Mon avis sur Indian a changé. Celui que je voyais autrefois comme un groupe limpide dans ses intentions – être un veau plus veau que le reste du troupeau – est devenu, par un retour sur sa discographie préparant la réception de
From All Purity, plus trouble. Contrairement à ce que j’ai pu dire dans ma chronique de
Guiltless, la troupe menée par Dylan O’Toole n’est pas (que) cet écrase-merde musculeux au possible. Ses coups de bottes répétés ne sont qu’un moyen pour emmener ailleurs, vers cette ambiance d’équilibriste caractéristique du doom : mesdames, messieurs, le bien-nommé Morne.
Car, que ce soit lors de la compilation
Slights and Abuse / The Sycophant et son feu intérieur brûlant de rêves d’automutilation grand format ou
Guiltless dont l’aspect dominateur – presque catchy par endroit, cf. « The Fate Before Fate » – cachait mal des yeux irrités, embués par la rage, Indian a toujours montré un petit quelque chose d’autre, causant une empathie, apportant une certaine explication à ses frappes de colosse. Et c’est celle-ci qui se dévoile sur
From All Purity, aisément l’œuvre la plus éteinte, doom – « française » suis-je tenté de dire tant l’entité se rapproche ici d’autres formations hexagonales portées par le vide (Cult Of Occult en tête) –, du quatuor.
Alors, certes, ce cinquième album donne au départ l’impression d’être avant tout l’essai le plus débilement lourd et agressif des Ricains. « Veau », il l’est, atrocement, abusivement, tombant dans cet excessif rendant les semonces presqu’abstraites, faisant que sans une attention soutenue il passe sans vraiment s’en rendre compte : commencer par l’extrémisme de « Rape » ne rend pas les choses évidentes, bien que ce morceau ait le mérite de poser dès le départ ce qui sera notre sort quarante minutes durant. Les ajouts noise paraissent aussi vouloir créer la musique la plus hermétique possible, au risque de donner dans la moyenne copie de Wold sur la piste bruitiste « Clarify ». Seulement, cette beauté des cendres, ce terne appétit si difficile à pointer du doigt, ne demande pas longtemps à se révéler, dans un « The Impetus Bleeds » touchant de sa main tremblante le post hardcore funéraire d’Abandon. Il est le morceau qui éclaire le reste, donne au final de « Rhetoric of No » (où Dylan O’Toole montre à qui en doutait qu’il est un des vocalistes les plus dérangés en activité) ses pleines proportions de meurtre maussade ainsi qu’à « Disambiguation », pas loin du post-black pénible s’il est pris seul, ce qu’il faut de caractère hostile à toute repentance, à tout compromis.
Oui, les créateurs de
The Unquiet Sky viennent de sortir l’album fin et mystérieux de leur discographie, sadique et masochiste dans le même temps, entre virilité exacerbée et détresse sous-entendue, attaque massive et envie d’écraser le sol de ses poings pour mieux s’y enfoncer, seul, tristement seul. Ce qui fait de
From All Purity non pas une des premières tueries de 2014 (l’implication constante que sa faible durée demande le rend parfois ennuyeux à s’envoyer), mais bien une raison suffisante à (ré)écouter Indian. Le sludge : du screamo pour homme ?
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