Xibalba - Madre Mia Gracias Por Los Dias
Chronique
Xibalba Madre Mia Gracias Por Los Dias
Dans la religion maya, Xibalba est le nom du monde souterrain dirigé par les dieux de la mort et de la maladie. Le mot Xibalba signifie "lieu de la peur" ou "lieu des fantômes". Autant vous dire qu'on n'aborde pas ce disque l'air décontracté avec un large sourire aux lèvres. Non, Xibalba n'est vraiment pas là pour amuser la galerie et venir danser la Macarena. D'origine latine, le groupe a vu le jour à Pomona en Californie. Xibalba sort en 2010 un premier album intitulé Madre Mia Gracias Por Los Dias, tout d'abord par ses propres moyens avec une édition CD-R limitée à seulement 200 exemplaires et par la suite avec le soutien du label Allemand Beatdown Hardwear qui proposera donc une véritable version CD. Un an plus tard, Southern Lord flaire le bon coup, décide de signer le groupe et par la même occasion de rééditer cet album en y ajoutant toutefois les quatre titres du split avec Ruckus et World Of Pain.
Adepte d'un Beatdown Hardcore qui sent la mort à plein nez, Xibalba atteint ici le paroxysme de la lourdeur dans un genre parfois un peu trop concentré sur l'attitude bad boy wesh wesh bling bling que sur la qualité de sa musique. Heureusement pour nous, les Californiens ont compris que l'attitude c'est bien, mais que ça ne faisait pas tout. Largement influencé par la scène Sludge et Death Metal, Xibalba produit ici un Beatdown de haute volée d'une lourdeur extrême pour ne pas dire d'une extrême lourdeur. A l'inverse d'un Nasty qui pourtant joue également dans le même registre, Xibalba préfère emprunter des chemins plus tortueux et moins directs. Ce choix délibéré passe en premier lieu par un accordage plombé et plombant. Rien qu'à travers le son de ses instruments, Xibalba réussit à transmettre toute la misère du monde sur nos épaules. Accablé par autant de lourdeur, on a bien du mal à relever la tête pour respirer. Imaginez un peu un mélange entre Crowbar pour la musique lestée de plomb, Obituary pour l'ambiance Death 90's et une rencontre improbable entre Dwid Hellion d'Integrity et Tim Singer de Kiss It Goodbye pour le chant et vous aurez alors une bonne idée de ce à quoi peut ressembler la musique de Xibalba.
Du Sludge et du Death Metal, vous l'avez d'ors et déjà compris, les Californiens ont donc conservé ce son massif, cette lourdeur écrasante, ces riffs lents, sales et menaçants qui empestent la puanteur des bayous et bien sur une ambiance sombre et malsaine aux relents 90's (Raaa, ce riff froid sur "Obituary"). Du Hardcore ne persiste finalement plus grand chose, du moins ces influences sont-elles moins perceptibles. On retrouve cependant la marque de fabrique du Beatdown, à savoir ces nombreux breaks à vous briser la nuque et ce rythme lourd et bien marqué. Efficace, comme souvent dans le genre, ces breaks viennent renforcer le rythme déjà plombé en donnant à l'auditeur l'irrépressible envie de tout détruire autour de lui ("Bright Sun", le final de "Fallen", "We Deserve To Die", "Cold"...). Brutal et efficace, Xibalba l'est assurément. Cependant, je trouve que le groupe fait preuve de finesse et de subtilité dans sa musique. Loin d'être aussi frontal qu'il n'y paraît, il y a chez Xibalba une mise en tension constante, une montée en pression qui ne se traduit jamais par une espèce de délivrance quelconque. Non non, sa finesse et sa subtilité, Xibalba la met au service de sa musique dans le but vicieux de séduire et d'amadouer pour mieux nous exécuter froidement. En cela, certains passages me font étrangement penser à Kiss It Goodbye. Etrangement oui, car Kiss It Goodbye n'opère pas du tout dans le même registre et pourtant, j'y trouve certaines similitudes aussi bien vocales que musicales (les exemples les plus parlants étant "Bright Sun" à 1:57, "Madre Mia" à 2:28, les premières minutes de "We Deserve To Die", la fin de "Red"...). Une parenté que je suis peut-être le seul à percevoir mais qui me paraît pourtant tellement évidente.
Passé les huit titres de l'album, on retrouve donc en guise de bonus les quatre morceaux issus du split "Earthquake" que le groupe partage en compagnie de Ruckus et World Of Pain. Si la recette demeure sensiblement la même, on note cependant que Xibalba l'a quelque peu peaufiné afin de la rendre peut-être plus digeste. Si le son est toujours plutôt heavy, il perd quand même quelques kilos avec l'arrivée du soleil. Moins lourde, plus saturée, plus rapide aussi, la musique de Xibalba semble se faire un poil plus accessible sans pour autant sacrifier à cette atmosphère haineuse qui habite le reste de l'album. D'ailleurs, la production met peut-être encore un peu plus l'accent sur le côté Sludge et un brin cradingue que dégage la musique des Californiens. Enfin, petite déception mais le côté Kiss It Goodbye a complètement disparu, aussi bien sur le plan vocal que musical. Dommage car cela donnait une certaine personnalité à Xibalba qui n'était pas pour me déplaire.
Passé quelque peu inaperçu lors de sa sortie via Beatdown Hardwear, Madre Mia Gracias Por Los Dias bénéficie en quelque sorte d'une seconde "jeunesse" grâce à la renommée de Southern Lord. Si vous aimez les groupes de Hardcore teigneux, lourds et malsain, nul doute que Xibalba saura vous convenir. Rien de radicalement nouveau sous le soleil Beatdown mais malgré tout un résultat vraiment convaincant. On notera au passage que la pochette a été revue pour la sortie sur Southern Lord. Personnellement je la trouve assez réussie avec ces couleurs chatoyantes contrairement à beaucoup d'autres qui semblent préférer l'originale.
| AxGxB 25 Mars 2012 - 4425 lectures |
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