Anguish - Magna Est Vis Siugnah
Chronique
Anguish Magna Est Vis Siugnah
Depuis ses débuts en 2007 le combo d’Uppsala est une énigme tant on a du mal à percevoir son vrai niveau, car après un démarrage mouvementé (suite à de nombreux changements de personnel) celui-ci déboulait en 2012 avec l’excellent « Through The Archdemon’s Head » qui faisait d’eux le nouveau grand espoir du Doom suédois, voire même pour certains le successeur de l’immense CANDLEMASS. Cependant ce statut difficile à porter allait se ressentir avec le décevant « Moutain » sorti deux ans plus tard, où le quatuor n’arrivait pas à confirmer sur toute la durée de cet opus les bonnes choses entrevues auparavant. Autant dire qu’il devait se refaire une santé avec ce troisième long-format qui sera à double tranchant : soit celui du renouveau, ou alors la confirmation de la fin des belles promesses entrevues … et c’est hélas plutôt cette deuxième voie qui se dessine, car malgré l’apport d’un nouveau guitariste la bande n’a toujours pas retrouvé son inspiration des débuts.
Pourtant sans être parfait il y’a quand même de quoi se réjouir, cela intervient quand les gars se décident à diversifier un peu leur rythme de base et ainsi de surprendre l’auditeur par des parties plus dynamiques et lourdes, comme sur « Blessed Be The Beast » où le tempo très lent côtoie à plusieurs reprises des passages plus remuants voire-même légèrement en mid, le tout avec un solo un peu rétro et bien senti. Du coup l’ouverture de ce disque se fait sous les meilleurs auspices tant ce premier morceau du disque (qui est aussi le plus court de cette galette) montre de bonnes choses, à l’instar également de sa conclusion « Our Daughters Banner » à l’ambiance religieuse assumée, et totalement différent de la base musicale générale des scandinaves. Ici on navigue dans quelquechose de particulièrement sombre et mystique, qui débute par un son d’orgue superposé à celui des guitares, où le chant se fait d’obédience monacale et particulièrement inspiré, le tout avec une vitesse qui bien que restant peu élevée arrive néanmoins à monter en température, et ainsi proposer de la diversité bienvenue. Offrant de nombreux changements au niveau de sa construction cette ultime plage voit aussi l’apparition d’un break surprenant et particulièrement sombre, où seul subsiste des notes de basse et des samples et ambiances mortifères, avant que les riffs ne réapparaissent pour en terminer et montrer que le classicisme côtoie le surprenant et l’étonnant.
Malheureusement entre ses deux extrémités le reste est moins enthousiasmant, à commencer par le morceau-titre qui va très vite montrer ses limites à cause d’une répétition de ses idées répétées en boucle, ce qui entraine une linéarité qui se ressent bien trop rapidement, et qui surtout ne s’en va pas. Plombée en plus par un manque d’idées et un dépouillement de son ossature de base cette composition s’oublie dès qu’on en a terminé avec elle, et c’est d’ailleurs un ressenti que l’on va ravoir par la suite avec « Requiescat In Pace » qui montre un peu plus d’enthousiasme et d’inspiration, sans pour autant sauter au plafond. « Elysian Fields Of Fire » qui s’enchaîne avec la plage précédente reprend les mêmes idées qu’entendues auparavant, principalement par les guitares, mais la suite bouge un peu plus et redonne de l’intérêt et de l’attention auprès de l’auditeur, alternant entre ralentissements et légères poussées de fièvre, le tout sur une base simple et basique. Si en plein milieu du disque on a droit à un titre à tiroir intitulé « Of The Once Ravenous », il faut bien reconnaître que malgré une certaine originalité et une petite prise de risque le tout va retomber à cause d’une durée excessive (pratiquement douze minutes), car n’est pas SHAPE OF DESPAIR qui veut, et cela va s’entendre sur la longueur. Malgré une voix réussie qui harangue la foule et joue allègrement sur les tons clairs et la religion le reste va s’étirer sans jamais vouloir en finir, et cela va être préjudiciable aux idées intéressantes développées ici.
Sans être un ratage en règle l’ensemble est trop déséquilibré pour tenir la distance sur la durée, et ce malgré une production puissante et impeccable (à l’équilibre parfait) masterisée par Patrick W. Engel lui-même. En effet c’est beaucoup trop scolaire et répétitif la plupart du temps pour réussir à conserver une écoute précise tout du long des cinquante et une minutes, qui pouvaient être facilement réduites. Du coup si la première et dernière compo valent à elles seules le détour, le reste s’enlise bien trop vite et sont beaucoup trop basiques pour en retenir quelquechose de durable. Ceci est fort dommage car il donne l’impression désagréable que le quartet est un peu à court d’idées et qu’il essaie de revenir aux fondamentaux, tout en allongeant inutilement sa musique au maximum. Avec en prime une pochette franchement moche qui ne donne pas envie de s’aventurer plus loin, il est certain que ça n’est pas cela qui le fera remonter dans la hiérarchie de ce genre très rude et concurrentiel, où beaucoup de jeunes loups se cassent les dents, et où décidément il semble délicat de se faire une réputation durable.
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