Strigoi - Bathed in a Black Sun
Chronique
Strigoi Bathed in a Black Sun (EP)
Greg Mackintosh n’est pas le genre de gars qui s’assoit sur ses lauriers. Je ne te ferai pas l’injure de retracer son parcours chez les doomsters de Paradise Lost. Je rappellerai simplement sa belle aventure avec Vallenfyre, stoppée en 2017 sur un dernier bel album et le début d’un nouveau parcours avec Strigoi donc. Du doom très death au death très doom, en passant par… autre chose désormais, plus crust, plus direct, plus brut.
Strigoi n’en est pas à son coup d’essai. Etonnement peu exposé dans nos contrées, le nouveau groupe de l’Anglais délivre pourtant un death relativement original, mâtiné de crust, aux relents old school du meilleur effet. A l’heure des millions de photocopieuses que comprend le genre, c’est toujours ça de pris. Si Abandon all Faith avait démarré sur des bases assez classiques, Viscera portait le combo à un niveau bien plus élevé. Du crust, oui, sans aucun doute, mais du crust hyper ambiancé, sombre as fuck, presque gothique par endroit, parfois rock n’roll, presque toujours ultra lourd et brutal.
Bathed in a Black Sun est le dernier arrivé. Un petit EP de moins de 15 minutes à la pochette ultra sombre, dérangeante, qui pose d’emblée le décor.
Bathed in a Black Sun ouvre les hostilités, morceau éponyme très lourd, au son brutal et aux ambiances lentes et oppressantes. De nouveau, la patte goth’ est présente, renforcée par la voix typique de Mackintosh, abyssale et trainante. La rythmique est lente, profonde et presque réverbérée, pour un effet tout à fait saisissant. Les arrangements sont discrets mais tapissent le fond sonore d’une espèce de rideau mélodique dissonant étrange.
The Grotesque est plus ramassé et plus thrash, bien plus rapide aussi, blasté par endroit, direct dans la face. Mais, de nouveau, une sorte de mélodie s’entend en arrière-plan, qui montre que la structure n’est pas aussi simple qu’elle n’y paraît. Les atours crust ressortent ici très nettement mais pas forcément comme chez les ténors du genre, comme Extreme Noise Terror par exemple, où le côté punk domine alors qu’ici, c’est très clairement le death et le thrash qui sont mis en avant. Ce déferlement de violence s’accompagne aussitôt d’un morceau ultra court – 42 secondes - Beautiful Stigmata – qui n’offre aucune respiration puisqu’il est également totalement blasté ! Conçu comme une passerelle, il permet de basculer vers A Spear of Perfect Grief à la rythmique plus lente, plus doom, d’où émerge un solo en point central, le seul de l’album. Telles les montagnes russes, Strigoi bâtit sa setlist selon un principe de variation extrême de nature à maintenir l’attention de l’auditeur.
The Construct of Misery clôture ce EP de la même manière que les titres centraux, sur des riffs plus thrash dans l’esprit, avec un pont central blasté et un final crust/punk.
Au final, sans être indispensable, ce EP confirme la direction prise par Strigoi mais la pochette est un peu trompeuse. Si le premier morceau tient ses promesses de noirceur, le reste est bien davantage crust/thrash que véritablement sombre.
| Raziel 2 Décembre 2023 - 488 lectures |
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