou « Irrécupérable », mais aussi par des instants de faiblesse, durant lesquelles BOVARY git au sol et rampe désespérément pour retrouver un appui. C’est bel et bien l’image qui domine sur « Arsenic » tandis que « La lumière t’évince » propose au contraire un envol, une porte de sortie qui n’est sûrement pas sur notre Terre, mais plutôt au Ciel…
L’ensemble étant plus varié qu’auparavant, c’est une évidence que certains seront déstabilisés, mais il faut bien comprendre que BOVARY fonctionne apparemment à l’envie, au coup de tête, à l’instantané. Et qu’il est encore compliqué d’imaginer à quoi ressemblera le premier album. Mais bon, c’est aussi une question de terminologie, car cette deuxième demo totalise déjà 43 minutes et a des qualités dignes de n’importe quel album…
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