Comment ne pas tomber sous le charme des Australiens d’Amyl And The Sniffers et de leur chanteuse déjantée, bruyante, sexy et tape à l’œil ? Un personnage particulièrement haut en couleur qui brille et éclabousse par son attitude électrique, sa gouaille et son naturel pétillant, son ardent désir de liberté et une féminité particulièrement affirmée. En deux albums et quelques sorties annexes, le groupe est rapidement devenu l’une des sensations Punk Rock les plus excitantes et intéressantes de ces dernières années. Alors lorsque celui-ci revient faire parler de lui, on en frétille évidemment d’impatience.
Intitulé
Cartoon Darkness, ce troisième album paru fin octobre chez Rough Trade a été introduit par la sortie quelques semaines auparavant d’un single plutôt sympathique à défaut d’être particulièrement mémorable. Deux titres ("U Should Not Be Doing That" et "Facts") illustrés par une photographie du groupe où l’on y aperçoit Amy Taylor, l’air espiègle, accroupie en train d’uriner sur le sol en arborant un large sourire sur le visage. Fidèle à son image de jeune fille délurée bien décidée à faire ce qu’elle veut, la demoiselle continue de se foutre des conventions en offrant au passage une raison supplémentaire à tous ses détracteurs de la détester encore davantage. D’ailleurs, si cela ne suffisait pas, c’est seins nus (mais floutés ou bien dissimulés par deux étoiles selon les différents versions proposées) qu’elle pose pour l’illustration de ce troisième album et cela sans se départir évidemment de cet air malicieux qui a toujours été le sien.
Passé cette fois-ci entre les mains de Nick Launay, célèbre producteur anglais né en 1960 et ayant collaboré avec des artistes majeurs tels que Gang Of Four, Killing Joke, Virgin Prunes, Midnight Oil, INXS, Talking Heads, Silverchair et quelques autres encore,
Cartoon Darkness n’est pas si différent de ses prédécesseurs en la matière. Le son y est toujours très naturel avec notamment la voix d’Amy Taylor de nouveau très en avant, une batterie rudimentaire qui cogne et résonne juste comme il faut, une guitare souvent hyper abrasive et enfin une basse Punk plus discrète mais aux rondeurs délicieusement saturées.
Cependant, en dépit de ces prédispositions encourageantes
Cartoon Darkness s’est rapidement (dès la première écoute en fait) imposé comme une véritable déception. Effectivement, malgré quelques morceaux capables de convaincre et autres petits moments d’éclat, il est tout de même difficile de s’emballer face à ce troisième album bien en-deçà de ses deux excellents prédécesseurs. Disque nettement plus nuancé,
Cartoon Darkness perd effectivement de cette intensité et de cette folie d’antan au profit de compositions rêveuses (la bien nommée "Big Dreams", "Bailing On Me") ou tout simplement plus posées ("Chewing Gum", "Tiny Bikini", "Going Somewhere", "Do It Do It"). Si certaines de ces compositions ne manquent pas de charme, ce n’est pas un virage Pop que j’attends d’un groupe estampillé "Punk Rock" dont la force et l’intérêt résidaient jusque-là dans ses brulots abrasifs et pour le moins énergiques.
Autre souci de taille, une écriture globalement assez pauvre qui a vite fait d’insuffler un côté particulièrement anecdotique à la musique des Australiens. Certes, celle-ci n’a jamais brillé par son originalité, sa complexité ou sa grande richesse mais le problème est que bon nombre de titres sont ici plombés par un riffing particulièrement limité et inoffensif. De "Jerkin’" à "Tiny Bikini" (rendu encore plus pénible par le chant forcé d’Amy Taylor qui en fait des caisses) en passant par le très agaçant "Doing In Me Head" ou bien encore "Bailing On Me", "U Should Not Be Doing That" (néanmoins sauvé par une seconde partie plus intéressante et un clip où figure l’acteur incarnant Trevor Philipps dans GTA V), "Going Somewhere", "Do It Do It" et j’en passe, nombreux sont en effet les moments à jouer la carte d’une très grande facilité. Encore une fois, je sais bien que l’on parle de Punk Rock (teinté de Hard Rock 70’s, de Hardcore, de Garage, de Pop et autres éléments bigarrés) mais clairement on ne peut pas dire qu’il y ait matière à s’emballer outre mesure face aux riffs proposés par Declan Mehrtens et de manière plus générale aux compositions offertes ici par Amyl And The Sniffers...
Naturellement, tout n’est pas à « jeter » puisque certains morceaux parviennent tout de même à convaincre. On retiendra ainsi "Chewing Gum" et son mid-tempo chaloupé, son riff principal qui roule des mécaniques et son solo final bien troussé, "Big Dreams" et son caractère particulièrement éthéré et enivrant, "It’s Mine" à l’ADN Hardcore particulièrement prononcé, "Motorbike Song" qui rappellera de bons souvenirs à ceux d’entre vous ayant apprécié les deux albums précédents de la formation, "Pigs" son chouette refrain et la mélodie qui l’accompagne ou bien encore "Me And The Girls" avec cette guimbarde déglinguée et son rythme sautillant mais c’est à peu près tout ce qui parviendra à nous marquer distinctement à l’écoute de ce
Cartoon Darkness finalement bien décevant...
Est-ce le rythme de tournée particulièrement soutenu de ces dernières années qui a finalement eu raison d’Amyl And The Sniffers et de sa capacité à nous émoustiller ou bien s’agit-il d’un désir conscient d’adoucir une formule ayant pourtant fait ses preuves haut la main afin de séduire aujourd’hui davantage de monde ? Je ne sais pas et cela n’a finalement pas vraiment d’importance puisque le résultat est quoi qu’il en soit le même. En effet, sans être un mauvais album
Cartoon Darkness n’est pas du tout au niveau de ses prédécesseurs tous les deux bien plus convaincants. Ce troisième album est en effet plombé par une certaine mollesse et une écriture en berne qui, même pour un groupe n’ayant jamais révolutionné quoi que ce soit, semble aujourd’hui caractérisé par une certaine facilité et un manque d’inspiration pour le moins décevant. Dommage, car étant donné le succès rencontré par les Australiens, je ne suis pas certain que ces derniers soient décidés à faire machine-arrière... Rendez-vous dans deux, trois ou quatre ans pour en reparler, d’ici là vous ne m’en voudrez pas de revenir plutôt sur
Amyl And The Sniffers et
Confort To Me tout de même bien plus cool.
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