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Phantom Spell - Heather & Hearth
Chronique
Phantom Spell Heather & Hearth
Projet solo de Kyle McNeill, guitariste des sympathiques Anglais de Seven Sisters, Phantom Spell m’avait cueilli dès la sortie de son premier album, l’excellent Immortal’s Requiem paru en 2022 sur Wizard Tower Records, label indépendant tenu par les garçons de... Seven Sisters. Depuis, notre rouquin ne s’est pas tourné les pouces puisqu’on lui doit un EP intitulé Tales From The Black Spire, un split en compagnie de ses flamboyants compatriotes de Wytch Hazel ainsi qu’un nouvel album paru il y a une dizaine de jours sous les couleurs cette fois-ci du label italien Cruz Del Sur Music (Argus, Atlantean Kodex, Christian Mistress, Gatekeeper, Pagan Altar, Tarot, Tower, The Lord Weird Slough Feg...).
Intitulé Heather & Hearth, ce deuxième longue durée est illustré pour l’occasion par un artiste canadien du nom de Jean Frederick deMers. Ce dernier nous offre pour l’occasion une oeuvre médiévale un tantinet naïve et aux tons pastels doux et apaisants. Côté contenu, ce sont six nouveaux morceaux qui nous sont proposés parmi lesquels une relecture du titre Folk "Old Pendle" composé dans les années 40 par les frères Allan et Milton Lambert ainsi que deux morceaux fleuves ("The Autumn Citadel" et "Heather & Hearth") de plus de onze minutes chacun.
Trois ans après un excellent Immortal’s Requiem qui avait su raviver avec élégance la flamme d’un Heavy Metal / Hard Rock anglais saupoudré très largement d’influences Progressive Rock typiques des années 70, les attentes à l’égard de ce nouvel album étaient naturellement un petit peu élevées avec notamment l’espoir que Kyle McNeill serait capable de faire au moins aussi bien qu’en 2022. Des inquiétudes partiellement levées fin mai après la publication d’un premier single particulièrement convaincant ("A Distant Shore") qui aura su effectivement rassurer et même susciter pas mal d’excitation pour la suite. Des inquiétudes définitivement balayées quelques semaines plus tard après la découverte complète de Heather & Hearth, un deuxième album toujours aussi élégant et inspiré.
Librement inspiré par une scène anglaise particulièrement créative et prolifique, les évocations et autres réminiscences d’un glorieux passé sont effectivement nombreuses à l’écoute de la musique de Phantom Spell (difficile de ne pas discerner ici et là les influences de groupes tels que Deep Purple, Wishbone Ash, Yes, Uriah Heep, UFO, Atomic Rooster, Gentle Giant, Rainbow, Camel et tant d’autres). Pour autant, vouloir taxer Kyle McNeill d’usurpateur ou d’opportuniste n’aurait absolument aucun sens, tout simplement parce que tout ici transpire la sincérité et l’authenticité. De cette production cristalline qui laisse à chaque instrument l’opportunité de s’exprimer sans jamais prendre le pas sur qui que ce soit à ces compositions d’une richesse, d’une variété et d’une élégance folles en passant par ces mélodies intemporelles évoquant de lointaines et mystérieuses contrées emplies de magie ou bien encore ces nombreux arrangements contribuant à instaurer une profondeur et une subtilité supplémentaires à chacun de ces six morceaux, tout chez Phantom Spell coule effectivement de source.
Une aisance, une fluidité et un sens de l’écriture particulièrement affûtés qui vont permettre à Kyle McNeill de passer sans broncher de compositions à tiroirs affichées à plus de onze minutes à des titres beaucoup plus courts et « épurés » sans pour autant donner l’impression de tanguer ou de perdre l’équilibre. Bardé de synthétiseurs et d’orgues Hammond poussiéreux, le Heavy Metal / Hard Rock Progressif de Phantom Spell ne se destine cependant pas à toutes les oreilles, en tout cas pas à celles naturellement hermétiques à ce genre de sonorités peut-être un brin désuètes. À l’inverse, pour les fins esthètes à même de s’en délecter, Heather & Hearth est la promesse d’un voyage dans le temps en même temps qu’une relecture moderne d’un genre aujourd’hui vieux de plus de cinq décennies. Dans tous les cas, difficile de ne pas tomber sous le charme de ces compositions particulièrement léchées si vous êtes vous aussi sensibles aux quelques groupes évoqués plus haut. De "The Autumn Citadel" et ses claviers à foison, ses arrangements subtils (notamment cette chouette séquence acoustique), sa construction au long cours, ses mélodies imparables et ce solo à se damner à "Siren Song" et son entame acoustico-folklorique, ses harmonies épiques et ses synthétiseurs aux sonorités futuriste comme elles pouvaient l’être dans les années 70 en passant par "Evil Hand", titre plus enlevé et dynamique qui pourrait presque rappeler le Iron Maiden des débuts (l’orgue Hammond en plus), "A Distant Shore" qui sur ses premiers instants renoue avec une forme élégante de retenue avant un second tiers plus effronté et progressif puis un retour en fin de parcours à des choses plus tranquilles, "Heather & Hearth" qui concentre un petit peu de tout ce qui vient d’être écrit précédemment ou bien pour finir ce fameux « Old Pendle » dont les origines Folk particulièrement bien restituées évoquent tout autant ces bocages vallonés enveloppées dans la brume du matin que ces vielles pierres chargées d’histoire qui tous les deux façonnent la campagne anglaise, on ne peut pas dire qu’il y ait en effet quoi que ce soit à jeter à l’écoute de ce deuxième album.
D’une présence qui réchauffe le coeur et illumine le regard, Heather & Hearth est un album d’une grande générosité dont l’une des premières qualités est d’évoquer avec retenue, justesse et élégance une époque aujourd’hui révolue. Mieux encore, ce deuxième album ne sonne pas comme une simple redite mais plutôt comme une interprétation authentique capable de toucher du bout des doigts ce que ses ainés furent capables de convoquer en leur temps. Ainsi après un Immortal’s Requiem déjà particulièrement convainquant, Kyle McNeill vient confirmer si besoin était qu’il est un compositeur et un musicien hors pair capable de s’approprier tous les codes du genre pour les restituer d’une manière qui cinquante ans plus tard ne sonne absolument pas datée ni même usurpée. Bref, une fois de plus notre homme parvient à nous régaler avec un nouvel album qui ne devrait avoir aucun mal à trouver sa place au bilan de fin d’année.
| | AxGxB 1 Août 2025 - 1272 lectures |
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