Peut-être n’ai-je pas l’avis majoritaire concernant la discographie de Xibalba, mais je trouvais avant
Años en Infierno que le groupe de Californie n’avait jamais réussi à répondre aux attentes laissées par
Madre Mia Gracias Por Los Dias. Ce premier album, étrange et novateur, avait alors quelque chose de particulier dans sa conception (proche de la compilation) et son atmosphère menaçante que le trop ambitieux
Hasta La Muerte et surtout le pataud
Tierra Y Libertad ne parvenaient pas à égaler. Quittant l’underground, décidant de taper plus fort et de faire voir en grand les visions qui habitaient ses yeux, la formation m’avait alors déçu, trouvant ses temples aztèques bien vides.
Jusqu’à ce qu’elle décide d’y mettre le feu sur
Años en Infierno. La bande originaire de Pomona, en abandonnant toute ambition au format cinémascope (trente-six minutes contre un
Hasta La Muerte approchant l’heure par exemple), adopte alors une politique de la terre brûlée lui permettant d’apporter de nouveau le petit frisson qu’avait marqué sa rencontre avec elle en 2011. Point de détours, point d’expérimentations outrancières, lors des six premiers titres de l’essai : juste l’humilité de vouloir bien faire les choses, dans un mix entre hardcore beatdown et death metal trouvant son parfait équilibre dans le chaos.
Enfin, nous ne sommes plus avec eux dans le jeu des genres, les formules « death metal pour coreux » ou « hardcore infernal », une bataille d’étiquettes qui donne envie de partir du magasin les mains vides, aucun costume leur allant vraiment. Non,
Años en Infierno montre un Xibalba qui choisit de ne plus choisir et de jouer visiblement la musique qu’il aime, un
Obituary mythologique, un
Bolt Thrower rappelant son amour pour le crust, usant des armes les plus simples (qu’il est tentant de mettre ce mot partout, tant cet album a la saveur de l’évidence !) pour mettre ses ennemis à terre. Que les Ricains les utilisent avec talent, troquant les armes lourdes de « Santa Muerte » ou « La Injusticia » pour les attaques aériennes, leads majestueuses et altières, durant « Corredor de la Muerte » et « Saka » avant de marquer le pas sauvage des troupes au sol lors de « En La Oscuridad » ! Un disque conquérant, enfiévré au point de devenir prophétique, d’une juste colère guidant chaque riff : c’est ce que parvient à transmettre cette grosse demi-heure mieux que les attaques tempérées des longue-durées précédents.
Nathan Rebolledo et sa voix acerbe, sorte de version urbaine et enragée de Karl Willets ; le jeu musclé de Jason Brunes comme des jambes marquant l’effort ; les drops de Brian Ortiz personnifiant la douleur de l’assaut... il y aurait de quoi épiloguer longtemps sur les prises de territoire réussies de bout en bout que fait le groupe en décidant de sortir, en apparence, « son album qui bute ». Mais il ne s’arrête pas sur
Años en Infierno à cet unique objectif, pourtant déjà hautement jouissif. Non, il rappelle qu’il a été, au départ, un projet plus profond que ne pouvait le laisser croire ses faux-airs bêtas et frimeurs, la mine sombre pour pas grand-chose à part le style que cela lui donne.
Xibalba n’est en effet pas Nails. L’auditeur rassasié d’images de puissance, de combats menés en maître de guerre gérant finement les coups de primates, ne voit alors pas arriver « El Abismo » et ses deux parties qui présentent la fin des batailles et leur tristesse prégnante. Un diptyque où l’on se situe au bout de cette « route furieuse » jusqu’à nous faire goûter l’après. On pense au chant clair essoufflé du
Cult of Luna période Somewhere Along The Highway mais arrêté au bord de ruines fumantes. Les sursauts s’y font plus anxieux, étonnamment étouffants, quittant les peintures physiques des membres s’activant pour laisser entrer le trauma. Un final où la mélancolie profonde qu’il y a derrière l’exercice de destruction transparaît pleinement. Rien de cela n’est gratuit, les menaces et démonstrations de force se terminant dans une fatigue corporelle et mentale (si je pensais utiliser ce terme pour qualifier un jour la musique des Ricains !) faisant que l’on réécoute ce disque avec un autre esprit que lors de sa découverte, celui que l’on donne à un groupe pas si con, clairement pas cool, bel et bien « cold ».
En somme, un moyen-métrage qui a tout d’un grand, et aisément l’album le plus death metal, dans ce qu’il convoque et fait ressentir, que vous pourrez trouver cette année. « En toute simplicité ».
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