La precédente offrande de Crowpath m'avait laissé septique, dépourvu de moyens.. .et les oreilles en sang. Jamais encore je n'avais entendu un album aussi chaotique, aussi colérique, abrasif et sauvage… de ce fait je n'avais pu qu'effleurer le contenu de
« Red on Chrome », avant de m'en retourner écouter mon Brutal Death de lopette.
C'est donc avec appréhension que j'ai attaqué l'écoute de « Son of Sulphur », son digne successeur. Premier riff, première attaque sonore : ça (re)commence bien. Les structures linéaires ? Connaît pas. Le chant clair ? Je préfère les hurlements de déments. Les mélodies ? A la poubelle, paye tes riffs dissonants. Les rythmes binaires ? Tu rigoles j'espère… Crowpath reste fidèle à lui-même, toujours aussi atypique, chaotique, mais pas bordélique pour autant. La cohérence démente qui se dégage de ce « bordel sonore » est toujours aussi saisissante, et les amateurs de technicité devraient être déjà les premiers intéressés par ce nouvel effort.
Mais quid des autres, ceux qui apprécient la musique avant tout ? La courte durée de l'album (une grosse trentaine de minutes) ne rend pas le voyage moins éprouvant pour autant, et il faut donc une certaine accroche pour se maintenir à la surface de ce flot de lave dans lequel nous entraîne Crowpath… Heureusement, cette fois ci, je suis parvenu à trouver un compromis avec l'album. Plutôt que de le laisser m'agresser en bruit de fond, je me suis appliqué au contraire à le savourer avec une oreille attentive, et c'est là que le charme a enfin opéré. Cette longue descente aux enfers se révèle savoureuse, à la condition d'être dans l'état d'esprit adapté évidement, grâce notamment à l'apparition, entre deux passages blastés ou composé de mesures en 34/77… de longs et douloureux ralentissements de tempos… Preuve en est les grandissimes « The Lycanthrope » et « End in Water », qui en termes « d'ambiances torturées » font passer un titre comme « The Beyond » de Cult of Luna pour une ballade primesautière… Ces titres « doom / sludge / … » étaient absents sur
« Red on Chrome », et rendent par la même « Son of Sulphur » à mon sens plus écoutable que son prédécesseur, qui ne lâchait rien à aucun moment.
Ecouter un album de Crowpath, c'est comme s'immerger très lentement dans un bain bouillant : le début est difficile, on hésite à ressortir au plus vite…et puis on se lance, la température du corps s'adapte lentement, et au final on ne fait plus qu'un avec l'eau, Coin-Coin le canard en plastique jaune et le FHM qui traîne à cote de la baignoire. Et si
« Red on Chrome » était si abrasif qu'il transformait l'eau en vapeur, « Son of Sulphur » est paradoxalement à son titre davantage à température ambiance pour le néophyte du genre, qui pourra plus facilement se réchauffer les oreilles sans s'ébouillanter pour autant. Pour la peine j'y met même une note cette fois-ci, ultime preuve de mon acclimatation avec ce groupe si particulier…
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