Il y a toujours une crainte de se sentir déconnecté avec Amber Asylum. De tirer un trait sur l’énième retour de Kris Force, surtout quand celui-ci vient aussi tardivement. Dix ans séparent
Ruby Red de
Sin Eater (COVID oblige ?) et c’est presque un groupe d’autrefois que devient l’asile d’ambre, un nouvel album relevant de l’anachronisme.
Mais voilà,
Ruby Red existe, Amber Asylum est toujours le bateau de Kris Force et de son line-up à géométrie variable – qui a tout de même vu venir des membres ou anciennes de Vastum, The Gault, Weakling, Laudanum, Hammers of Misfortune ou encore Vhöl (sans parler des liens avec Jarboe et Neurosis, relevant de la parenté à ce stade) – et, une nouvelle fois, il s’agit de plonger et de se laisser immerger. Avec autant de succès que
Still Point,
Songs of Sex and Death ou
Bitter River ? Il faut bien dire que ce nouveau disque ne les égale pas : trop court, trop uniforme, trop peu mémorable dans ses mouvements (mention spéciale tout de même à « Demagogue » et « Secrets », véritables beautés en elles-mêmes)… Comme pour ces formations qui nous ont marqués durablement avec certaines de leurs créations, les voir poursuivre à moindre échelle peut entraîner des déceptions.
Ruby Red, pour dire les choses platement, ne marquera pas l’année, ni même celui qui attend l’excellence sans nuances.
Seulement, Amber Asylum est justement un groupe de nuances où les albums peuvent partager une similarité de formes au premier abord avant de révéler leur personnalité à eux, comme une brume qui s’infiltre dans les coins et embrouille notre vision une fois perçue.
Sin Eater était neurosien et médiéval ;
Ruby Red est aristocratique et sanguinaire, coulant d’un rouge qui annonce la mort de toutes choses. L’utilisation de cordes plus poussée qu’auparavant accentue cette sensation de menace, d’apocalypse qui vient inéluctablement. Toujours avec cette grâce diaphane qui est une constante dans la discographie du projet, Kris Force semble encore plus pessimiste que par le passé – oui, c’est possible – tout en se désolant de la désolation. L’ensemble est plus court, moins méandreux qu’un
Songs of Sex and Death et pourtant, on se trouve pris par cette humanité qui l’habite, sa dignité derrière les images de violence qu’il convoque sans jamais alourdir le propos (les influences industrielles du morceau-titre et « Azure » en simples échos lointains des guerres en cours).
Amber Asylum reste mère d’une musique fragile et pourtant puissamment évocatrice,
Ruby Red étant un joyau fait de sang poli et liquide en son sein. Ainsi, si je ne me trouve pas aussi congelé, ému ou transporté comme cela a pu être le cas avec elle, un frisson continue de me parcourir à son écoute, une tension où l’impression que cela est réel, trop réel, m’épouvante autant que la douce sensation d’être ballotté au grès des violons composant majoritairement l’ensemble. Certes, il s’agit de fragrances plus que de personnification, un parfum ferreux dans les narines. Certes, il s’agit de caresses plus que de prise au corps, les larmes soyeuses coulant sur notre peau. Mais cela suffit à apprécier ce qui est transmis ici, non pas comme un nouvel exemple de l’excellence du projet mais comme quelque chose de plus personnel et, par certains aspects, plus touchant : ces nuances qui nous font reconsidérer la totalité, enrichissant notre relation à elle.
Par Sosthène
Par Jean-Clint
Par gulo gulo
Par Jean-Clint
Par gulo gulo
Par Sosthène
Par Niktareum
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat