Peut-être est-il temps de voir Altarage autrement que comme il est convenu de le considérer. Il faut dire qu’apparaissant à peu près à la même période que les Abyssal, Mitochondrion, Pestilength, Antediluvian, Adversarial et autres, on a eu vite fait de ranger l’entité alors mystérieuse dans la légion des adorateurs du chaos primordial – celui de Portal et son death metal paraissant issu du Warp de Warhammer 40 k, monstrueux et non-euclidien.
Un constat que je ne suis pas prêt à remettre en question. Altarage faisait penser à Portal à l’époque et c’est encore le cas aujourd’hui – une version bien plus physique et lisible, l’entité mentale créée par les Australiens prenant corps chez les Espagnols. Pourtant, les indices laissés – la voix, reconnaissable entre mille avec ses grognements barbares, l’illustrateur Nick Keller ainsi que le label Doomentia sortant ce premier album – ont aujourd’hui été confirmés, mettant une lumière nouvelle sur le projet et sa musique : le trio est bien mené par Javier Gàlvez, ancien leader de
Horn of the Rhino.
Nihl devient alors, pour le fan de la regrettée formation, tout autant une prolongation des coups de bourre death metal de
Summoning Delivrance qu’une nouvelle expérience. Le mot d’ordre est ici à la sauvagerie vécue en terrain hostile – autrefois mythologique (les souvenirs de
Grengus en tête) et désormais cosmique –, la mixture blackened death / doom et noise des Basques choisissant plutôt la violence que les atmosphères pour transmettre leur vision d’une guerre extra-terrestre. On se situe clairement du côté xenos dès « Drevicet », les riffs étant dépourvus de toute humanité. Le parti-pris d’assujettir de répétitions et non de complexité augmente cette impression d’être pris sous les semonces d’une galaxie en flammes, le trio usant de structures rapidement assimilables – une autre différence majeure d’avec les Australiens, nettement plus imprévisibles.
Raison pour laquelle Altarage a souvent été catalogué comme un sous-Portal, moins exigeant mais aussi moins réussi. La critique, si elle reste valide, passe sous silence ce que le projet de Javier Gàlvez a pour lui, à savoir cette capacité à faire se sentir plongé au milieu de la mêlée, pris dans une mécanique aussi implacable que tragique. Les moments marquants sont également présents – davantage sur
Nihl que ses successeurs, jouant d’autres atouts pour plaire –, des morceaux comme « Womborous » ou « Altars » montrant une science du riff à la Morbid Angel période
Gateways to Annihilation perverti par des expériences phylogénétiques.
Nihl a pour lui une hargne particulière, à la fois viscérale et lourde (les guitares ressemblant à celles de
Summoning Delivrance baignant dans les dissonances), Altarage ne creusant pas encore vers une recherche de l’étrangeté comme il le fera sur ses œuvres suivantes. Les Espagnols sont ici dédiés au sang versé et au combat plutôt qu’à l’exploration des mystères (plus Khorne que Tzeentch, si vous aimez le lore de Warhammer 40 k). Ainsi, si sa durée sommaire et son manque de radicalité dans ses expérimentations – il reste un premier album symptomatique d’une époque – peuvent faire voir le verre à moitié vide, ce qu’il peut avoir de jouissif, d’expéditif et de transitoire – le style n’étant pas encore fixé sur une recherche de l’inaudible comme cela commencera avec
Endinghent – a clairement joué en sa faveur pour moi sur le temps long. La suite, elle, se montrera plus complexe à définir et juger.
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