Chronique
Gawthrop Kuboa
Puisque la fin d’année s’annonce particulièrement généreuse en gourmandises doom et extrêmes – les sorties prochaines de Evoken, Hooded Menace, Primitive Man, Author and Punisher… et même Cathedral qui nous sert des restes ! –, autant préparer son estomac avec une mise en bouche qui en met déjà ras-la-gueule ! Gawthrop ne sera pas un inconnu pour qui a déjà écouté la compilation Deterioration sortie il y a deux ans sur le label Sentient Ruin – plutôt en grande forme dans ses signatures question lourdeur, cf. Maudissez ou encore récemment Hold Me Down. Il ne sera pas non plus totalement anonyme pour qui a déjà dodeliné de la tête à s’en briser la nuque au son de Noothgrush, Meth Drinker, Grief ou encore les débuts de Corrupted.
Ajoutez un peu de Coffins sur la pochette et la voix et vous aurez là la recette avec laquelle joue Gawthrop trente-six minutes durant. Un format serré mais qui sied bien à ce genre d’exercice qui ne révolutionne rien du tout et n’en a pas besoin. Non, ici, on est du côté du terne et du désespéré, baisse des bras et baisse de l’accordage, le son étant délicieusement gras avec ce qu’il faut de modernité pour alourdir davantage l’ensemble. C’est bien simple, on se croirait revenir aux heures du Grief de Dismal sur le morceau « Hogweed » tant tout paraît monocorde, monotone, gastéropode et kilotonne !
Un tel niveau de respect d’un sludge / doom trop oublié de nos jours – excepté par les anciens – ne vient pas de nulle part : Gawthrop a en effet une histoire bien plus ancienne que ce qu’il peut laisser croire, ses origines remontant au milieu des années 2010 avec le projet Gonguri de Sunggun, compositeur principal. Cela se ressent dans cette maîtrise qui sait jouer de petits à-côtés pour ne pas donner l’impression d’être un Subutex au sludge nihiliste des grandes heures. On est autant dans le respect des ancêtres que dans la volonté d’avilir sur Kuboa, jusqu’à son final reprenant un morceau du film Eraserhead de façon la plus dégueulasse permise. Une forme particulière de politesse de la part de ces Coréens – autre originalité, décelable sur les samples parcourant l’album – et qui permet de se laisser prendre à l’humeur sinistre martelée en long et large.
Cependant, il s’agit d’être honnête : Gawthrop ne plaira pas à tout le monde. Il ne le souhaite visiblement pas, inscrivant sa musique dans un genre bien défini (le sludge / doom extrême et nihiliste), quelque variations – comme les claviers spectraux de « Jumbo » – ne suffisant pas pour parler ici de personnalité propre, simplement d’appropriation. On pourra donc passer ici son chemin sans regret, prétextant que l’on a déjà ce disque, qu’il s’appelle Come to Grief, Erode the Person ou Paso inferior. Mais alors que d’autres ne cessent d’user de la glaise du death metal old school et reçoivent des couronnes de lauriers en retour quand la leçon a été bien apprise et rabâchée, telle boue se retrouve rarement et passe malheureusement trop souvent sous le radar. Normal qu’un passionné ressente l’envie de baigner en elle dès qu’elle propose un minimum de savoir-faire. Et Gawthrop en a à revendre, notamment dans ses hurlements délicieusement mollardés et ses guitares qui se traînent au point d’abattre toute résistance. Un indéniable plaisir de bec-fin donc, posant un peu plus Sentient Ruin en label pour amateurs de perversion musicale (tout de même) un brin exigeants.
| | Ikea 1 Octobre 2025 - 399 lectures |
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