Ossilegium - The Gods Below
Chronique
Ossilegium The Gods Below
Après avoir eu une première vie commune sous le nom d’EMPYREUS, le duo Marcin Widel / Nicholas Morgan (qui ont aussi bossé ensemble conjointement dans KOMMANDANT) a décidé de continuer désormais sous l’appellation d’OSSILEGIUM, un choix lié notamment à une musique moins primitive qu’à l’origine et désormais plus axée vers un Death/Black Mélodique qui sent bon la Suède, vu qu’on y retrouve le style si reconnaissable de SACRAMENTUM, DISSECTION, UNANIMATED ou encore NECROPHOBIC. Après un Ep et un single le binôme sort enfin (après des années de productions limitées sous ces deux entités) un premier album imparable, où il s’est associé pour l’occasion au mercenaire polonais Krzysztof Klingbein qui livre derrière sa batterie une prestation habituelle de haut-vol, et qui va permettre à ce disque d’être une des belles découvertes de ce début d’année. Car durant presque quarante-quatre minutes les américains vont nous offrir une musique impeccable à la noirceur impénétrable, mais d’où émergent quelques rayons du soleil ici et là quand ils veulent bien relâcher leur étreinte écrasante afin d’embarquer l’auditoire vers des abîmes torturés hivernaux.
D’une redoutable homogénéité cet opus va dévoiler d’entrée tout son potentiel sans jamais décevoir, preuve est en l’ouverture intitulée « Nightborn » qui porte très bien son nom... tant on est emporté dans cette nuit intense qui va crescendo, sur fond de rythmiques variées où l’équilibre entre vitesse débridée et lenteur pénétrante est de rigueur. Jouant autant sur la virulence que les harmonies (aussi bien en rythmique qu’en solo) largement inspirées par le jeu de Jon Nödtveidt, ce premier morceau nous envoie instantanément vers les immenses forêts scandinaves durant la saison hivernale, entre froid extrême et périodes nocturnes à rallonge pour créer ainsi une ambiance bleutée digne des pochettes de Necrolord. La suite à venir sera d’ailleurs totalement dans la même lignée, qu’elle soit assez dense et homogène comme plus débridée et frontale... ce qui est le cas de l’excellent « Serpentine Shadows » où malgré les variations diverses le tempo reste majoritairement élevé. Tout cela en voyant aussi l’apport de plans en médium imparables pour secouer la tête et ajouter ainsi une dimension épique supplémentaire... montrant que les mecs sont vraiment à l’aise dans cet exercice, aussi bien que lorsqu'ils y vont plus frontalement. En effet c’est le cas du déchaîné « The Winds Of Astaroth », où les notes se font plus coupantes et la tempête plus intense avant un grand ralentissement où les icebergs pointent le bout de leur nez... et avec eux une certaine peur immortalisée par un lead mélodique impeccable, et le retour à un certain équilibre. Ressenti partagé ensuite avec « Beyond The Clandestine » tout en simplicité et redoutable, de par son intense grand-écart et qui clôt ainsi une première moitié d’enregistrement sans fausses notes et parfaitement exécutée, malgré des influences parfois un peu trop marquées.
Servant de parfaite transition avant la reprise des hostilités l’interlude acoustique « The Heart Of Darkness » permet de reprendre son souffle avant de repartir sur les mêmes bases que précédemment, et tout d’abord avec l’ultra dynamique « To Reach The Eternal Ends ». Mettant là-encore en avant l’ensemble du panel technique des musiciens cette composition va servir de parfaite lancée pour repartir au combat et affronter les éléments divers - qu’ils soient météorologiques comme humains, avant que les choses ne continuent de s’intensifier avec le solaire et nostalgique « Constellationrise » qui ajoute même quelques accents Heavy fort sympathique au milieu d’atmosphères plus présentes et de guitares plaintives... mais sans jamais tomber dans le sirupeux et le kitch. Car si ça mise ici majoritairement sur une certaine lourdeur et un bridage intense les accélérations ne sont pas oubliées, créant ainsi un ressenti d’entrain communicatif où la bataille semble sur le point d’être perdue et où l’on constate que de nombreux combattants sont en route vers le valhalla. Tout ça avant de conclure impeccablement sur « The Gods Below » où une ultime fois toute la panoplie des gars est mise sur le devant de la scène, avec toujours cette faculté de proposer quelque chose de simple et direct mais immédiatement identifiable avec juste ce qu’il faut de technique.
Du coup une fois l’outro apaisante terminée (« Planar Nexus ») qui marque la fin des aventures de l’entité on ne peut que s’incliner devant le boulot effectué qui convaincra sans peine les amateurs de ce genre qui inspire toujours autant, même auprès de la nouvelle génération. Si évidemment tout cela n’aura ni l’impact ni le côté culte des grands noms précités plus haut il serait dommage de ne pas se pencher sur cette œuvre, qui sur la durée montrera nombre de bonnes choses et dévoilera progressivement des sensations cachées de prime abord, mais qui apparaîtront au fur et à mesure qu’on prendra la peine de se pencher sur cette galette. Sans prétentions hormis celle de faire passer un bon moment tortueux et émotionnellement très riche, celle-ci a de quoi séduire même les plus réticents prouvant qu’elle a sans doute été largement inspirée par les rugueuses périodes hivernales de la ville de Chicago d’où est originaire la bande... qui a sans doute encore des belles choses à dévoiler dans le futur.
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