Mortal Wound - The Anus Of The World
Chronique
Mortal Wound The Anus Of The World
Parmi les groupes américains sortis de terre lors de la décennie précédente, Mortal Wound n’est clairement pas le plus actif et encore moins le plus plébiscité. Il suffit d’aller faire un petit tour chez nos confrères (que ce soit sur Internet ou dans les pages des quelques magasines papier encore en activité) pour se rendre compte que nous sommes les seuls en France (avec peut-être quelques fanzines opérant dans l’ombre) à nous intéresser à cette formation originaire de Los Angeles. Si avec ce premier album paru six ans après ses débuts les choses pourraient enfin changer, nous restons quoi qu’il arrive fidèles au poste.
Intitulé subtilement The Anus Of The World, celui-ci laisse présager, outre quelques tièdes effluves particulièrement odorantes, nombre de moments bien cradingues et dégoulinants. Un titre évidemment plein de promesses que les Californiens vont s’appliquer à tenir tout au long de ces quarante-quatre minutes. D’ailleurs, au-delà de ce titre fort sympathique, on appréciera une fois de plus cette nouvelle illustration signée des mains de Karina Monzon (tatoueuse de profession ayant déjà collaboré par le passé avec Cerebral Rot, Disembowel, Gutless et Mortal Wound). Une oeuvre qui ne laissera probablement personne indifférent et qui continue chez moi de susciter une certaine ambivalence puisqu’en effet, c’est moche et dégueulasse et en même temps coloré et très attirant…
Paru en collaboration chez Dark Descent Records (CD), Extremely Rotten Productions (cassette) et Me Saco Un Ojo Records (vinyle), The Anus Of The World est également passé une fois de plus entre les mains du producteur Erol Ulug (All Out War, Depraver, Human Corpse Abuse, Our Place Of Worship Is Silence, Tzompantli...). Pour le coup, celui-ci s’est chargé de tout ce qui a trait à la production d’un album puisqu’on lui doit en effet l’enregistrement, le mixage et le mastering de ces onze nouvelles compositions. De ce côté là rien à signaler puisque celle-ci, sans jamais briller par ses partis pris, s’inscrit dans ces productions contemporaines qui ont le bon goût de ne point trop en faire et surtout de rester fidèle aux canons du genre. Un choix de production tout ce qu’il y a de plus évident puisqu’il n’était pas question pour les quatre Californiens de changer de registre...
En effet, avec The Anus Of The World Mortal Wound va se contenter de poursuivre son petit bonhomme de chemin sans véritablement toucher de près ou de loin à sa formule initiale. Ainsi l’influence d’un groupe comme Cannibal Corpse (époque Butchered At Birth, Tomb Of The Mutilated et The Bleeding) reste ici particulièrement dominante. De cette production justement très organique à ce growl monolithique en passant par ces riffs épais et nerveux ("Found Dead In A Bush" à 0:28, "Tunnel Rat" à 0:35, "Drug Filled Cadaver" à 2:51, "Born Again Hard" à 1:25), ces quelques leads et autres solis mélodiques, ces accélérations tantôt thrashisantes ("Found Dead In A Bush" à 0:30, "Drug Filled Cadaver" à 2:51, "Born Again Hard" à 1:25, "Engulfed In Liquid Hellfire" à 3:26...) tantôt plus soutenues ("Tunnel Rat" à 0:34, "Engulfed In Liquid Hellfire" à 1:08, "Spirit Of The Bayonet" à 2:26, "Royally Fucked Forever" à 1:01...), ces constructions en apparence simples mais finalement plus variées et techniques qu’il n’y parait et bien entendu ce groove absolument irrésistible ("Found Dead In A Bush" à 1:48 et 4:13, "Tunnel Rat" à 0:08, les premières secondes de "Drug Filled Cadaver", "Born Again Hard" à 2:55...), les évocations au groupe floridien sont ici extrêmement nombreuses. Une ressemblance qui donne à la musique du groupe un côté forcément un petit peu réchauffé que celui-ci va néanmoins largement compenser par une efficacité de tous les instants. En effet, si Mortal Wound ne fait rien d’autre que reprendre à son compte une formule vieille de plus de trente ans, il n’en reste pas moins qu’il le fait avec beaucoup de talent.
Si l’essentiel de ce qui constitue The Anus Of The World est évoqué dans le paragraphe précédent, ce serait un manquement terrible de ma part de ne pas vous parler de tous ces samples qui ponctuent celui-ci. En effet, et c’est finalement là la plus grosse différence avec la première démo de Mortal Wound, le groupe a choisi d’apporter à son Death Metal une dimension cinématographique par le biais d’une tripotée de séquences tirées de films dont je n’ai pas la moindre idée des titres. Ces moments, s’ils sont parfois utilisés en guise d’introductions ou de conclusions comme c’est le cas par exemple sur "Found Dead In A Bush", "Tunnel Rat", "Engulfed In Liquid Hellfire" ou "Royally Fucked Forever" servent également d’interludes comme avec "The Surf Is Gonna Be Bitchin’", "One Who Kills & One Who Loves", "The Worm Has Turned For You" et "Even The Jungle Wanted Him Dead". Sur le papier, ça peut sembler beaucoup mais au final, même si la dynamique de l’album est forcément un petit peu pondérée par ces samples qui en plus de calmer le jeu viennent également vous sortir de ces ambiances typiquement Death Metal, il y a un côté plutôt cool dans ces séquences issues de ce qui semble être d’alléchantes séries B et de ces personnages pommés et hauts en couleurs faisant notamment l’apologie de la marijuana...
Si Mortal Wound avait presque fini par se faire oublier depuis la sortie de cet excellent split en compagnie des Australiens de Gutless dont on attend également le premier album avec beaucoup d’impatience, le groupe de Los Angeles nous revient ici particulièrement en forme. Certes, son Death Metal n’est clairement pas de première fraicheur lui qui va piocher allègrement dans les premiers enregistrements de Cannibal Corpse datant d’il y a plus de trente ans mais il demeure d’une efficacité à toute épreuve qui devrait suffire à convaincre la majorité d’entre vous, chers lecteurs. Enfin, si ces samples évoqués un petit peu plus haut n’ont rien de novateurs, ils apportent pourtant à l’ensemble une saveur toute particulière (celle d’un monde en dehors des marges, enfumé par ces volutes qui font rire et tripper...) qui contribue à faire de The Anus Of The World une sortie particulièrement digne d’intérêt pour tous les babouins de Death Metal primitif.
| AxGxB 23 Mai 2024 - 561 lectures |
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