Plague Of The Fallen - Amongst The Rats
Chronique
Plague Of The Fallen Amongst The Rats
Malgré qu’elle soit située à l’autre bout du monde et qu’elle reste relativement discrète par chez nous, la scène extrême néo-zélandaise recèle régulièrement de belles trouvailles qui ne demandent qu’à être découvertes par le plus grand nombre... tant elle n’a rien à envier à celle de son voisin australien comme du côté de la vieille Europe. Si évidemment on connait la qualité des ULCERATE, VASSAFOR, WITCHRIST, DIOCLETIAN ou encore HERESIARCH, il va falloir désormais compter sur PLAGUE OF THE FALLEN qui après des débuts compliqués et hésitants s’est enfin donné les moyens de ses ambitions. Car après un premier Ep en 2011 il faudra attendre dix ans pour que l’entité basée à Christchurch lui donne enfin une suite musicale, avant la publication aujourd’hui de ce premier opus de pur Death Metal bien brutal et frontal... qui s’il reste totalement balisé à des arguments à faire valoir durant un peu moins d’une demi-heure au taquet et jouée au cordeau sans un instant de respiration. En effet lorgnant aussi bien du côté des ténors américains que vers les regrettés néerlandais de PYAEMIA le combo livre ici huit morceaux qui ne vont jamais au-delà des quatre minutes, offrant un rendu à la fois très violent et opaque où l’impression d’être pris à la gorge va être constante vu que la pression ne va jamais être relâchée sans aucun moment de faiblesse.
Car s’il est facile dans ce style de tomber rapidement dans la redondance le quatuor évite ici brillamment cet écueil en ne faisant jamais dans l’excès technique et en gardant une relative simplicité du côté de l’écriture, idéal donc pour en prendre plein la gueule avec un grand sourire. En effet d’entrée on va apprécier les uppercuts et baffes continues de « Amongst The Rats » aux trois parties distinctes entre tabassage intense au début et à la fin, ponctuées au centre par des parties très lourdes aux nombreuses cassures. Alors oui ça ne révolutionne rien et ça reste totalement dans les clous mais il n’y a absolument rien à reprocher tant on trouve ici ce qu’on est venu chercher, et à ce petit jeu l’intensité va aller crescendo et en premier lieu sur l’excellent « The God Of Depravity » où toute la palette rythmique va être de sortie tout en gardant une exécution clinique et froide de par sa virulence, et qui ne s’aère que quand ça lève le pied. Hermétique et totalement obscur quand le tempo se bride on perçoit également un soupçon de chaleur comme pour nous faire sentir le souffle démoniaque, point qui va apparaître de manière plus flagrante sur le monstrueux « Cycles Of Anguish » où toute pointe de rapidité expéditive est absente. Particulièrement sombre et oppressante cette plage prouve que les gars savent conserver leur attractivité même en bloquant totalement le tempo, notamment ici en y ajoutant un solo bienvenu qui apaise tout ça au milieu de ce rendu impénétrable et saisissant... et qui va servir de transition parfaite avant l’arrivée du tout aussi martial et explosif « Tongues Of Fire ». Suite logique de la composition entendue précédemment l’entité va néanmoins miser un peu plus sur l’alternance tout en gardant cette lourdeur pachydermique entre quelques rasades débridées, d’où émergent quelques arpèges glaciaux particulièrement inquiétants pour un résultat impeccable et imposant qui clôt une première partie redoutable et qui file à toute allure sans qu’on ait le temps de s’ennuyer.
Si effectivement on a pu percevoir quelques plans et passages recyclés ici et là cela n’est pas un défaut en soi tant ça reste fluide et relativement varié, et le constat sera le même sur cette seconde moitié qui va gagner en groove et en dynamisme permanent. Effectivement entre l’ultra-court et enlevé « Relentlessly Butchered » comme sur « Leading Us Into The Darkness » le constat est le même, à savoir une furieuse envie d’en découdre via du headbanging qui se mêle à un bon gros pogo à l’ancienne... notamment chez ce dernier sur des parties rampantes à souhait qui brise les nuques les plus solides. Et histoire de finir dignement cette déferlante de haine à la brutalité impressionnante il faut signaler le redoutable « Incestuous Breeding » aux riffs syncopés du plus bel effet (et qui se mêlent à merveille aux plans plus traditionnels), et le varié aux accents tribaux « So You Have Chosen Death » à la dynamique imposante qui sert de parfait résumé à tout ce qu’on a pu entendre auparavant. Du coup si tout cela pourra donner l’impression de se terminer trop rapidement et qu’on aurait bien repris du rabe supplémentaire, il faut bien admettre que cela a au moins l’avantage de permettre à cette galette de conserver toute sa force jusqu’à l’ultime seconde. Dévoilant un véritable potentiel à suivre dans le futur PLAGUE OF THE FALLEN s’impose comme un outsider qui fait déjà très mal, tant il a compris toutes les bases propres au genre sans tomber dans l’excès technique outrancier et le Slamming Death insupportable et bourratif. A voir désormais si cette œuvre passera l’épreuve du temps tant on aurait quand même aimé entendre quelques instants plus mémorisables comme faisant office de classiques en puissance... mais hormis cela il y’a de quoi ravir les amateurs de grosse brutalité effrénée mais jamais pompeuse, qui joue sur les poncifs éculés mais envoyés avec brio et qualité... la preuve donc de cette découverte plus que prometteuse et dont on guettera la suite de ses futures aventures avec impatience.
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