Dauðaró - Frummyndir
Chronique
Dauðaró Frummyndir
Des gus au nom imprononçable, tu en connais. Des gars farfelus aussi. Tu vas être servi. Dauðaró est Islandais. Tu ne le connais sans doute pas. Ce n’est pas grave, moi non plus. Ce qui est plus intéressant, c’est que ce combo de funeral doom, d’une part, soit passé sous mes radars (et de pas mal d’autres) et, d’autre part, que Frummyndir soit son déjà 13ème album… Plus étrange encore, c’est son premier album de 2024 après… 6 albums et 3 EP sortis en 2023. Des bazars qui oscillent tous entre 1 heure et près de 2h30 par tête de pipe.
Personnellement, cette production a de quoi inquiéter. Comment, dans un style si exigeant, peux-tu sortir plus de 12 heures de musique en un an ? A quoi rime de publier 6 LP dans une année ? et 3 EP supplémentaires, des fois que tu n’aurais pas tout dit ?
Frummyndir est donc le premier LP de 2024. Il ne fait que 58 minutes, mais pour deux titres. Oui, faut pas déconner quand même. Dauðaró est de ces groupes qui officient dans le funeral doom mais qui pourrait fort bien être catalogué dans l’ambient. Son but est d’honorer ses terres islandaises et sa nature exubérante du mieux qu’il peut. On peut dire qu’il réussit plutôt très bien l’exercice.
Skugginn, le premier titre de 33 minutes, est classique, respecte les codes du genre à la lettre et délivre une première approche très agréable. Le son est profond mais pas trop, suffisamment clair pour que l’on entende parfaitement la structure et les développements afférents. La voix, ultra gutturale, colle bien au style et à l’ambiance. Mais ce qui est remarquable, ce sont les variations apportées ; parfaitement conçues, très variées, bien pensées, on sent véritablement la structure avancer, se mouvoir dans différentes directions, ce qui évite l’ennui et relance souvent l’intérêt d’un morceau aussi long et dense. Les ponts (il y en a plusieurs) à l’orgue coupent bien la dynamique mais pas dans un sens négatif. Au contraire, ils relancent la structure vers une autre direction, plus lumineuse ou plus obscure selon les cas, sans jamais la dénaturer. Les ponts à la guitare saccadée (il y en a plusieurs également) tranchent encore plus nettement en offrant au morceau quelques envolées plus death, quelques arabesques mélodiques, mais tout en restant parfaitement en accord avec l’esprit, avec l’univers du combo. C’est classique mais très efficace et réellement prenant. L’entremêlement de passages ultra lourds, très typés funeral doom, et de passages plus mélodiques, presque en soli de guitares, apporte beaucoup de contraste. Quant à avec des atmosphères abyssales et réverbérées du meilleur effet, jusqu’à un final apaisé et planant.
Hellirinn, le second morceau, ne fait que 25 minutes. Il développe des ambiances différentes, beaucoup plus proche de l’ambiant que du funeral doom. La structure est plus lancinante, beaucoup plus menaçante, presque totalement instrumentale sur 15 minutes. Mais, de nouveau, la voix intervient au milieu du titre pour briser la dynamique et reprendre un tournant funeral doom mélodique et sombre à la fois. La variété est encore de mise, particulièrement sur la dernière partie où la voix se fait encore davantage profonde, noyée dans un écho sublime qui donne beaucoup d’emphase au titre.
Ce nouvel album de Dauðaró, dont on pouvait craindre que quantité ne rime pas avec qualité, démonte nos craintes. Frummyndir est un album varié, inspiré qui ravira les fans de beau funeral doom majestueux.
| Raziel 8 Septembre 2024 - 412 lectures |
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