Avec la sortie de l’excellent
Unconquerable Death en 2021, Invultation n’avait pas manqué d’attirer la curiosité des amateurs de Black / Death grâce à une formule certes, sans aucune surprise, mais qui à défaut d’originalité avait pour elle une efficacité particulièrement redoutable. D’ailleurs, je ne suis pas le seul à être tombé à l’époque sous le charme de l’Américain (pour rappel, Invultation est un one-man band mené par Andrew Lampe de The Wakedead Gathering) puisqu’à l’issue de ce deuxième album la formation a en effet trouvé refuge sur le label Sentient Ruin Laboratories (Abhorrency, Black Fucking Cancer, Ceremonial Bloodbath, Ch’ahom...) qui pour sceller cette union sortira quelques mois plus tard la version vinyle d’
Unconquerable Death. Une collaboration entamée sur des bases solides et reconduite dès l’année suivante avec la parution en août 2023 de
Feral Legion, un album aussi moche que redoutable.
Signée des mains pourtant talentueuses d’Alexander Shadrin aka NetherTemple Design (Bloodsoaked Necrovoid, Cambion, Esoctrilihum, Fornicus...), l’illustration de ce nouveau longue-durée n’est en effet pas la plus réussie de ses innombrables réalisations. On le sait, ce n’est pas ce qui fait la qualité d’un album, aussi ne vous y trompez pas puisque derrière cette oeuvre tout juste correcte se cache un disque d’une violence inouïe qui n’a strictement rien à envier aux meilleures sorties de l’année dernière en la matière (je pense notamment aux albums de Profane Order, Ceremonial Bloodbath et Tetragrammacide).
Bien qu’il soit relativement récent,
Feral Legion a pourtant été enregistré en 2021. Un détail sans grande importance dans le mesure où Invultation évolue dans un registre où l’originalité et la quête d’identité n’ont jamais véritablement primé. De fait, ce troisième album n’est pas bien différent de ses deux prédécesseurs et à vrai dire c’est très bien comme ça puisque tout ce que l’on attend de ce one-man band est qu’il nous inflige la même dérouillée sans surtout rien changer de sa formule ultra-efficace.
Bouclé en trente-sept minutes (contre trente-cinq pour
Unconquerable Death),
Feral Legion fait montre du même pouvoir destructeur que son aîné. Une formule parfaitement rodée à laquelle Andrew Lampe s’astreint avec une rigueur qui fait bien évidemment tout le charme de ce genre de Black / Death intransigeant et jusqu’au-boutiste. À l’instar de ses ainés, ce troisième album est marqué par une production équilibrée qui très vite va offrir la possibilité de s’immerger corps et âme dans ses compositions musclées et implacables. Une production qui n’en conserve pas moins un brin de caractère grâce à une certaine âpreté qui sied à ravir à ce genre de compositions explosives.
Menés pour l’essentiel le couteau entre les dents et animés par une furieuse envie d’en découdre, les dix titres de
Feral Legion s’inscrivent dans la mouvance de formations comme Archgoat, Blasphemy, Proclamation, Abysmal Lord, Weregoat et compagnie... C’est donc évidemment tambour battant, à coups de blasts généreux et intenses qu’Andrew Lampe conduit ses assauts ici (les débuts en mode blitzkrieg de "The Howling Convocation", "Severed Umbilical Chaos", "Retching Holy Viscera", "Lower Beasts"). Des déflagrations particulièrement violentes qui reposent une fois de plus sur un riffing entêtant jamais bien compliqué mais qui à pour lui une efficacité a l’épreuve des balles. C’est encore plus vrai lorsque l’Américain décide de ralentir la cadence au profit de séquences dont le groove triomphant et belliqueux très inspiré par les Finlandais d’Archgoat ne manquera pas de vous faire dodeliner de la tête en vous pinçant les lèvres d’un air mauvais ("Severed Umbilical Chaos" à 2:27, "Feral Legion" à 2:03, "Burial Leech" à 0:55, "Mark Of The Fang" à 2:49...). À cela s’ajoute d’autres gimmicks bien connus de tous les adeptes de ce genre de Black / Death comme ces petits glissés de manches très largement répandus chez un groupe comme Revenge ou bien encore ces nombreux solos chaotiques qui participent à ces atmosphères implacables et physiques ("The Howling Convocation" à 2:00, "Human Caltrops" à 1:06, "Retching Holy Viscera" à 1:36, "Feral Legion" à 0:56, "Lower Beasts" à 1:58, "Bloodstained Offering" à 1:44). Bien que seul à bord, on appréciera également d’entendre Andrew Lampe changer de registre vocal lorsque l’envie lui prend. Entre growl profond et bestial et voix beaucoup plus arrachée et véhémente (toutes les deux intelligemment restituées dans le mixage, la première à droite, la seconde à gauche), le garçon participe à varier les plaisirs autrement que d’un seul point de vue dynamique. Bref, même s’il s’agit d’un détail, ceci est néanmoins plutôt bien vu.
Si la formule employée par Invultation nous a été déjà maintes fois rabâchées, il n’en reste pas moins que le one-man band américain maîtrise une fois de plus son sujet sur le bout des doigts. Un sens de la tournure et de l’exécution qui fait de
Feral Legion un des incontournables de 2023 en matière de Black / Death bestial et sauvage. Alors effectivement, ces trente-sept minutes pourront paraître quelque peu limitées et répétitives pour une oreille non-exercée à ce genre de pratiques excessives et jusqu’au-boutiste mais pour les autres qui savent s’en régaler, ce genre d’album mené bille en tête est et restera à jamais un grand défouloir à s’envoyer dès que l’envie s’en fait sentir.
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