Avec sa pochette qui rappellera les heures glorieuses du
death metal des années 90 couplée aux polices de caractères estampillées 100%
hardcore (graph pour le nom du groupe, lettrage gothique pour le titre du EP), les Rennais de
HARD MIND semblent annoncer une seule couleur : celle du sang. Et, effectivement, « Protect What’s Mine » qui ouvre le disque ne démontrera rien d’autre : un
hxc sec et dur comme un os, fortement teinté de
beatdown dont la négativité rappellera évidemment la grandeur de
KICKBACK, avec cependant une dimension métallique plus marquée.
Clairement, le quintette pense sa musique comme un hématome. Refusant les plans techniques, les passages alambiqués, les accélérations, les moments « dansants » habituels, tout se présente à l’auditeur sous forme de coups massifs, même si les enchaînements peuvent parfois trop sonner comme des collages de riffs disparates, au cours de la dernière partie de « Through Your Flesh » par exemple où l’accumulation des accords classiques du
hardcore donne un petit côté « forcé » à la composition. Un moindre mal cependant compte tenu de la justesse de l’interprétation, de la ferveur du propos et de la noirceur de l’ensemble, cette sortie prouvant de la meilleure des façons possibles que ce genre n’est définitivement pas mort et que l’Hexagone a encore et toujours un rôle à jouer.
Il faut dire que les Français ont l’intelligence de ne pas s’enfermer dans un carcan de rythmiques inamovibles, se plaçant à la croisée de
Forever War et de
No Surrender avec en plus de vraies bonnes trouvailles, à l’image de l’introduction imposante du morceau éponyme « Negative Thoughts » : batterie seule, vocaux hostiles frôlant le
growl, guitares découpées à la machette. Une technique simple, voire simpliste, mais ultra efficace dès lors qu’il s’agit de déclencher une baston. C’est d’ailleurs dommage que les pistes soient si brèves (quatre sur six font moins de trois minutes) car il y aurait largement matière à développer les idées, à offrir plus de place aux nombreux
mosh parts, même si un rapide coup d’œil sur l’ensemble de la discographie suffit pour comprendre que cette brièveté fait partie de l’identité de
HARD MIND, un héritage du
punk peut-être… Héritage que l’on ne perçoit à aucun moment : aucune mélodie, tout est sombre, empreint de nihilisme, s’il y a un futur il pue la merde.
Negative Thoughts pourrait donc s’entendre comme le manifeste à la bile de mecs qui en ont trop gros sur la patate, l’évolution des pochettes semblant faire écho à l’évolution du discours du groupe, ce dernier passant des émeutes urbaines (
Justice by Myself – 2015 ;
Trust No One – 2016) à la représentation d’une justice sociale expéditive (
Corrupted Souls – 2019) avant de s’orienter depuis 2023 et
Endless Fall vers l’expression d’une horreur plus intériorisée, davantage psychologique, trouvant son aboutissement dans ce dessin de
Hugo Zerrad. C’est d’ailleurs possiblement cette intériorisation de la haine qui rend aujourd’hui la musique de la formation si opaque, vicieuse, une violence qui se retourne cotre son auteur pour exploser sporadiquement en hachures saignantes.
Il va sans dire qu’une telle parution ne s’appréciera pas pour son expressivité, son visage étant aussi impassible que celui de Charles Bronson dans un « Justicier » des années 80, et ce même si « Fallen Soul » tente d’esquisser une mélodie, un sourire, bien vite effacé par le radicalisme de « The Call of the Voïd ». Pourtant, dans son minimalisme artistique,
HARD MIND parvient à convaincre, imposant son nom au sein de la scène
hardcore brutale de France.
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