Castle Rat - Into The Realm
Chronique
Castle Rat Into The Realm
Bande de petits coquins, vous croyez vraiment que je ne vous ai pas vu venir avec votre air innocent ? Et ne venez pas feindre l’ignorance avec moi, ça ne prend pas. Je sais très bien pourquoi vous êtes là, à lire cette introduction au sujet d’un groupe dont vous n’avez probablement jamais entendu parler auparavant… Alors ça peut paraître malheureux, surtout en 2024 après tout ce qui a pu se dire ici ou là sur le respect de la femme, mais oui, une demoiselle dénudée sur la pochette d’un groupe de Rock continuera d’attirer le regard et de pousser (notamment les hommes) à la curiosité. Une curiosité peut-être un petit peu vicieuse mais néanmoins payante dans le cas de ces jeunes Américains.
Originaire de New-York, Castle Rat voit le jour en 2019 du côté de Brooklyn. Peaufinant sa formule avec soin (musique, paroles, costumes, maquillage, noms de scène...), le groupe choisit de prendre son temps, enchainant ainsi les singles (cinq en l’espace de quatre ans) avant de se décider enfin à frapper un grand coup avec la sortie il y a quelques jours seulement de son premier album. Un disque intitulé Into The Realm paru sur le petit label américain King Volume Records (Eagle King, Faerie Ring, Heretical Sect, Lord Mountain...) et qui, vous vous en rendrez compte rapidement, a tout de même bien davantage à offrir qu’une simple pin-up sexy à la sauce Sword & Sorcery.
Ainsi, derrière Castle Rat se cachent The Rat Queen (chant, guitare), The Count (guitare), The Plague Doctor (basse) et The Druid (batterie), principaux protagonistes de cette aventure qui ont juré de protéger ensemble Le Royaume face à leur ennemie jurée, la mystérieuse et inquiétante The Rat Reaperess. Un univers médiéval et fantaisiste qui va servir de base de départ particulièrement solide à la musique des Américains. Une musique largement inspirée par celle des grands patrons de Black Sabbath, pères fondateurs devant l’éternel, puisqu’en effet, contrairement à ce que pourrait laisser supposer cette imagerie construite sur fond de châteaux en ruine et d’épée fièrement dressée, c’est dans la pratique d’un Doom traditionnel (néanmoins mâtiné d’autres éléments allant du Heavy Metal au Hard Rock 70’s en passant par le Stoner Rock) que verse la formation new-yorkaise.
Soucieux d’entretenir une certaine authenticité, Castle Rat a fait le choix pertinent d’une production abrasive et poussiéreuse qui bien que contemporaine semble pourtant tout droit sortie des Regent Sound Studios de Londres. Guitares au fuzz rugueux et réconfortant, basse vibrante aux rondeurs affriolantes, batterie dépouillée et naturelle, voix sensuelle et chaude, souffle et grésillements lointains... Bref, les années 70 comme si on y était encore.
Sans surprise, la musique des Américains est évidemment à l’avenant, ces derniers distillant à peu près tout ce que l’on est en droit d’attendre d’un album de Doom traditionnel. De ces riffs simples et plombés à ces accélérations Rock toujours très bien ficelées en passant par ces excellents solos et autres mélodies épiques, ce groove libidineux particulièrement irrésistible, ce chant féminin envoûtant ou bien encore ces atmosphères occultes et délicieusement rétros, tout y est. Certes, Castle Rat est ce que l’on peut appeler un diamant brut avec encore ici et là quelques imperfections mais sa sincérité, son désir de bien faire et son efficacité de tout les instants permettent malgré tout de largement compenser ces quelques légers "défauts".
Parmi les plus évidents, des influences et un manque de personnalité peut-être trop flagrants pour certain. Bien entendu en la matière, chacun d’entre nous choisit de placer son seuil de tolérance comme il l’entend. En ce qui me concerne, l’originalité n’a jamais été un sujet lorsqu’un groupe a pour lui des compositions aussi immédiates capables de résister aux affres du temps et dont chaque nouvelle écoute suscite le même degré de plaisir et de satisfaction. Néanmoins, le fait est qu’après Black Sabbath et tous ces groupes pionniers qui ont suivi (Witchfinder General, Pentagram, Saint Vitus, Trouble, Candlemass...), Castle Rat n’a effectivement rien de bien nouveau à proposer aujourd’hui. On aurait également d’autres petites choses à évoquer parmi ces petits "irritants" comme par exemple une durée peut-être un brin trop courte, une écriture encore un peu verte ainsi que quelques lignes de chant un poil trop maniérées mais franchement on ne peut pas dire que le groupe new-yorkais soit ici à côté de la plaque.
Efficace d’un bout à l’autre, Into The Realm est donc un disque immédiat qui du haut de ses trente-deux minutes s’enfile effectivement d’une traite sans jamais sourciller. Cependant, on pourra saluer la variété dont fait preuve Castle Rat en l’espace d’un petit peu plus de trente minutes avec des morceaux plus ou moins directs comme "Dagger Dragger", "Feed The Dream" ou "Fresh Fur", d’autres plus atmosphériques et épiques comme "Red Sands" et "Nightblood", une très chouette Power Ballad avec l’excellent "Cry For Me" et son atmosphère langoureuse et feutrée ou bien encore ces trois interludes instrumentaux ("Resurrector", "The Mirror" et "Realm") qui sur le papier peuvent paraître de trop mais qui finalement se conjuguent parfaitement avec le reste grâce en filigrane à cet esprit résolument seventies.
Ainsi Castle Rat n’est peut-être pas le groupe le plus subtil qui soit lorsqu’il s’agit d’afficher ses influences mais comment diable lui en tenir rigueur quand celui-ci nous arrive la bouche en coeur avec un premier album aussi solide ? Entre tout ce décorum jamais encombrant (les costumes désuets, l’illustration vintage et sexy, le logo violet que l’on dirait vieux de plus de cinquante ans, les clips vidéo tout aussi cheesy et surannés...), cette production volontairement cradingue, ces compositions certes encore un peu naïves mais pourtant ô combien efficaces et mémorables et une Rat Queen (aka Riley Pinkerton McCurry) envoutante en maitresse de cérémonie, Castle Rat tient là la bonne formule. Certes, rien de bien nouveau sous le soleil Doom / Occult Rock à tendance Hard Rock / Stoner Rock mais il n’empêche malgré tout que l’on se régale encore et encore à l’écoute d’Into The Realm.
| AxGxB 26 Avril 2024 - 3346 lectures |
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