Si on connaît en France le Grind Prog de
GRIND-O-MATIC (notre Photo Mystère de mi-juin dernier, bravo au passage aux 4 participants qui l’ont trouvée), le pays des tsars nous propose quant à lui un collectif de Grind Jazz ! Les plus chanceux d’entre nous auront d’ailleurs eu l’occasion de voir les deux jouer ensemble il y a quelques années au Cirque Électrique à Paris. Et si vous suivez l’actualité de
Transcending Obscurity Records, vous avez peut-être déjà posé une oreille en janvier sur les nouvelles expérimentations de
BYONOISEGENERATOR puisque la maison indienne qui a mis la main sur les Russes (précédemment logés chez Reality Fade Records) avait inclus un extrait de « Subnormal Dives » sur sa compilation
« 2025 Label Sampler ».
En effet, après une démo et deux longue-durée (enfin, faut pas s’attendre à plus d’un bon quart d’heure, ça reste tout de même dans la famille du Grindcore), le combo de Perm créé en 2014 récidive cette année. L’équipe n’est plus tout à fait identique depuis la sortie de « Neuromechanica » (2018) car si j’en crois Metal Archives, ce ne sont pas moins de trois nouveaux membres qui ont rejoint l’aventure (Sh3la au saxophone, M1t à la basse et HaL° à la guitare). Cela donne pour notre quintette des compositions plus étirées (la durée des morceaux passe en moyenne de 1 min 40 s à 2 min 20 s) et élaborées, qui peuvent accueillir des moments Jazz et autres passages instrumentaux relaxants (véridique !) un peu plus longs, alors qu’ils étaient généralement davantage furtifs auparavant. Le propos musical est plus développé, le spectre des influences s’élargit également. Ainsi les courts missiles Jazz Grind furieusement expédiés évoluent vers de petits bijoux qui parviennent à incorporer dans leur registre (et à faire cohabiter) le calme d’un glockenspiel (« 5mgInspiredVibes ») et des ambiances limite
funky (« NoSuccessToday! », « deBroglieNeverExisted »), le tout soutenu par des plans de guitare plus variés et une basse plus distincte (ses quelques solos sont remarqués et appréciés, dans « UVB-76 » par exemple).
Parlons du saxophone qui représente une des spécificités majeures de la formation. Sur cette nouvelle sortie, il peut toujours se faire d’apparence bordélique qui part dans tous les sens (« Eb(D#) », « 5mgInspiredVibes ») ou bien nous assaillir en rafales (« UVB-76 »). Il se montre expérimental (« NULL.state = PERMANENT; return VOID; », « I'mNot20Anymore (21Ne) »…) avec l’inévitable comparaison à l’Américain John Zorn (et à son groupe de Jazz avant-gardiste
NAKED CITY), connu pour savoir faire hurler son instrument. Enfin, et c’est le plus troublant, l’alto nous sort de temps à autre carrément de tout ça pour un univers bien plus feutré et traditionnel, tel qu’on pourrait l’entendre en patientant à un
lounge ou pour faire monter gentiment la tension d’un vieux polar (« LoveChargedDiveBombs »), comme le Dark Jazz dans lequel s’aventure parfois
ÆTHĚRĬA CONSCĬENTĬA (cf. chronique de
« The Blossoming »).
Attention, le son des comparses, conçu sur une base Grind avec sa caisse claire typique (la peau doit être bien tendue au maximum) reste féroce (jusqu’à effleurer le Slam Death). Ils le définissent d’ailleurs comme étant de l’« Ultrafast jazzgrind ». Les changements de rythme sont plus que fréquents, on ne voit pas les cassures arriver, les accélérations sont fulgurantes, quelques
pig squeals (rares, certes) nous prennent par surprise et on retrouve les intonations Djent/Mathcore (ils ont été comparés à
PSYOPUS). Ça matraque, ça bombarde et c’est barré !
Les thématiques abordées demeurent dans la même veine que celles de leurs précédents efforts, dont les noms des titres (sans espaces entre les mots) s’avèrent énigmatiques. Il faut être érudit pour parvenir à les interpréter ou se renseigner méticuleusement afin de deviner des références à la physique, aux psychotropes ou encore à des sujets politico-militaires. Quant à la couverture, on reste dans leur obsession de créatures qui ouvrent grand la gueule pour nous happer, qu’elles soient du type monstre plante sur « Turbulent Biogenesis » ou animal avec les insectes de « Neuromechanica » et maintenant ces espèces de piranhas humanoïdes aux dents effilées et très affûtées. Le style de ce récent visuel de Dmitry Rogatnev est cependant différent et m’a évoqué la jaquette de « Mars Attacks ! » (certainement par le côté décalé, la bulle en verre du scaphandre des hommes-poissons et les couleurs vives).
La version qui nous a été envoyée contient les 9 chansons inédites (ainsi que « 5mgInspiredVibes » et ses 3 minutes en bonus, un
single de 2023) mais sachez que celle présentée sur leur
Bandcamp et les formats physiques incluent l’intégralité de « Neuromechanica » en supplément. Un total de 20 pistes pour 39 minutes de plongée sous-marine en apnée, au plus profond d’un océan rempli de bestioles bizarres à l’affût de nageurs égarés à déchiqueter. Prêts pour le grand saut ?
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