Violence Gratuite - EPonyme
Chronique
Violence Gratuite EPonyme (EP)
Violence Gratuite. Avec un nom pareil, pas de surprise, on n’est pas sur le haut du panier. Rajoute à cela le fait qu’ils soient lyonnais et que les membres du groupe crowdkillent eux-mêmes leur public, et le niveau de cassosserie est posé. Maintenant que c’est dit, qu’on est là, en famille, on peut commencer à discuter un peu plus sérieusement. Les quatre lyonnais n’en sont qu’à leur deuxième EP en deux ans, ce qui ne les place clairement pas dans le peloton de tête en termes de productivité. Deux ans après Symptômes, plutôt convaincant, qu’est-ce qu’ils nous proposent ? L’attente en valait-elle la peine ?
Le quatuor s’annonce comme un groupe beatdown, metal et hardcore. Au vu de la pochette (Saturne dévorant un de ses fils de Francisco de Goya), les ponts avec le metal paraissent évidents, cette tendance à utiliser des tableaux étant bien moins fréquente au sein de la scène hardcore. En l’occurrence, l’œuvre choisie colle parfaitement et ne ment pas sur le contenu. Le regard semi-hystérique, semi-affligé de Saturne est en parfait accord avec le contenu lyrical et les thèmes abordés : un mélange entre une attitude beatdown classique (très street, agressive et provocatrice) et un message beaucoup plus personnel, torturé et profond. Musicalement, on s’y retrouve aussi car contrairement à ce à quoi on pouvait s’attendre, les influences sont variées, très variées même. Alors bien sûr, difficile de perdre de vue Malevolence et Nasty à l’écoute de cette galette, que ce soit pour le côté beatdown, les riffs thrash ou encore certains phrasés très hip-hop. Pour autant, une très grosse composante slam est à noter et, plus surprenant encore, l’interlude et le titre No Love rappellent un sludge très Crowbar dans l’esprit. Enfin, cerise sur le gâteau, des relents black metal se font ressentir sur certaines parties, notamment dans Learn to Lose ou encore Vague à l’âme. Si l’on pourrait craindre que le tout donne un gloubiboulga indigeste et chaotique, que nenni ! Le groupe réussit avec brio à mélanger tout ça sans tomber dans la copie, l’ersatz.
Si le mélange des genres est heureux, le mélange des langues, quant à lui, est discutable. Certaines bonnes idées parsèment l’album (la répétition d’une phrase d’accroche en anglais dans un titre puis la même en français dans le suivant) mais le fait de changer de langue n’apporte rien de substantiel. Pire encore, la langue de Shakespeare est massacrée. Au même titre, je trouve que certaines parties rap sont un peu hasardeuses voire clichées. Est-il vraiment nécessaire de singer des gimmicks déjà poncés dans leur style originel ? Non pas que je doute de la sincérité du combo mais quand on voit l’évolution dont ils ont été capables musicalement comme dans les paroles entre leur deux premiers efforts, la question de ces attaches se pose sérieusement. Enfin, dans la première partie, je parlais de cerise sur le gâteau, ici, je choisis de ne pas aborder la question des klaxons de forain au milieu de certains titres. Moins drôle que de citer M. Garisson, plus cliché encore. C’est très certainement assumé et revendiqué mais ça fera lever le sourcil à plus d’un auditeur.
Violence Gratuite est un groupe qui porte franchement mal son nom car si la violence est au rendez-vous et qu’elle a pu être gratuite sur le premier EP, ici, la marge de progression les propulse dans quelque chose de beaucoup plus complexe que ce qui est annoncé. Habile stratégie que d’inviter le public à un défouloir bête et méchant pour finalement en appeler à ses tripes autant qu’à son cerveau. Qui aurait pu imaginer un gros balourd de 120kg avec des écarteurs de 51mm en plein moulinet se dire « putain mais c’est bien branlé ce truc en fait » ? Défi relevé !
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