T'écoutes du sludge, c'est pas pour rien. T'as du te faire enculer à un moment ou un autre par un prof, patron, femme, douche un peu trop froide prise dans le local commun du centre aéré de Saint Ouen avec tes camarades qui se sont foutus de ta gueule en te surnommant « pine d'huître » (par exemple). Ou un petit gros. Mais oui, le petit gros qui te foutait les chocottes à l'école, celui qui te faisait flipper rien qu'à le voir à la récré, cash les yeux angoissés derrière ta coupe au bol en tenant ta boîte à déjeuner Beetleborg de tes mains moites. Une tête de plus que toi et tu l'apprenais à coup de roustes punitives. Ben il a fait un groupe, Indian.
Désolé de raviver des souvenirs douloureux mais autant te prévenir : avec
Guiltless, tu vas souffrir. Les Ricains nous avaient déjà prévenus avec trois albums dont deux réunis plus tard sur une compilation (
Slights and Abuse / The Sycophant, seuls essais que je connaissais d'eux avant
Guiltless), pas mal bien que ça manquait un peu de plomb/riffs pour marquer l'essai. Là, ils sont revenus avec des biscotos de chez Middian et Wolves In The Throne Room en la personne de Will Lindsay mais point d'ambiance forestière ou cosmique à l'horizon, ici ça tape dur et avec du sang plein les lèvres. Imagine un Iron Monkey (remarque valable surtout pour la voix en phase terminale typée black metal) qui voudrait rabattre le caquet aux lyonnais de Celeste en jouant le sludge le plus assommant, frontal et hostile qui soit. Et putain, ils y arrivent les cons ! Si tu pensais avoir tout vu en terme de purge entrainant l'aspro/dodo, à t'enfiler du Grief ou encore Admiral Angry au réveil pour la déconne, ces Ricains vont te DÉTRUIRE. Évidemment, ils ont un son d'enfoiré, Sanford Parker (Minsk, Bloodiest entre autres) ayant décidé de suivre le carnage en mettant les potards à fond pour obtenir un rendu putain d'écrasant ainsi qu'une profondeur dans les effets avec ajout de sons dronisant, histoire de te vriller définitivement les neurones. Bam. Bam. Bam.
Faire dans le descriptif pour ce genre de monolithe est inapproprié,
Guiltless appliquant sans cesse la méthode Marv (le sonore et le dégueulasse). Cependant, on notera quelques moments plus hum… « variés », « « mélodiques » » voire « « « atmosphériques » » » où le lardon qui s'acharnait sur toi laisse poindre une forme d'empathie derrière son œil de bœuf : la fin de « No Grace » où Indian balance un riff rampant et ultra-catchy suivi du début noir metal de « The Fate Before Fate » où les cris de Dylan O'Toole semblent pris dans la même tourmente que toi. Contrairement à des essais précédents un peu lassant en bout de course la faute à une recette aussi carnassière mais trop simpliste pour captiver pleinement, le combo en a choppé un peu plus dans la caboche pour calibrer ses coups de boule, atteignant parfois la classe d'un Eibon (la rythmique de « Guilty » rappelant la conclusion de celle du morceau « These Chains » sur
Entering Darkness). Seulement, ces quelques respirations ont toujours un prix et si les vicelards t'offrent un sursis avec l'interlude acoustique « Supplicants », c'est pour mieux arracher ce qui reste de ta personne sur « Banality » et ses neufs longues minutes à finir tête contre la table en suppliant.
Je crois l'avoir assez souligné : n'oublie pas tes habits de warrior avant de t'enfiler
Guiltless et mon unique réserve le concernant est que son jusqu'au-boutisme peut devenir aussi jouissif qu'usant selon les occasions. Le bonhomme ne plaira clairement pas à tout le monde et seuls ceux aimant sortir d'un disque comme d'une mêlée prendront du plaisir à voir se transformer leur ganache en portrait de Francis Bacon. Si t'es maso, cherche pas plus loin et va acheter ce disque de toute urgence. En plus, t'auras de quoi fermer le clapet à tes potes rigolant quand tu leur parles de Black Mayonnaise !
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