Il y a des groupes dont on sait qu’ils vont nous agresser, de manière déplaisamment violente, uniquement en apercevant leur silhouette inquiétante se profiler à l’horizon. Ici, une pochette de catacombes aussi sobre que sombre, démarche lourdement cloutée sur poussière d’os, un logo hérissé subtilement ponctué d’une croix décidément toujours fourrée dans les mauvais coups, enfin un parcours musical qui force le respect,
Hylgaryss étant crédité au sein de formations reconnues telles que
DARK SANCTUARY,
LE PROCHAIN HIVER,
KRISTALLNACHT,
BLACK FORTRESS et tant d’autres encore…
Bon, je me doute bien qu’il y a au moins un nom dans le lot qui fera tiquer les esprits chagrins mais je ne collerai pas sur cette chronique l’avertissement de rigueur en ce qui concerne
KHold, premier EP de
DODFRUSEN. En effet, avec cette sortie, l’homme entend rendre hommage au
death metal « vielle école » qui l’a forgé, même si la suite de sa carrière s’est clairement orientée vers le
black. Par conséquent, si ces trois compositions s’inscrivent effectivement dans la puanteur aigre du début des années 90, elles ne se départissent pas pour autant des relents de souffre plus communément attribués à la frange noire du
metal. Oui, fort de ces deux pôles d’influences, le disque s’insère dans l’artère bouillonnante du
black death : une version crue, exposée dans son plus simple appareil mais finalement pas aussi basique qu’il n’y paraît, même si des mots tels que « finesse » ou « subtilité » seront toujours bannis du champ lexical de ce nouveau projet.
Je l’ai dit, nous sommes face à un
one-man band où
Hylgaryss, outre l’écriture, s’occupe de la guitare, de la basse et des claviers. J’apprécie d’autant plus que la batterie ait été confiée à un musicien (
Armathyss, en provenance de
LE PROCHAIN HIVER et
CHEMIN DE HAINE) plutôt qu’à une machine, alors que le chant se voit être confié à un dénommé
R.A. Je n’ai trouvé aucune information concernant ce dernier mais, au regard de sa performance complètement habitée, maléfique dans ses tonalités rauques, j’ai du mal à croire que ce soit un illustre inconnu intervenant en dépannage, par hasard presque.
Quant aux morceaux en eux-mêmes, qu’en dire… Bien sûr, seulement trois pistes c’est peut-être insuffisant pour confirmer un potentiel de nuisance durable, la capacité à aller chercher sa place parmi l’élite hexagonale où la concurrence est de plus en plus acharnée, mais le résultat contient suffisamment de promesses pour avoir envie d’écouter rapidement une suite conséquente. En effet, l’on retrouvera au cours de « Slowly I’m Drowing », « Fog » puis « I Dwell in Ashes » tous les éléments pour lesquels nous aimons
ARCHGOAT par exemple : une production ultra rugueuse en provenance de l’
underground profond, des riffs minimalistes nerveux, taillés dans le muscle, une voix caverneuse (je pense parfois à
Roman Saenko de
HATE FOREST), cette ambiance foncièrement satanique, rien ne manque. Pas même l’inspiration puisque porteuse de quelques éléments surprenants dans ce contexte élémentaire : au moins un solo étrangement soigné par piste là où ce genre musical tend à privilégier les vomissures sur lits de barbelés, des claviers subtils mais renforçant le propos (le final de « Slowly I’m Drowing » par exemple), ou encore « Fog » qui s’ouvre sur un mélange d’arpèges clairs et de violoncelle… Rien de nouveau certes, juste de l’intelligence, l’auditeur constatant assez rapidement que les ambitions de
DODFRUSEN vont au-delà de la simple bestialité, que le jeu des climats a aussi son importance (pas étonnant avec deux compositions au-delà des six minutes) et que sous airs d’hommage, le groupe révèle une personnalité autre que celle de ses glorieux modèles, qu’ils soient Américains (
OBITUARY) ou Européens (
PESTILENCE,
DISMEMBER,
UNLEASHED). Cela dit, le
riffing principal de « I Dwell in Ashes » pourra évoquer sans problème le son suédois dans la grandeur de son apogée révolue.
Par conséquent, si ces derniers cités ont été le moteur de la genèse du projet, le style pratiqué par le Français s’avère fortement empreint de
black metal ravageur, lui aussi typé 90’s, ce mélange faisant de l’EP une pleine et totale réussite tant en termes d’atmosphères que de charisme. Évidemment, je souhaite ardemment que l’artiste ne s’arrête pas en si bon chemin, signant dès aujourd’hui pour un véritable album en 2026.
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